CHARBINAT Constant, Joseph

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 19 octobre 1885 à Montceau (Ruy-Montceau, Isère), exécuté sommairement le 13 juillet 1944 à Pierre-Bénite (Rhône) ; cafetier-restaurateur ; agent du réseau Marco-Polo dans le Rhône.

Constant, Joseph Charbinat était le fils de Louis, Constant Charbinat, cultivateur, et de Marie Corbier. La première profession qu’il exerça fut imprimeur d’étoffes. Il résida à Lyon (Rhône) puis dans le quartier de la Mouche à Irigny (Rhône). Ses parents demeuraient à Jallieu (Bourgoin-Jallieu, Isère). Le 28 juillet 1906, Constant Charbinat se maria avec Marie, Louise Bouvier à Irigny. Entre octobre 1906 et septembre 1908, il fit son service militaire dans le 10e régiment de cuirassiers et rentra dans ses foyers à Irigny.
Mobilisé en 1914, il combattit dans l’artillerie. Il fut nommé brigadier le 11 avril 1917 et eut les mains gelées en décembre 1917. Il fut démobilisé le 27 mars 1919 et rejoignit son domicile à la Mouche à Pierre-Bénite (Rhône). Il tint un café-restaurant épicerie.
Le 1er juin 1943, Constant Charbinat s’engagea dans le réseau Marco-Polo au sein duquel il fut agent P1.
Le 13 juillet 1944, il fut blessé mortellement devant son café-restaurant. Il succomba chez lui peu de temps après. Sa femme fut témoin de la scène. Elle en fit le récit en novembre 1944 : « [...] à 21h50, j’étais assise devant la porte de mon café. Cinq individus venant de Lyon dans une voiture traction avant Citroën se sont présentés à mon domicile à Pierre Bénite Lieu dit La Mouche, où mon mari et moi tenons un café-restaurant épicerie et m’ont demandé de leur servir un repas. Devant mon refus, ils ont insisté pour parler à mon mari. Je suis rentrée dans mon établissement où ils m’ont suivie jusqu’à la cuisine où mon mari prenait son repas du soir. Après l’avoir fouillé et constaté qu’il ne portait pas d’arme, ces individus ont intimé à mon mari l’ordre de les suivre pour un interrogatoire. Ils l’ont fait sortir de la maison en le bousculant et l’ont conduit sur la place où stationnait la voiture. Au moment de monter dans la voiture, mon mari est parvenu à se dégager. A ce moment-là, un coup de feu est parti, tiré par un des agresseurs et blessant l’un d’eux. Un second coup de feu atteignait mon mari à la cuisse lui coupant l’artère fémorale. Dans un effort désespéré, mon mari poursuivi par ces individus qui continuaient à tirer sur lui, se traîna sur une longueur de 500m environ et réussit à se dérober à leur vue. Leur blessé, resté près de la voiture se plaignant de sa blessure, ses complices abandonnèrent la poursuite, se portèrent à son secours et repartirent aussitôt en direction de Lyon. Des voisins allèrent alors chercher mon mari et le trouvèrent expirant sous un arbre. Transporté aussitôt à la maison, il succombait malgré les soins empressés du Dr Favet de Pierre-Bénite. [...] » Madame Charbinat précisa à la fin de son témoignage qu’elle croyait pouvoir affirmer que les coupables étaient des « Français travaillant pour la Gestapo. » D’après le « fichier Montluc » (qui précisons-le ne contient pas que des fiches de prisonniers de Montluc), il s’agissait de membres du Parti populaire français (PPF).
Constant Charbinat fut inhumé au cimetière de Pierre-Bénite le 17 juillet 1944.
Il fut homologué sous-lieutenant des Forces françaises combattantes (FFC). Il obtint le titre d’interné résistant et fut reconnu Mort pour la France. En 1959, le sous-lieutenant Constant Charbinat reçut la Légion d’honneur avec le grade de chevalier. Une plaque commémorative, située dans la mairie de Pierre-Bénite, honore sa mémoire : « A Charbinat Constant tué par des Français à la solde des Allemands le 13 juillet 1944 à 22 heures à l’âge de 59 ans. Patriotes souvenez-vous ». A Pierre-Bénite, son nom est également gravé sur deux plaques dédiées aux Pierre-bénitains morts pendant la guerre, dans la mairie et dans l’église de l’Assomption. Par ailleurs, il existe une rue Constant Charbinat à Pierre-Bénite.
Après-guerre, Pérroline Henriette Charbinat, née Point, demeurant 51 cours Tolstoi, Villeurbanne (Rhône), fit les démarches pour lui obtenir titre d’interné résistant, homologation, décoration... Constant Charbinat s’était marié avec elle le 16 mars 1922 à Villeurbanne, après le décès de sa première femme en 1921.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article214263, notice CHARBINAT Constant, Joseph par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 6 avril 2019, dernière modification le 25 octobre 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W1086, 3335W22, 3335W17, mariage de Constant Charbinat.— Arch. Dép. Isère, fiche matricule de Constant Charbinat.— Mémoire des Hommes.— Base Léonore.— Mémorial Genweb.— État civil. — Sources familiales.

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