DAMOISEAUX René

Par Jacques Girault

Né le 25 avril 1912 à Longuyon (Meurthe-et-Moselle), mort en octobre 1967 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; instituteur ; syndicaliste du SNI en Meurthe-et-Moselle.

Son père, scieur de long, mourut en novembre 1914 pendant la bataille de la Marne. Sa mère éleva ses enfants dans la religion catholique. René Damoiseaux, pupille de la Nation, obtint le brevet élémentaire à l’école primaire supérieure de Pont-à-Mousson et entra dans l’enseignement, en 1929, comme instituteur intérimaire dans le Haut-Pays où habitaient de nombreux ouvriers d’origine étrangère. Il épousa religieusement en 1933 une institutrice. Leur premier garçon né en 1934 fut baptisé alors que le deuxième ne reçut aucun sacrement, tout comme les trois autres. Il effectua son service militaire en 1934 dans l’artillerie à Metz. Il devint instituteur à Lalœuf où il assurait le secrétariat de mairie.

En effet, René Damoiseaux, très pratiquant, au contact des milieux ouvriers de Lorraine industrielle, s’irritait des attaques de l’Église contre l’école laïque et contre le mouvement ouvrier. Il évoluait sensiblement vers l’anticléricalisme et l’athéisme. Membre du Syndicat national, adepte des méthodes de l’École moderne (C. Freinet), abonné à L’École émancipée, engagé dans les luttes laïques, adhéra au Parti socialiste SFIO en 1937. Partisan des analyses de la Gauche révolutionnaire, il rejoignit le Parti socialiste ouvrier et paysan en avril 1938. Il fit grève le 30 novembre 1938.
Damoiseaux adhéra aussi à la Libre-pensée et, abonné à La Calotte, y milita intensément, formant en 1937 une section dans sa commune. Il parvint à faire annuler une procession religieuse en juin 1939 à Neuves Maisons.

Mobilisé en septembre 1939, démobilisé en août 1940, Damoiseaux ne réintégra pas son poste. Il fut nommé dans un poste déshérité à plusieurs kilomètres de son domicile. Resté secrétaire de mairie à Lalœuf, il cacha des armes, procura de faux papiers à des prisonniers évadés puis continua à aider des résistants et des réfractaires au service du travail obligatoire. Revendiquant son appartenance à la Libre-pensée auprès des autorités françaises et allemandes pendant l’Occupation, il fut révoqué, le 17 février 1941, « au titre de sanction disciplinaire ». En effet, quand les crucifix furent réintroduits dans les écoles et dans la mairie, il les enleva en fin de matinée un dimanche. Réintégré en 1942, il fut déplacé en 1943.

À la Libération, René Damoiseaux fut renommé instituteur à Lalœuf puis muté dans la commune ouvrière, avec son épouse, de Chaligny-Cités où il enseigna jusque vers 1963. En congé de longue maladie, il obtint sa retraite en 1965. Dans la cité, avec son épouse, il animait les éclaireurs de France, puis le patronage laïque assurant des séances de cinéma. D’autre part, il dirigeait des colonies de vacances pour le compte de l’UFOVAL.

Militant laïque, René Damoiseaux militait aussi dans le Syndicat national des instituteurs, proche des Amis de l’École émancipée. Engagé dans l’esprit et les méthodes de l’École moderne, il était apprécié par son inspecteur primaire qui, en 1951, notait, après avoir vanté ses résultats pédagogiques, « On a l’impression que M. Damoiseaux s’est fait pédagogue par bonté et par conviction sociale. » Il était devenu membre du conseil et du bureau syndical de la section départementale du SNI. Trésorier adjoint, il était le responsable de L’École libératrice.

Politiquement, René Damoiseaux se tint en dehors de tout engagement, militant pour une union des forces de gauche, ouvert à de nombreux courants, abonné par exemple à une publication soutenant la politique yougoslave de Tito. Toujours membre de la Libre-pensée, secrétaire de la section de Neuves Maisons, il participa à la commission administrative de la section départementale.

René Damoiseaux mourut alors qu’il séjournait chez son fils, enseignant à Marseille. Ses obsèques civiles se déroulèrent à Neuves Maisons, le 24 octobre 1967 en présence notamment du secrétaire de la section départementale du SNI.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21351, notice DAMOISEAUX René par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Presse syndicale. — Renseignements fournis par le fils de l’intéressé.

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