Par Gauthier Langlois
Né 26 floréal an V (14 mai 1797) à Eyrans (Gironde) ; propriétaire-cultivateur ; opposant au coup d’état du 2 décembre 1851, il fut expulsé et se réfugia en Belgique puis à Jersey où il intégra la communauté des proscrits animée par Victor Hugo.
Son nom est parfois orthographié à tort Cornet. Il appartenait à une famille aisée du bordelais. Son oncle, Jean Gornet aîné était négociant à Bordeaux. Son père, Jean Lacroix Gornet (né vers 1752) était propriétaire à Eyrans, gros village viticole du Blayais. Sa mère se nommait Madeleine Pujol. Le couple eut au moins trois garçons : Jean Isidore (1797), Joseph-Isidore (1806), Louis (1808) et deux filles : Marie Eugénie (1798) et Magdelaine (1800). L’aîné des garçons reprit l’exploitation familiale, les deux cadets firent carrière dans la médecine. Toute la fratrie était républicaine et socialiste, à commencer par le puîné, Joseph-Isidore Gornet, qui avait dirigé la mairie du 12e arrondissement de Paris au début de la Seconde République.
En 1851 Jean-Isidore était veuf, père d’un enfant et résidait à Eyrans (Gironde). Il s’opposa au Coup d’état du 2 décembre 1851 et fut arrêté avec son frère cadet Louis Gornet. La commission mixte de la Gironde proposa son expulsion motivée par le commentaire suivant : « Frère de l’ancien maire du 12e arrondissement de Paris, socialiste exalté, agent de propagande dans les campagnes, très dangereux ».
Avec son frère il obtint le 22 mars 1852 un passeport pour la Belgique via Valenciennes. De là il rejoignit Jersey où il arriva, selon l’album Asplet, le 10 juillet. Il s’y retrouva avec nombre de proscrits dont Victor Hugo. Il participa à leurs activités politiques et notamment, le 21 octobre 1853, à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III. Aux obsèques de Louis Hélain-Dutaillis le 9 avril 1853 à Saint-Hélier, il fut, avec Charles Heurtebise l’un de ceux qui portèrent le drapeau rouge.
Il fit partie des 36 proscrits qui signèrent, le 17 octobre 1855, la protestation rédigé par Victor Hugo contre l’expulsion de Jersey de Charles Ribeyrolles, du colonel Louis Pianciani et de Philippe Thomas. Cette signature lui valu, comme tous les autres, l’expulsion de l’île. Il y laissa son frère cadet Louis Gornet qui mourut à Jersey douze ans plus tard. Avant son départ, le 2 novembre, il fit ses adieux au jersiais Philippe Asplet, l’un des principaux soutiens des proscrits dans l’île. Il lui laissa dans son album une photo de lui et de Victor Vincent accompagnée de la dédicace suivante : « Souvenir d’exil ».
Suite à la loi de réparation nationale du 30 juillet 1881 en faveur des victimes du 2 décembre 1851, une demande de pension fut faite en son nom mais fut rejetée.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Archives de la Gironde, acte de naissance, passeport de Jean-Isidore Gornet. — A la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — Maison de Victor Hugo-Hauteville House à Guernesey, Album Asplet folio 44. — Victor Hugo, Œuvres complètes de Victor Hugo. Actes et paroles. 2 publiées par Paul Meurice, puis par Gustave Simon, 1937-1940, p. 123-125. — Pierre Angrand, Victor Hugo raconté par les papiers d’État, Paris, 1961, p. 82. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Gornet, ainé - Jean Isidore Marcelin », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.