VIGNAUD Marie-Louise

Par Michel Thébault, Isabel Val Viga

Née le 2 juin 1923 à Veyrac (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; servante ; victime civile.

plaque Marie-Louise Vignaud, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque Marie-Louise Vignaud, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga

Marie-Louise Vignaud était la fille de François (né le 5 septembre 1893, à Saint-Brice-sur-Vienne), journalier, et de son épouse Marie née Duquay (née le 2 mai 1902, à Brigueuil, Charente), domiciliés au lieu-dit La Barre, commune de Veyrac. Ses parents s’étaient mariés le 22 janvier 1922 à Saint-Brice-sur-Vienne.
Son père, ancien combattant de 1914 – 1918, fut démobilisé en septembre 1919.
Elle était l’aînée d’une fratrie de cinq enfants, Amélie (née le 9 mars 1925), André (né le 16 mars 1928), René (né le 4 juillet 1930), Raymonde (née le 14 janvier 1941, à Oradour-sur-Glane), nés à Veyrac.
En novembre 1938, la famille déménagea et vint s’installer au Mas-du-Puy à Oradour-sur-Glane, où elle était servante chez la famille Juge* aux Brégères à Oradour-sur-Glane.
Sa famille échappa au massacre, habitant le Mas-du-Puy à Oradour-sur-Glane, hameau non raflé le 10 juin 1944.
« (…) Dans le pré adjacent à la ferme des Bélivier*, d’autres soldats poussent Marie-Louise Vignaud*, la servante qui lavait le linge dans la pêcherie, vers le groupe qu’ils dirigent vers le Bourg. »
« Ce samedi-là, rien ne laissait prévoir la tragédie qui allait se dérouler pendant l’après-midi. Mon père était allé faire ses courses au Bourg, car nous habitions le Mas-du-Puy, à deux kilomètres d’Oradour. Après avoir touché sa ration de tabac, car c’était le jour de la distribution, il s’était arrêté pour parler à ma sœur Marie-Louise, employée aux Brégères. Jusque vers quatorze heures, chacun vaqua à ses occupations habituelles. Soudain, nous entendîmes des coups de feu et des rafales de mitraillettes. Étonnés, nous pensions que c’était un affrontement entre maquis et Allemands, bien qu’à ma connaissance il n’y ait jamais eu de maquis à Oradour. Quelques temps après, il y eut comme une explosion, et le vent porta vers nous, avec une odeur de brûlé, des lambeaux de papier roussis que nous pensâmes venir de l’église, puisqu’il y avait des mots en latin. Nous vîmes alors de la fumée dans la direction du Bourg. Intrigués, mais pas alarmés, nous avons continué notre travail. Vers dix-sept heures trente, les mamans, ne voyant pas venir les enfants de l’école, inquiètes, sont allées voir ce qui se passait. A dix-neuf heures, personne n’étant revenu, ceux qui étaient restés au village commencèrent à penser qu’il y avait quelque chose d’anormal. Avec la nuit, nous aperçûmes des flemmes, dans la direction du Bourg, et l’angoisse nous saisit. A minuit, nous partîmes avec quelques hommes. Quand nous fumes tout près, nous vîmes que tout brûlait. Nous entendions craquer les poutres qui s’effondraient dans un jaillissement des flammes et d’étincelles. Des chiens hurlaient. C’était sinistre. Nous pensions que femmes et enfants étaient retenus quelque part, mais jamais l’idée d’un massacre ne nous est venue. Ne pouvant aller plus loin, nous repartîmes chez nous. Ce n’est que le lendemain matin, quand deux rescapés sont passés au village, que nous avons appris la tuerie. A midi, avec mon frère et un voisin, nous sommes entrés dans le Bourg. Le première victime que nous avons vue était un employé du tramway, dont le corps gisait sous le pont. Ne voyant pas d’Allemands, nous sommes entrés dans l’église. Il y faisait une chaleur terrible. Malgré l’épaisse fumée, nous aperçûmes un tas de corps calcinés, vers l’autel. M’étant pris les pieds dans un landau d’enfant, je tombai à genoux, mais me relevai rapidement : les pierres étaient encore brûlantes. Des bruits de voitures nous firent sauver et, épouvantés, à travers prés, nous avons regagné notre village, craignant le retour des Allemands. Terrorisés, pendants plus d’une semaine nous nous cachâmes dans les bois, après avoir libéré tout le bétail. A tour de rôle, les hommes faisaient le guet. Quand nous fumes surs que les ennemis ne reviendraient pas, nous allâmes au Bourg, pour essayer de retrouver les personnes disparues. Malgré l’activité de la Croix Rouge et des secouristes, une odeur épouvantable se dégageait des corps en décomposition. Nous n’avons jamais retrouvé celui de ma sœur, brûlé dans l’église. Au Mas-du-Puy qui comptait dix foyers, il y eut treize victimes. (...) »
Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
Marie-Louise Vignaud obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Ses parents, ses frères et sœurs, seront des habitants du village provisoire.
Son père décède le 24 février 1949 et sa mère le 26 décembre 1946, à Oradour-sur-Glane.
Son frère André décède le 12 août 2002 à Saint-Victurnien.
Son frère René épousera en 1972 à Oradour-sur-Glane, Simone Laporte. Il décède le 20 août 2004 à Limoges, inhumé à Oradour-sur-Glane.
Sa sœur Raymonde épousera le 20 janvier 1968 à Limoges, Jean Claude Nivelle.
Voir Oradour-sur-Glane

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article213806, notice VIGNAUD Marie-Louise par Michel Thébault, Isabel Val Viga, version mise en ligne le 23 mars 2019, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault, Isabel Val Viga

plaque Marie-Louise Vignaud, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque Marie-Louise Vignaud, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Lieu de supplice Eglise, Oradour-sur-Glane
Lieu de supplice Eglise, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Lieu de supplice Eglise, Oradour-sur-Glane
Lieu de supplice Eglise, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements, registre de matricule militaire. — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules (p83). — Albert Valade, Oradour, 10 juin 1944, la page de catéchisme, témoignage de René Vignaud (juillet 1988), éditions de la Veytizou sarl (p152-154).

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