Par Claude Pennetier
Né le 8 février 1910 à Albanchez (Espagne), mort le 8 mars 1995 à Bobigny (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier mécanicien ; inspecteur des armes et armureries des Brigades internationales ; résistant Combat puis FTP-MOI à Toulouse (Haute-Garonne) ; déporté ; membre de la CGT de la métallurgie en région parisienne.
Né à Albanchez, dans le Sud de l’Espagne, en 1910, José Linares-Diaz était le second enfant, mais en fait le fils aîné, d’une fratrie de sept enfants. Son père, travaillait comme ouvrier pour la construction des routes, et était affilié au PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol). José Linares arrêta sa scolarité vers 10 ans, pour travailler mais continua à s’instruire en cours du soir. Dans les années 1930, il se présenta, sans l’autorisation de mes parents, comme volontaire dans la caserne école d’instruction militaire du roi d’Espagne, Alfonse XIII installée au Pardo (Madrid) sous le nom de centre électrotechnique de radioélectricité et automobilisme. Dans cette école, il fut élève officier seulement quelques mois, ses parents avaient besoin de son salaire pour nourrir toute la famille firent tout pour le récupérer.
José Linares-Diaz se maria en décembre 1932 avec Maria Trujillo. Au milieu de l’année 1936, avant que ne démarre la guerre civile, son père, José et un frère, partirent à Madrid pour chercher du travail. Comme José ne trouva rien qui lui convenait, il continua sa route vers Barcelone, où il fit venir sa femme et son jeune fils. Il achètait et vendait des métaux pendant que sa femme élèvait et vendait des poules et des poulets. Quand la guerre d’Espagne commença, il fut, des les premiers jours du mois d’août 1936 aux premiers jours de décembre, chef de trois centuries, nom donné aux premiers jours de la guerre aux unités militaires. Ils avaient comme mission d’instruire tous les volontaires qui se présentaient pour les envoyer combattre au front. Quand l’affluence des volontaires arriva à son terme, il obtint d’être admis à l’École populaire de guerre numéro 1 de Barcelone pour compléter ses connaissances militaires. En juin 1937, ses études terminées, avec l’obtention du grade de lieutenant, dans les premiers jours de juin 1937, il fut affecté à la 45e division commandée par le général Émile Kléber et qui englobait les XIe, XIIe, XIIIe, XIVe et XVe brigades internationales. Dans cette division, il exerça le poste de Commandant chef de la 4e section de son état-major et fut nommé au poste d’inspecteur des armes et armureries des brigades internationales, compte tenu de sa connaissance en mécanique apprise aux ateliers du Ministère des Travaux Publics.
Très inventif, il déposa à Barcelone un Brevet de propriété industrielle, Brevet d’invention, du 17 aout 1938 sur une amélioration du fonctionnement du moteur à combustion.
Il passa la frontière française lors de l’hiver 1938-1939, laissant sa femme enceinte de leur 3e enfant en sécurité à Barcelone, avec sa belle mère et son beau-frère.
Interné au Camp de Vernet (Ariège), José Linares partit comme volontaire travailler dans les usines de guerre de Bagnères-de-Bigorre, le 1er novembre 1939, pour fabriquer l’avion de chasse 520 Dewoitine. Au début de 1940, il signa son engagement à la sous-préfecture de Bagnères-de-Bigorre et le 2 février 1940, passa le conseil de révision à Tarbes. fin de juin 40. Il fut arrêté et interné à Argelès-sur-Mer par la police de Vichy. On le fit sortir du camp pour nettoyer le canal d’Illet-sur-Tet. Il réussit à s’enfuir.
José Linares travailla dans les usines Bréguet de Toulouse et prit contact avec Joly, chef régional G.F. de R4 du Mouvement Combat à Toulouse, le 5 août 1941.
Par l’intermédiaire la MOI (Main d’Œuvre Immigrée, d’obédience communiste), il entra en relation avec quelques immigrés juifs, polonais, yougoslaves, espagnols, italiens, pour la plupart ayant combattus dans les Brigades Internationales, et, à la suite de l’occupation allemande de la zone libre le 11 novembre 1942, participa à la création d’un groupe de résistance FTP (Francs Tireurs et Partisans)-MOI de Toulouse, groupe qui devint la 35e brigade en souvenir de la 35e division des Brigades Internationales.
