DUBREUIL Robert, Louis, Humbert

Par Blandine Pien-Badie

Né le 25 avril 1930 à Roanne (Loire) ; professeur agrégé d’histoire ; militant de l’UGS et du PSU, puis des Verts.

Il était le fils de Louis Dubreuil, avocat, et de Louise née Liegeois, infirmière puis assistance sociale. Il effectua sa scolarité primaire et secondaire à Roanne, puis ses études d’histoire à Lyon jusqu’au CAPES et à l’agrégation.

Militant de l’UNEF à partir de 1948, Robert Dubreuil fut secrétaire général de l’AG de Lyon (Rhône) en 1951-1952. Ce fut une expérience fondatrice pour lui comme pour beaucoup de camarades de sa génération, luttant dans la "mino" syndicaliste contre la "majo" corporatiste. Ce travail associait des services matériels coopératifs à des luttes revendicatives. Il était alors fort intéressé par le syndicalisme révolutionnaire de la CGT d’avant 1914.

Robert Dubreuil était très proche du MLP (Mouvement de libération du peuple) qu’il avait connu à Lyon entre 1952 et 1955 et des militants qui en étaient issus. Il les avait retrouvés lorsqu’il avait adhéré en 1957 à l’UGS à Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme) puis à Rouen (Seine-Maritime) en 1958. Il était séduit par son recrutement très populaire, par son approche plus expérimentale que doctrinaire de la politique, par ses services concrets axés sur la vie quotidienne ouvrière, par son exigence du double engagement syndical et politique.

Il était en désaccord total avec la SFIO, avant même la guerre d’Algérie. Par rapport au PCF, le rejet fut total en 1956 après Budapest et le vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet pour l’Algérie. En novembre 1956 "Pour un renouveau du socialisme" du MLP l’a convaincu qu’il fallait un parti d’un type nouveau, différent du PCF et de la SFIO. Le MLP lui paraissait l’embryon, voire la maquette d’une organisation à la fois anticapitaliste et antitotalitaire, de recrutement ouvrier, à visée révolutionnaire, cherchant selon l’exemple yougoslave la gestion directe par les intéressés.

Après avoir enseigné à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), il fut nommé à Rouen en octobre 1958, où il devint professeur en classes préparatoires littéraires, au lycée Corneille puis au lycée Jeanne d’Arc. Dans la capitale normande, il passa le reste de sa vie militante avec sa femme Maryse, professeure d’histoire-géographie, féministe, syndicaliste, elle-même militante de l’UNEF à Lyon et au PSU à Rouen. Il y demeurait encore en 2019. Il fut syndiqué au SNES de 1954 à 1981 puis au SGEN-CFDT.

Quand l’UGS se forma, Robert et Maryse Dubreuil pensèrent que c’était l’occasion à ne pas manquer. Ils travaillèrent très fraternellement à Clermont-Ferrand dans l’UGS où la composante MLP était forte avec des couples militants formés au MLP, dont Aimée et Robert Dumas dont il aimait rappeler la mémoire. Celui-ci, ouvrier plâtrier, militant CGT, était un des principaux animateurs de l’UGS locale. C’est avec lui, lorsqu’il fut candidat aux cantonales dans un quartier ouvrier, que Robert Dubreuil fit sa première campagne électorale. Il dit souvent avoir rêvé à ce qu’on aurait pu faire en 1968 dans un parti autogestionnaire avec des équipes formées par le MLP, si on avait pu les garder et les valoriser.

Après avoir été militant à l’UGS, il adhéra, dès sa création, au PSU en 1960. Il y resta jusqu’à sa dissolution en 1989. Secrétaire fédéral de Seine- Maritime puis de Haute-Normandie d’octobre 1967 à 1971, brièvement membre de la DPN ( Direction politique nationale), il fut candidat de ce parti à de nombreuses élections (municipales, législatives, cantonales) où il fit souvent fait plus de 5%.
- municipales de 1965 à Rouen sur la liste commune PCF/PSU (aucun élu),
- législatives de 1967 dans la 1ère circonscription de Seine-Maritime (Rouen rive droite et canton de Darnétal) avec pour, suppléant Lucien Legrand, plus de 6%,
- cantonales de fin 1967 dans le 5ème canton de Rouen, plus de 8%,
- municipales partielles d’avril 1968 (un poste à pourvoir à la suite du décès du maire),environ 10% sur l’ensemble de la ville de Rouen,
- législatives de juin 1968 dans la 1ère circonscription de Seine-Maritime avec pour suppléant Lucien Legrand, plus de 8%,
- législatives de juin 1973 ( toujours 1ère cir. de S.M.) comme suppléant d’Odette Cahier environ 4,5%,
- municipales de 1977 à Rouen sur la liste commune de la gauche PC, PS, PSU et divers gauche.(aucun élu).

Après la dissolution du PSU, il rejoignit les Verts en 1993, dont il fut secrétaire régional de 1996 à 1998. Militant dans de nombreuses associations, il fut responsable du service d’Accueil des étrangers au Secours Catholique de 1999 à 2010.

Robert Dubreuil fut aussi président national de l’Amicale des professeurs d’histoire de Khâgne (Saint-Cloud-Fontenay) de 1988 à 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article214944, notice DUBREUIL Robert, Louis, Humbert par Blandine Pien-Badie, version mise en ligne le 26 avril 2019, dernière modification le 7 février 2022.

Par Blandine Pien-Badie

SOURCES : Questionnaire rempli par Robert Dubreuil. — Témoignages.

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