Par Huguette Juniet
Né le 10 février 1923 à Brest (Finistère), mort sous la torture probablement le 29 avril 1944 au 92e RI à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; représentant ; infirmier militaire déserteur ; résistant au sein des Forces Françaises d’Intérieur (FFI).
Sa mère, Madame Veuve A. Jézéquel, née Émilie Festou, habitait rue de Trestrignel à Perros-Guirec (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) , puis 18 rue de Quintin à Saint-Brieuc. Célibataire, Augustin Jézéquel était représentant puis fut employé aux services de Ravitaillement à la mairie de Perros-Guirec.
Sous l’Occupation, Augustin dit "Tino" faisait partie du groupe « France », groupe isolé et organisé avec son concours, il en était le chef, dans le secteur de Tréguier.
Il souhaita rejoindre le Royaume-Uni et c’est à Perros-Guirec qu’il espérait effectuer la traversée en empruntant le bateau de sauvetage de la station SNSM de Ploumanac’h en Perros-Guirec, le « Félix William Spiers ». Avec d’autres jeunes animés du même désir, ils se dirigèrent avec des bidons d’essence vers le bateau de sauvetage mais l’allumage d’une cigarette par l’un d’entre eux les firent repérer et arrêter par une sentinelle chargée de surveiller l’exode des bateaux vers l’Angleterre. D’autres causes de cet incendie sont avancées : le moteur a pris feu peu après leur départ (livre mémorial de la déportation des Côtes d’Armor) ou selon des témoignages récents, « voulant contrôler le niveau de carburant dans le réservoir, l’un des jeunes y aurait descendu une flamme ». Un poste allemand installé face à Perros-Guirec sur l’ archipel des Sept Îles, les repéra.Tandis que ses camarades Marcel Féjean, Jéhan Aubry de Maraumont, François Jaouen et André Marques étaient arrêtés, Augustin Jézéquel réussit à fuir. Recherché par la Gestapo, il alla se cacher à Louannec chez Madame Festou sa grand-mère d’où il partit quelques semaines plus tard chez son oncle Monsieur Festou, Brigadier des Douanes à Armentières (Nord). Il résidait 135 Rue Solférino à Lille (Nord).
Après demande d’enquête par sa mère en 1950, le colonel Duplessier et le gendarme Lucquiaut apportèrent des précisions sur les circonstances de son décès. Il avait été affecté à la Compagnie de guet stationnée à Issoire, comme infirmier. Il fut alors en relation avec un groupe de résistants et il a volontairement quitté son unité au début du mois de janvier 1944 pour gagner le maquis en emportant du matériel de l’armée. Il fit alors l’objet d’un mandat d’arrêt du juge d’Instruction d’Issoire pour vol qualifié et désertion.
Il aurait rejoint le maquis de Besse, à Belguette (Puy-de-Dôme), soit en novembre 1943 selon une source, soit en janvier 1944. Il a été affecté au maquis de Champ (commune de Besse-en-Chandesse) et de Belguette (commune de Compains). Son chef était le commandant FFI Soulier, alias Chausson. Selon l’attestation de ce dernier, Augustin Jézéquel a participé à toutes les opérations de ce maquis (parachutage, camouflage et distribution d’armes). Il a participé le 30 Mars 1944 au combat de Belguette à Compains où 4 résistants furent tués et 6 autres arrêtés. Il a par la suite pris le commandement de diverses sections de maquis qui se reconstituaient dans la région, jusqu’au 29 Avril 1944, date à laquelle il a été arrêté par les Allemands au cours d’une mission où parti en voiture, il se trouva face à un barrage de soldats allemands installés sur la RN 496 à la ferme de La Plagne, commune d’Issoire. A la vue de ce barrage Jézéquel a tenté d’échapper aux Allemands en engageant son véhicule dans un chemin de terre, mais sans y réussir. Les Allemands ont alors tiré sur lui et l’ont capturé après l’avoir poursuivi à travers champs. Au cours de cette poursuite Augustin Jézéquel a été grièvement blessé par une rafale de mitraillette.
Il fut conduit au quartier de Bange à Issoire puis à l’hôpital militaire allemand à Clermont-Ferrand, où, selon une seconde source, à la prison militaire allemande du 92ème Régiment d’Infanterie à Clermont-Ferrand.
Le 30 avril 1944, les services de la police de sécurité de Clermont-Ferrand (Commissariat Central) furent avisés par les agents de la police allemande du décès d’un individu écroué à la prison militaire du 92e RI. Ils demandaient de faire enlever le cadavre. Les investigations effectuées par les services de police permirent d’établir qu’ Augustin Jézéquel faisait l’objet d’une fiche de recherches J 144 – 158 et d’un mandat d’arrêt du juge d’Instruction militaire auprès du Tribunal militaire permanent de Lyon pour désertion.
Suite à un rapport médical, il fut admis que la victime avait dû être victime de mauvais traitements au cours de l’interrogatoire que lui firent subir les agents du SD de Clermont-Ferrand chargés de l’affaire. Il fut conclu devant le manque de preuves et de témoins que le décès incombait pleinement au nommé Blumenkamp chef de la Gestapo à Clermont-Ferrand et qu’il s’agissait donc d’un crime de guerre.
Son décès fut enregistré à Clermont-Ferrand.
Il fut homologué FFI d’Auvergne, du 1er novembre 1943 au 29 avril 1944 et IR du 29 avril au 30 avril 1944. Le 6 décembre 1958, il reçut la Médaille militaire et la Croix de guerre avec palmes à titre posthume.
Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Perros-Guirec où son corps repose au cimetière de Kerreut.
Ses quatre camarades, classés NN, furent déportés initialement au KL Sonnenburg dans le delta de la Vistule. André Marques (francisé Marc) et François Jaouen décédèrent en camp, Marcel Féjean connut une "marche de la mort" et mourut à l’hôpital de la Salpétrière à Paris en 1945.
Par Huguette Juniet
SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 309569 (notes de Geneviève Launay) .— Arch.Dép. du Puy-de-Dôme Assassinat de prisonnier : 908 W 405 .— Rapport de Rode Régis, Commissaire de Police judiciaire à Clermont-Ferrand en 1944 .— Mémoires des Hommes .— MémorialGenweb .— Compléments par Geneviève Launay. — Notes de Jean Convert, Perros-Guirec, décembre 2019.