Par Gauthier Langlois
Né le 26 octobre 1808 à Eyrans (Gironde), mort le 27 mai 1873 à Jersey ; médecin ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il fut expulsé et se réfugia en Belgique puis à Jersey.
Il appartenait à une famille aisée du bordelais. Son oncle, Jean Gornet aîné était négociant à Bordeaux. Son père, Jean Lacroix Gornet (né vers 1752) était propriétaire à Eyrans, gros village viticole du Blayais. Sa mère se nommait Madeleine Pujol. Le couple eut au moins trois garçons : Jean Isidore (1797), Joseph-Isidore (1806), Louis (1808) et deux filles : Marie Eugénie (1798) et Magdelaine (1800). L’aîné des garçons reprit l’exploitation familiale, les deux cadets firent carrière dans la médecine. Toute la fratrie était républicaine et socialiste, à commencer par Joseph-Isidore Gornet qui avait dirigé la mairie du 12e arrondissement de Paris au début de la Seconde République.
Louis Gornet fit, avec son frère Joseph-Isidore, des études de médecine à Paris et y soutint sa thèse en 1835. Contrairement à son frère qui resta à Paris, il s’installa dans sa région d’origine. En 1851 il était célibataire et résidait à Blaye (Gironde). Il s’opposa au Coup d’État du 2 décembre 1851 et fut arrêté avec son frère aîné, Jean Isidore Gornet. La commission mixte de la Gironde proposa son expulsion motivée par le commentaire suivant : « Frère de l’ancien maire du 12e arrondissement de Paris, il a été lui-même sous-commissaire du Gouvernement provisoire dans l’arrondissement de Blaye. Socialiste convaincu, homme d’action, il serait dans l’arrondissement, en cas d’insurrection, un centre de ralliement. Perdu de position, sans clientèle, il n’espère de ressources que d’une révolution sociale ».
Avec son frère Jean Isidore il obtint, le 22 mars 1852, un passeport pour la Belgique par Valenciennes. C’est sans doute lui que Charles Victor Hugo a croisé en Belgique. Le fils du célèbre écrivain cite en effet un Gornet parmi une liste de médecins exilés en Belgique à la suite du coup d’État. Il rejoignit ensuite Jersey avec son frère. Le 17 octobre 1855, ce dernier fit partie des 36 signataires de la protestation rédigée par Victor Hugo et adressée au gouvernement anglais contre l’expulsion de Charles Ribeyrolles, du colonel romain Louis Pianciani et de Philippe Thomas de l’île de Jersey. De son côté Louis Gornet, avec François Taféry, Claude Victor Vincent, Jégo, Kosiell et Philippe Faure, fit partie de ceux qui défendirent l’Imprimerie Universelle.
La signature de la protestation valu à Jean Isidore Gornet, comme à tous les autres, l’expulsion de l’île. Quant à Louis Gornet il s’établit définitivement à Jersey où il reçut la visite, en 1864 et 1867, du poète Adolphe Pelleport, neveu de Philippe Faure, qui lui dédia deux poèmes.
À sa mort il fut enterré dans le cimetière des proscrits situé dans la paroisse Saint-Jean (aujourd’hui cimetière Macpela à Sion). La stèle dédiée aux proscrits porte en effet la plaque suivante : « Dr L. Gornet né en 1808 à Eyrans (Gironde). Mort à Jersey le 27 mai 1873 ».
Par Gauthier Langlois
ŒUVRE : Essai sur la péricardite. (Cand. Louis Gornet), Paris, 4 mai 1835.
SOURCES : BnF, Notice autorité Louis Gornet. — Archives de la Gironde, acte de naissance, passeport de Louis Gornet. — Maison de Victor Hugo - Hauteville House à Guernesey, Album Philippe Asplet. — Victor Hugo, Œuvres complètes de Victor Hugo. Actes et paroles. 2 publiées par Paul Meurice, puis par Gustave Simon, 1937-1940, p. 123-125. — Charles Hugo, Les hommes de l’exil. Ce qu’étaient les proscrits, Le Rappel, dimanche 7 avril 1872, p. 1. — Charles Hugo, Les Hommes de l’exil, Paris, A. Lemerre, 1875, p. 242. — Adolphe Pelleport Tous les amours ; avec une lettre de Victor Hugo ; une préface d’Auguste Vacquerie ; et l’adieu de Louis Blanc, Paris, G. Charpentier, 1882. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Gornet, jeune - Louis », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Jules Clarétie, « La vie à Paris », Le Temps, 4 août 1883.