DARRIET Joseph

Par Jean-Pierre Besse, Bertrand Gogendeau, Daniel Grason

Né le 25 septembre 1898 à Solférino (Landes), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 à Fontevrault (Fontevraud, Maine-et-Loire) ; agent d’assurances ; militant communiste ; conseiller communiste et adjoint au maire du Blanc-Mesnil (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis) ; résistant.

Joseph Darriet était le fils de Marie Darriet, cultivatrice domiciliée à Solférino, et d’un père inconnu. À l’école, il obtint son certificat d’études. En 1918, il fut mobilisé et rejoignit le 161e Régiment d’infanterie à Metz (Moselle). Il y servit pendant trois ans et demi, guerre comprise, en tant que soldat de 2e classe. Ensuite, il se maria avec Joséphine Cousin. Ensemble, ils eurent deux enfants : Jeanne, née en 1927, et Claude, né en 1933.
La famille demeurait 15 rue des Alouettes au Blanc-Mesnil (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). Militant syndical actif avant 1939, communiste, adjoint au maire, en charge du mouvement sportif, il créa au cours de son mandat le Club sportif blanc-mesnilois. Suite à la dissolution du Parti communiste en 1939, il fut révoqué de sa fonction municipale. Il entra alors en clandestinité et poursuivit son activité militante pendant l’occupation allemande. Il était trésorier des organisations communistes de Saint-Denis et de Pierrefitte et louait une pièce où il entreposait du matériel de propagande.
À la suite d’une dénonciation, des inspecteurs de la BS1 interpellèrent le 30 août 1941 Joseph Darriet alors qu’il allait entrer au siège de la compagnie d’assurances L’Abeille 57 rue Taitbout à Paris (IXe arr.) où il fut employé et était resté en relation militante avec Maurice Clavilier. Il portait sur lui des notes avec des consignes pour les militants communistes. Les policiers perquisitionnèrent son domicile ce qui permit de trouver, dissimulés sous des coussins, une dizaine de tracts ainsi qu’un appareil duplicateur. En poursuivant leur enquête, les inspecteurs découvrirent que Darriet était locataire de trois appartements à Paris, dont une chambre au 55 square Patenne (XXe arr.), qui lui servaient de planques et de dépôts clandestins. Des perquisitions effectuées amenèrent la découverte de 20 000 tracts, 2 000 papillons, 200 brochures, 14 listes de souscriptions, des documents divers et une machine à ronéotyper. Le 2 septembre 1941, le juge Achille Olmi, du tribunal de première instance de la Seine, émit un mandat de dépôt à la maison d’arrêt de la Santé contre Joseph Darriet, pour « propagande communiste ».
Le 17 octobre 1941, le tribunal de première instance de la Section spéciale de la cour d’appel de Paris le condamna aux travaux forcés à perpétuité pour propagande communiste, en infraction au décret du 26 septembre 1939, commis entre juillet et août 1941 dans le département de la Seine. Maurice Clavilier fut condamné à cinq ans de travaux forcés. Le 22 octobre 1941, il fut transféré à la maison d’arrêt de Fresnes (cellule 400, écrou no 608). Le 12 décembre 1941, il fut incarcéré à la maison centrale de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire) (écrou no 2009). Pour son activité communiste et dans le cadre de la « loi sur les otages » instituée par les autorités militaires allemandes, il fut passé par les armes le 15 décembre 1941, à 15 h 35, à Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire) sur un terrain militaire situé, route de Bizay, en limite de la commune de L’Epied (Maine-et-Loire), au lieu-dit « Le Pas de tir américain ». Ce même jour, et en ce lieu, Joseph Monetti, Charles Dehan et Joseph Pelluau furent aussi exécutés.
Le 18 décembre 1941, sa mère lui écrivit, sans savoir qu’il avait déjà été fusillé. Dans ce courrier, après avoir écrit sur le caractère de sa fille qu’elle élevait en son absence, elle écrivit ces mots pour finir : « Adieu. Bons baisers. Tu as toujours des idées bêtes, mais tu en paies les conséquences. »
Son corps, rapatrié en 1946 au Blanc-Mesnil, fut inhumé dans le carré militaire du cimetière. Son nom est gravé sur le monument aux morts de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire). Le conseil municipal du Blanc-Mesnil, dans sa délibération du 15 octobre 1944, a décidé de rebaptiser à son nom la rue où il habitait.
Habitant en dehors du ressort de la préfecture de police de la Seine, sa famille ne fut pas convoquée après la guerre pour témoigner devant la commission d’épuration de la police. Son nom figure sur une plaque commémorative dans le hall de la mairie du Blanc-Mesnil, ainsi que sur le monument aux morts, sur celui de Solférino sa ville natale, et sur l’une des plaques de la Bourse du Travail rue du Château-d’Eau à Paris (Xe arr.) : « À la mémoire des dirigeants de syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France », avec une épitaphe de Paul Eluard : « Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21482, notice DARRIET Joseph par Jean-Pierre Besse, Bertrand Gogendeau, Daniel Grason, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 juillet 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Bertrand Gogendeau, Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, KB 55, KB 77, PCF carton 12 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste. – Arch. Dép. Maine-et-Loire, 197 J 2, 18 W 27, 303 W 291, 248 W 5. – DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 158286 (non homologué). – Arch. Mun. Le Blanc-Mesnil. – Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne : Dossier Joseph Darriet. – Guy Krivopissko, La vie à en mourir, Lettres de fusillés (1941-1944), p. 106-108. – Roger Poitevin, Abbaye-Bagne de Fontevraud 1940-1944, Éd. AFMD 49, 2009. – P. Delon, Les Employés, op. cit., p. 135. – AMRN, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire, Éd. de l’Atelier, 2004. – Mémorial GenWeb. – État civil.

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