LEMEILLE Auguste [LE MEILLE Auguste] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Gauthier Langlois

Né le 2 août 1818 à Cherbourg (Manche) ; peintre en voitures ; militant socialiste et gérant de journaux républicains à Cherbourg, poursuivit par la justice il dut s’exiler et se réfugia à Jersey puis aux États-Unis à la fin de la Seconde République et sous le Second Empire.

Fils de Jacques Nicolas Victor, marchand épicier et de Marie Waron mariés à Cherbourg en 1815. Auguste avait un frère aîné horloger, Alexandre Victor, né en 1815.

Auguste avait été élu sergent de la garde nationale de Cherbourg le 29 juillet 1845. Suite à la Révolution de février il afficha ses opinions républicaines, notamment dans le banquet républicain dont il était l’un des organisateurs à Cherbourg en mars 1848. Avec la libération de la presse il participa à la création de plusieurs journaux publiés à Cherbourg et dont il était le gérant : L’Éducation : journal politique et scientifique devenu Journal de la Manche (1848-1849). Il fonda ensuite La République du peuple (1849-1850) avec le lieutenant-colonel à la retraite Pierre Mouton, considéré comme le chef du parti socialiste dans la Manche.

Défendant les démocrates socialistes aux élections législatives de 1849, Auguste Lemeille et ses amis furent attaqués par le camp adverse dans Le phare de la Manche. Dans une affiche électorale signée par F. Quentin, Jules Jouanne, A. Bazire, Le Sénechal, Lemeille, Darié, et Ernest Sivard (maire de Carentan) ils tentèrent de se défendre : « Mais où est l’échafaud que les républicains de 1848 ont relevé. Vous nous disiez : lorsque vous aurez la république ce sera la guillotine permanente. Aujourd’hui que vous avez vu que le peuple est bon, vous l’avez calomnié : vous avez inventé la loi agraire – pour faire peur, car vous savez bien que pas un seul républicain ne veut du partage des biens ; que tous veulent la propriété individuelle, base de toute société et de toute civilisation, et la famille, sans laquelle il n’y a pas de nation. »

Mais bientôt les journaux socialistes furent réduits au silence. La République du peuple fut poursuivie en avril 1850 et son gérant, Auguste Lemeille, condamné par le tribunal correctionnel de Cherbourg. Ce dernier, pour échapper à la prison, ne trouva le salut que dans la fuite aux îles anglo-normandes voisines. Il s’embarqua comme matelot à bord d’un sloop, non sans avoir pris soin de se couper la barbe et la moustache. Il avait d’abord gagné Aurigny puis Guernesey où il pensait trouver du travail. Quand à son ami Pierre Mouton il fut arrêté suite au coup d’État du 2 décembre 1851 et fut transporté en Algérie.

Avec le comité révolutionnaire d’exilés présidé par Seigneuret il lança un petit hebdomadaire, La Sentinelle du peuple, qui était adressé depuis Dinan aux militants républicains de Paris et de l’Ouest de la France. Avec Jean Geistdoerfer, Bonnet-Duverdier, Seigneuret et Charles Alexandre Leballeur-Villiers il participa au 1er numéro, daté du 23 octobre 1851 an IV de la République. Au moment du coup d’État du 2 décembre 1851, le journal lança un appel au soulèvement. Les membres du comité révolutionnaire organisèrent même une expédition en France, en sachant que leur tête serait mise à prix et qu’ils risquaient la mort. Mais l’apathie générale les obligea à regagner rapidement Jersey.

En 1852 Auguste figurait avec sa femme Rose (née en 1824) et leur fils Auguste (né en 1847), parmi les proscrits réfugiés à Jersey autour de Victor Hugo. Il y exerçait comme « agent général ». Il participa aux activités politiques de la proscription et notamment, le 11 novembre 1853, à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III.

Avec Jean Courtès, Jean-Marie Ribaut, Auguste Le Floch, Joseph Lejeune, Félix Delamarre et leurs familles il obtint pour lui et sa famille un passage gratuit du Gouvernement britannique pour l’Amérique. Ils partirent pour Liverpool par le steamer City of Limerick. Puis de là partirent par le Sir Robert Peel vers New-York où ils arrivèrent le 26 juillet 1854.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article214198, notice LEMEILLE Auguste [LE MEILLE Auguste] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 7 avril 2019, dernière modification le 9 août 2020.

Par Gauthier Langlois

ŒUVRE : L’Éducation : journal politique et scientifique, 1848-1849. — La République du peuple, 1849-1850. — La Sentinelle du peuple, Dinan, 1851. — Électeurs de la Manche, [1849], Archives départementales de la Manche 216 J 2.

SOURCES : Archives de la Manche, naissances 1818 vue 66. — BnF, notice autorité Auguste Lemeille. — Le Journal de Cherbourg et du département de la Manche, 27 juillet 1845, 23 mars 1848. — La Gazette des tribunaux, 6 avril 1850. — Jean Quellien, Christophe Mauboussin, Journaux de 1786 à 1944 – L’aventure de la presse écrite en Basse-Normandie, CRL Basse-Normandie et Cahiers du temps, 1998. — Archives départementales de la Manche, Le Didac’doc, n° 48, avril 2014. — A la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey, imp. universelle, [1853]. — Robert Sinsoilliez, Marie-Louise Sinsoilliez, Victor Hugo et les proscrits de Jersey, Ancre de marine, 2008, p. 162. — New York Passenger List, 1820-1891, 143 - 25 Jul 1854-13 Aug 1854.

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