DAMIANI Joseph [DAMIANI Don, Joseph]

Par Jacques Girault, Jean-Baptiste Marcellesi

Né le 22 juin 1910 à Ault (Somme), mort le 12 novembre 1999 à Ajaccio (Corse) ; instituteur en Corse, puis fonctionnaire à Paris ; militant communiste.

Fils d’un douanier originaire de Piedicorti-di-Gaggio, Joseph Damiani entra à l’École normale d’instituteurs d’Ajaccio en 1929. Membre du Parti communiste depuis le début des années 1930, responsable du rayon communiste d’Ajaccio, il était, sur le plan syndical, membre de la Fédération CGTU de l’enseignement et fut une des animateurs du groupe de jeunes dans le département. Il resta par la suite proche des analyses des militants des Amis de l’École émancipée. Nommé dans des villages, il pratiquait les méthodes de l’École moderne (Freinet).

Hostile au tournant du Parti communiste vis-à-vis de la nation et du drapeau tricolore, en 1935, il protesta vivement quand le siège de la section d’Ajaccio, 35 Cours Napoléon fut tapissé de drapeaux tricolores. Il fut exclu pour « trotskisme » alors qu’il n’avait jamais adhéré à un mouvement se réclamant du trotskisme et se sentait plutôt « anarcho-syndicaliste ». À la fin de la guerre d’Espagne, il créa un réseau qui cachait les Républicains espagnols et leur trouvait des refuges en Corse.

Après avoir fréquenté les milieux « corsistes » partisans de l’indépendance, Damiani s’en éloigna au début de la guerre et fut arrêté en juin 1940 comme communiste avec d’autres militants, le plus souvent communistes, mais aussi proche des anarcho-syndicalistes et irrédentistes à la suite de la déclaration de guerre de Mussolini. Ils furent détenus dans les pires conditions, pendant plus de deux ans, à la prison maritime de Calvi. Pendant cette période, les irrédentistes lui témoignèrent de la sympathie ; aussi se trouva t-il lié à eux sans partager leurs idées. Quand tous les prisonniers furent libérés à la fin de 1942 et au début de 1943, il resta révoqué et sans ressources. Pour survivre, il fit du commerce clandestin entre le continent et la Corse. Il se trouvait sur le Général Bonaparte qui fut torpillé par un sous-marin allié. Il se sauva à la nage avec Marie-Rose Alfonsi qui l’accompagnait.

À la libération de la Corse, en septembre 1943, Damiani hébergea un dirigeant irrédentiste Petru Rocca, selon le code corse d’hospitalité, qui fut arrêté chez lui. Accusé de complicité, jugé au procès de Bastia en octobre 1945 pour « irrédentisme », condamné par contumace, il bénéficia d’une amnistie.

Damiani, détaché au ministère de l’Éducation nationale, travaillait dans le bureau de gestion des personnels de second degré. Il suivait les cours de licence à la Sorbonne et obtint notamment le certificat de grammaire et philologie française dirigé par Robert-Léon Wagner. Il anima aussi l’Académie de guitare, association qu’il avait créée.

Il se maria en novembre 1951 à Paris (XIVe arr.) avec Marie-Rose Alfonsi, habita Meudon, puis dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il aida constamment les communistes, tout en souhaitant qu’ils adoptent une attitude plus « nettement révolutionnaire ». En contact avec d’autres résistants corses, notamment François Vittori, il était actif dans l’organisation « Corse Résistante ».

Retraité en Corse, Damiani, après de multiples demandes de réintégration, fut réadmis dans le PCF en 1973. Il militait intensément et collaborait au mensuel communiste Terre corse. Il créa une école gratuite de guitare. Il se spécialisa dans l’étude et la diffusion de la langue corse. Son livre Études linguistiques du corse, paru en 1993, reçut le prix du livre corse. Un deuxième tome fut édité en 1998.

Damiani eut des obsèques civiles en présence des dirigeants communistes corses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21342, notice DAMIANI Joseph [DAMIANI Don, Joseph] par Jacques Girault, Jean-Baptiste Marcellesi, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 septembre 2022.

Par Jacques Girault, Jean-Baptiste Marcellesi

SOURCES : Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé et par Ange Stromboni.

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