Une opération d’acheminement d’explosifs le 5 février 1943 depuis les chantiers de Bagnères-de-Luchon, qu’il organisa, se termine mal à la gare de Toulouse, un contrôle de police entrainant l’arrestation d’un des chefs de la brigade, Marcel Langer, qui s’était posté à la sortie pour surveiller l’arrivée des convoyeurs, et qui fut ensuite condamné à mort et guillotiné. Craignant d’être arrêté, Linares prit le maquis dans les environs, mais fut arrêté en mars, suite à une dénonciation, et condamné à la prison, son rôle n’ayant pas été clairement établi. Il fut transféré le 16 octobre 1943 à la prison d’Eysses, à Villeneuve-sur-Lot. La prison se mutina le 19 février 1944, mais fut reprise le lendemain par les Allemands, qui fusillent douze meneurs. Les 1 200 détenus furent envoyés via Compiègne à Dachau le 30 mai 1944. Après deux voyages éprouvants, l’un de quatre jours jusqu’à Compiègne, l’autre de deux jours jusqu’à Dachau, entassé dans un wagon sans possibilité de s’asseoir, sans eau ni nourriture, il arriva à Dachau le 20 juin. Ayant été mécanicien chez Bréguet, il fut affecté au commando Kempten dans l’usine d’aviation F.Sachse, un peu moins rude que les autres affectations, mais il souffrit pendant l’hiver 1944-1945, des privations et des maladies. Il fut évacué du camp le 26 avril 1945 devant l’avancée des américains.
De retour à Toulouse, José Linares se reconvertit en entrepreneur de semelles de caoutchouc, avec les pneus récupérés. Après la séparation d’avec sa femme, la rencontre d’un autre épouse, éleveuse de poules et poulets, et la naissance d’une fille, ils retournèrent à Madrid en 1948 où il achetèrent et vendirent des métaux. Ils ne purent se marier que le 31 décembre 1958 et reconnaître leurs trois enfants (un quatrième naquit après mariage), José ayant enfin pu obtenir le divorce en novembre 1957. Ils étaient revenus en France en 1955 avec comme projet de créer une entreprise familiale de construction de bâtiment, avec son beau-frère frère maçon. Le projet échoua par incompatibilité de caractère entre le deux beau-frère. Il chercha un emploi dans la mécanique et rentra comme ouvrier professionnel P3 dans une usine de roulements à billes SKF à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), puis dans les ateliers de l’aéroport du Bourget pour l’UTA. Mais habitué à entreprendre et à commander, il souffrit d’être à partir de 1956, à quarante-six ans, un ouvrier qui devait obéir à des « petits chefs ». Dès qu’il a pu, il se syndiqua à la CGT mais n’en fut pas un militant actif par peur de compromettre sa demande de naturalisation et la reconnaissance de ses droits d’ancien résistant déporté.
Il fut naturalisé sous le nom de José Linares ainsi que les membres de sa famille le 22 mars 1966.
Dans les années 1970 il déposa à Paris un brevet d’invention sur un moteur à eau.
Dès son retour en France, il a dépensé beaucoup d’énergie et de temps, d’écrits à faire reconnaître son statut de déporté résistant qu’il n’obtint qu’en 1974.
Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur, au titre de Dépoté Résistant de l’Armée de Terre, nomination comportant l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme (décret du 13 novembre 1978 J.O. du 22 novembre 1978, p.3913). Il reçut les insignes d’Officier de la Légion d’Honneur le lundi 21 janvier 1985
Le grade d’assimilation (capitaine FFI) attribué à l’intéressé pour la période d’internement et de déportation, le grade homologué au titre des FFI, est comptée comme service militaire actif dans la zone des combats et dans une unité combattante la période du 30 avril 1943 au 11 mai 1945
Par Claude Pennetier
SOURCES : Mémoire laissé par José Linares et retrouvé par sa fille Schéhérazade Enriotti après sa mort. — Notes de sa fille Schéhérazade Enriotti, basse essentielle de cette notice. — Base de la FMD.