GOUPY Victor [GOUPIL Victor Marin]

Par Gauthier Langlois

Né le 19 décembre 1823 à Mayenne (Mayenne), mort le 24 décembre 1893 à Paris (VIe arr.) ; imprimeur et juge aux Prud’hommes engagé dans l’action syndicale et sociale ; officier de la garde nationale pendant le siège de Paris en 1870 ; frère du communard Edmond Goupil et du militant républicain Léon François Goupy dont il a publié un réquisitoire contre Napoléon III.

Logo de l’imprimerie Victor Goupy et Jourdan

Sur son acte de naissance son nom est orthographié Goupil mais il va adopter comme son frère Léon la forme Goupy alors que d’autres membres de la famille ont généralement préféré la forme Goupil. C’était le fils de Victor Goupil, marchand puis hôtelier de Mayenne, conseiller municipal et capitaine de la Garde nationale de sa ville en 1848. À son décès Victor père fut enterré civilement, ce qui fit scandale. La mère, Victoire Adélaïde Loison, était la fille d’un aubergiste. Le couple eut neuf enfants qui reçurent tous une bonne éducation et furent d’ardents républicains. L’aîné des garçons, Auguste, reprit le métier de ses parents. Victor Goupy fut imprimeur à Paris. Le troisième garçon, Léon François Goupy, fut horloger puis commissionnaire en vin. Il était aussi engagé politiquement que son cadet le docteur Edmond Goupil : proscrit à Jersey pendant le Second empire, il y reçut la visite de ses frères.

Victor commença sa carrière comme typographe à Paris, semble-t-il à l’imprimerie nationale. En 1859 il se mit à son compte comme imprimeur, en association avec des investisseurs, puis à partir de 1865 seul. Son imprimerie était d’abord située 5 rue de la Garancière, derrière l’église Saint Sulpice, avant d’être transférée en 1876 au 71 rue de Rennes (VIe arr.). Il avait épousé, le 18 juin 1853, Marie Clémentine Choblet (1823-1886), fille d’un ébéniste. En 1878 leur fille Louise Goupy épousa Félix Jourdan, commis-négociant et fils du directeur du conservatoire de musique de Bruxelles. Victor associa son gendre à ses affaires. Il forma avec Félix Jourdan une société en nom collectif pour son exploitation. L’entreprise assurait toutes sortes de travaux d’impression dans presque toutes les langues de l’Europe et du Moyen-Orient. Après la mort de sa première épouse Victor Goupy épousa en secondes noces en 1887 Marie Morin, une jeune relieuse de très loin sa cadette, qui reprit l’imprimerie à la mort de son mari.

Pendant la guerre franco-prussienne (1870-1871) Victor s’investit dans la défense de la patrie. Pendant le siège de Paris il fut élu commandant du 83e bataillon de la garde nationale. En 1871 il imprima Le coup d’état dans la Mayenne, récit autobiographique de l’arrestation de son frère Léon François Goupy, en décembre 1851.

A côté de son travail Victor était impliqué dans l’action syndicale et sociale. Agissant comme porte parole de sa profession il défendait les intérêts des imprimeurs auprès des autorités. Depuis 1865 il était membre du conseil des prud’hommes de la Seine et en prit la présidence en 1873. Il collabora activement à la révision des lois sur la prud’homie. Il était par ailleurs membre des conseils de surveillance de l’Assistance publique et du Mont-de-Piété. Ces fonctions lui valurent l’attribution de la Légion d’honneur par décret du ministre du commerce du 12 juillet 1880.

Notable respecté, sa mort fut annoncée dans la presse. Victor, qui ne partageait pas l’athéisme de son père et de ses frères, fut enterré au cimetière du Montparnasse après une cérémonie religieuse en l’église Saint-Sulpice.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article213815, notice GOUPY Victor [GOUPIL Victor Marin] par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 9 mai 2019, dernière modification le 9 janvier 2021.

Par Gauthier Langlois

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ŒUVRE : sa production écrite est composée de brochures destinées à défendre les intérêts de sa profession et de ses fonctions prudhommales auprès des ministres et parlementaires : — Enquête sur les conseils de prud’hommes et les livrets d’ouvriers, réponse au questionnaire. Questions relatives à l’organisation des conseils de prud’hommes, Paris : impr. de V. Goupy, 1868. — Enquête sur les conseils de prud’hommes. A S. Exc. M. le ministre de l’Agriculture, du commerce et des travaux publics, Paris : impr. de V. Goupy, 1868. — A Messieurs les membres du Corps législatif [contre la suppression, sans indemnité, des brevets d’imprimeurs], Paris  : impr. de V. Goupy, 1868. — L’Imprimerie nationale et sa collection de types orientaux, lettre à M. Vidal, rapporteur de la commission du budget, Paris : impr. de Goupy, 1874. — Conseil des prudhommes de Paris (industries diverses). Observations présentées à M. le ministre de l’Agriculture et du commerce relativement à la proposition de loi sur les dessins et modèles industriels, Paris : impr. de V. Goupy, 1878.

SOURCES : Geneanet. — Archives nationales, Dossier de la Légion d’honneur de Victor Goupil. — B.n.F. Notice autorité Goupy, Victor (imprimeur). — La Gazette des tribunaux, 21 novembre 1859, 4 août 1878. — Le moniteur universel, 18 septembre 1863. — Léon François Goupy, Le coup d’État dans la Mayenne, Paris, imp. Victor Goupy, 1871. — La Liberté, 4 janvier 1872. — La Gazette de Château-Gontier, 7 février 1878. — La Lanterne, 12 février 1878. — Archives commerciales de la France, 10 mars 1878. — Le Figaro, 27 juin 1887. — Le Rappel, 28 décembre 1893. — Le Matin, 26 décembre 1893. — Bibliographie de la France, 1893, p. 228. — Sonneck, Bernard, Les décorés de la Légion d’honneur de la Mayenne : dictionnaire biographique des membres de la Légion d’honneur nés, décédés ou décorés en Mayenne, Ed. régionales de l’Ouest, tome 3, 2010. — Edwige Praca, Félix Jourdan, 1852-1915 imprimeur à Paris. — Jean-Claude Farcy, « Goupy – Victor », La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880), Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], 26 septembre 2019.

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