DANIEL Guillaume

Par Alain Prigent

Né le 9 avril 1908 à Paule (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 25 mars 1990 à Carhaix-Plouguer (Finistère) ; agriculteur ; député communiste des Côtes-du-Nord de l’Assemblée constituante (1945-1946) ; conseiller général de Maël-Carhaix (1945-1955).

Guillaume Daniel était fils de petits fermiers. Après ses études primaires à l’école communale, titulaire du certificat d’études primaires, il travailla à la ferme familiale jusqu’à seize ans, âge où il quitta le département pour Paris, rejoignant ses frères. Il exerça divers métiers comme barman puis chauffeur de taxi. Il se maria à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine). À la veille du Front populaire, il revint au pays reprendre la ferme familiale qu’il transforma en exploitation avicole. Il adhéra au Parti communiste en 1936 et devint rapidement le secrétaire de la cellule, forte d’une dizaine d’adhérents. Membre du comité régional en 1939, il vendit l’Humanité à la criée dans les villages de son canton.
Sergent au 47e régiment d’infanterie basé en Moselle, à Koenigsmacher, il fut arrêté à Pâques 1940, de retour de permission, dénoncé pour des propos défaitistes qu’il aurait tenus fin janvier : « On ne fait pas la guerre à l’Allemagne mais au peuple et aux communistes. » Aux arrêts pendant un mois, il fut transféré à Thionville par les gendarmes, puis à Metz. Incarcéré à Paris, à la Tour Maubourg, il fut condamné à quatre ans de prison par un conseil de guerre le 10 juin 1940, en pleine débâcle. Il fut alors transféré à Nantes pour purger sa peine. Après l’armistice, dans la confusion générale, les autorités militaires allemandes le transférèrent en Allemagne comme prisonnier de guerre au Stalag de Hanovre 11-B où il fut l’un des organisateurs de la résistance.
Son épouse Bernadette, en contact permanent avec le triangle de « Grégoire », continua le combat politique de Guillaume Daniel, son domicile et la ferme servant de relais aux activités du Parti communiste clandestin.
De retour de captivité, Guillaume Daniel fut l’un des dirigeants les plus en vue de la fédération du PCF puisqu’il siégea au comité fédéral de 1945 à 1954. Petit paysan, militant d’avant le Front populaire, résistant de la première heure, prisonnier de guerre, il représenta parfaitement la puissante fédération des Côtes-du-Nord. Second sur la liste départementale après Marcel Hamon*, il fut élu député à l’Assemblée constituante le 21 octobre 1945, puis réélu le 2 juin 1946 lors de la seconde Constituante. Mais il admettait ne pas se sentir à l’aise au Palais Bourbon : « Je n’avais pas l’étoffe pour faire un député. » Il demanda à ne pas être en position éligible aux scrutins législatifs suivants de novembre 1946 et janvier 1956. Il fut conseiller général de Maël-Carhaix de 1945 à 1955, remportant les élections cantonales de 1945 (35,4 % au 1er tour puis 51,5 % au 2e tour) et de 1949 (43,3 % au 1er tour puis 51,2 % au 2e tour). Il siégea au conseil municipal de Paule à 1945 à 1951, puis à nouveau de 1977 à 1983.
En 1955, il quitta le département pour la région parisienne, près de Corbeil-Essonnes à Saint-Pierre du Perray où il installa un élevage avicole. À la retraite en 1975, il revint en Bretagne, à Paule d’abord puis à Carhaix (Finistère).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21392, notice DANIEL Guillaume par Alain Prigent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 27 août 2018.

Par Alain Prigent

SOURCES : Témoignage recueilli en avril 1984. — Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 1W6 et 1W12. — Christian Bougeard, Le Choc de la Deuxième Guerre mondiale dans les Côtes-du-Nord, thèse de doctorat d’État, Rennes II, 1986. — Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, Saint-Brieuc, 2002. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Fichier des membres du comité fédéral de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établi par Gilles Rivière.

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