BUENERD Joseph Eugène

Par Jean-Luc Marquer

Né le 9 février 1896 à Nantoin (Isère), sommairement exécuté le 16 mai 1944 à Champier (Isère) ; cultivateur et marchand de bois ; résistant de l’Armée secrète, homologué Forces françaises de l’Intérieur et interné résistant (D.I.R.)

Joseph BUENERD
Joseph BUENERD
Source : Photographie Jean-Luc Marquer (Stèle de Champier, détail)

Joseph Eugène Buenerd était le fils de François Napoléon et de Joséphine Bouvier.

Incorporé le 8 avril 1915 au 158ème régiment d’infanterie, il rejoignit le front contre l’Allemagne à partir du 5 décembre de la même année comme signaleur puis comme téléphoniste, et fut nommé caporal le 11 juin 1918.
Cité à l’ordre du régiment puis, par deux fois à l’ordre de la division, il fut décoré de la Croix de guerre 1914-1918 avec deux étoiles d’argent et une étoile de bronze.
Rendu à la vie civile le 19 septembre 1919, il revint à Nantoin (Isère) où il reprit ses activités de cultivateur et marchand de bois.

Il épousa le 6 décembre 1935 Marcelle Léonie Terry, originaire de Saint-Georges-d’Espéranche (Isère). Ils n’eurent pas d’enfant.

Il fut appelé à l’activité le 29 février 1940 au centre mobilisateur d’infanterie n°142 à Lyon (Rhône), puis comme affecté spécial au titre du service agricole à Nantoin à partir du 15 avril 1940. Il fut démobilisé le 20 juillet 1940.
Il rejoignit la Résistance dès le début de 1943 lorsque furent créés les maquis de Saint-Jean-de-Bournay (Isère), qui dépendaient du secteur 6 (Vienne) de l’AS-Rhône, diffusant de la propagande et collectant des renseignements. Par la suite, il cacha des réfractaires au STO et approvisionna les maquis.

Le 16 mai 1944, vers 8h30, des Waffen-SS et des miliciens accompagnés de membres de la Gestapo investirent Nantoin et la commune voisine de Champier (Isère). Ils étaient conduits par un jeune homme, « Fillette », milicien qui avait infiltré la Résistance.
Les Allemands et les miliciens arrivèrent vers 9h15 au Grand Nantoin où se trouvaient les fermes de Joseph Buenerd et de Philippe Goy.
Ils demandèrent où se trouvaient les deux hommes. Ceux-ci travaillaient alors ensemble dans un champ.
Pendant qu’une partie des miliciens et Allemands pillait méthodiquement les fermes, emportant tout ce qui pouvait avoir une valeur, un groupe, accompagné d’une des filles de Philippe Goy, alla trouver les deux hommes.
Le groupe d’Allemands et de miliciens entraîna Philippe Goy et Joseph Buenerd vers les bois. Là, sans autre témoin que Joseph Buenerd, Philippe Goy fut battu puis sommairement exécuté.
Si le pillage fut essentiellement l’œuvre des miliciens, ce furent les soldats allemands qui incendièrent les maisons et bâtiments agricoles des familles Goy et Buenerd, ainsi que deux maisons abandonnées qui servaient de refuge aux maquisards.
Vers 13h45, en emmenant Joseph Buenerd, miliciens et Allemands prirent la direction de Champier où ils rejoignirent le reste de la troupe.
Vers 14h30, les soldats allemands et les miliciens repartirent avec leurs captifs en direction de Saint-Jean-de-Bournay (Isère).
Ces prisonniers étaient, outre Joseph Buenerd, un « Polonais » qui ne fut jamais identifié, Léon Fischer, âgé de 81 ans, de confession juive, qui résidait depuis plus de deux ans à l’hôtel Chapot de Champier, et trois gendarmes de la brigade de Champier. Deux d’entre eux, le maréchal-des-logis-chef Philippe Boulogne et le gendarme Jacques Duperray, qui faisaient partie de l’A.S. de l’Isère (bataillon Chambarand) furent déportés et partirent de Compiègne le 15 juillet 1944. Tous deux moururent en déportation.

À deux kilomètres du bourg, le convoi s’arrêta au lieu-dit « Les Effeuillers ».
Là, Joseph Buenerd et Léon Fischer furent sommairement exécutés. Le premier, de plusieurs balles d’arme de poing et le second de plusieurs rafales d’arme automatique.
Les corps furent trouvés vers 16 heures.
Formellement identifié par le maire de Champier, le corps de Joseph Buenerd fut ramené à Nantoin.
Il fut enterré dans le cimetière de Nantoin.

Joseph Buenerd obtint la mention « Mort pour la France » le 19 mars 1945.
La qualité de membre des Forces françaises de l’Intérieur lui fut reconnue pour la période du 15 avril au 16 mai 1944.
Il fut homologué interné résistant pour la journée du 16 mai 1944.

Son nom figure sur la stèle érigée sur le lieu de l’exécution à Champier, sur le monument aux morts de Nantoin et sur la plaque commémorative du camp de Chambarand à Viriville (Isère).
Une place de Nantoin porte le nom de place des fusillés du 16 mai 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article214499, notice BUENERD Joseph Eugène par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 12 avril 2019, dernière modification le 12 janvier 2022.

Par Jean-Luc Marquer

Joseph BUENERD
Joseph BUENERD
Source : Photographie Jean-Luc Marquer (Stèle de Champier, détail)
Stèle commémorative de Champier (Isère)
Stèle commémorative de Champier (Isère)
Source : Photographie Jean-Luc Marquer

Sources : Arch. dép. Rhône, Mémorial de l’Oppression : 3808W445 — SHD, Vincennes, GR 19 P 69/17 ; GR 16 P 96207 — AVCC Caen 21 P 320166 et 21P 719304 — Etat civil — BERGER Jean-Daniel ; Comme un essaim de guêpes... Résistance et guérilla en R1, secteur VI Rhône-Isère en 2 volumes : Tome 1, Juin 1940-juin 1944 ; Tome 2, Juin-septembre 1944 ; Impressions Modernes (Guilherand-Granges), 2001 — Mémorial GenWeb — Site de la Fondation pour la mémoire de la Déportation : http://www.bddm.org/

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