DARVES-BORNOZ Roger. Pseudonyme PARCEVAL Jean

Par Pierre Broué, Jacques Girault

Né le 2 juillet 1891 à Aix-les-Bains (Savoie), mort le 23 novembre 1989 à Grenoble (Isère) ; professeur de mathématiques ; militant des Étudiants collectivistes, de la CGTU, de la CGT et du Parti communiste de l’Isère ; conseiller municipal de Grenoble (1947-1959).

Fils d’instituteurs savoyards, Roger Darves-Bornoz fit des études secondaires au lycée de Chambéry (Savoie), passa le baccalauréat en 1909. Il prépara l’École polytechnique au lycée Ampère à Lyon, et inscrit sur la liste complémentaire au concours de l’École normale supérieure, fut boursier de licence en 1912. Il adhéra cette même année au Parti socialiste et devint secrétaire du groupe lyonnais des Étudiants collectivistes responsabilité qu’il exerça jusqu’en 1914 puis en 1919. Mobilisé en 1914, versé dans le service auxiliaire, il fut mis en sursis d’études en avril et démobilisé le 15 août 1919.

Revenu à Lyon, il y fut à nouveau secrétaire du groupe des Étudiants collectivistes et adhéra au Comité de la IIIe Internationale. Sa bourse ayant été transférée pour la Faculté des sciences de Strasbourg, il y poursuivit en 1919-1920 études et action militante (secrétaire du groupe des étudiants collectivistes). Il fut délégué au congrès de Strasbourg (25-29 février 1920) du Parti socialiste et à celui de Paris des étudiants collectivistes (juillet 1920). Il fut également reçu sixième sur 22 à l’agrégation de mathématiques en juillet et nommé au lycée Corneille de Rouen en septembre 1920. Militant dans le Parti socialiste pour l’adhésion à la IIIe Internationale, il fut délégué au congrès de Tours (intervention attribuée à Basilaire dans le compte rendu).

Il fut l’un des fondateurs du PC en Seine-Inférieure, collaborant notamment au Communiste de Normandie. Il rejoignit en 1922 la Fédération unitaire de l’enseignement. En 1924, il fut muté sur sa demande à Saint-Quentin (Aisne) et y lança le journal L’Exploité. Au congrès national de Clichy, le 17 janvier 1925, son intervention portait sur trois points :

— la préparation idéologique du Parti en vue de l’illégalité,

— la tactique du Parti face au développement de la crise de la métallurgie dans la Région parisienne.

— l’attitude générale dans le combat contre le fascisme.

Comme secrétaire de la commission municipale de la Région du Nord-Est, il participa à la préparation des élections municipales de 1925. Dans les Cahiers du Bolchevisme du 1er août 1925, un communiqué sur la « lutte contre la droite » le citait : « Sur les fautes on peut épiloguer, sur le résultat, point ». Il participa aussi plusieurs fois aux tribunes de discussion (le Parti n’est pas malade. Pourquoi parler bas ? 1er août 1925 ; « Reconnaissons nos erreurs », 15 octobre 1925). Dans ses interventions à la Conférence nationale d’Ivry le 18 octobre 1925, il indiquait la difficulté à transformer les sections en cellules dans sa région.

Au congrès de Lille (20-26 juin 1926), Parceval intervint plusieurs fois. Il demanda après le discours de Renaud Jean le 21 juin 1926, des éclaircissements sur le conflit entre Comité central et Bureau politique. Le 24 juin, il souligna « les dangers du Front unique poussé à l’excès ou réalisé sans les discussions nécessaires ». Selon un rapport de police, il faisait partie à Saint-Quentin du conseil d’administration d’une coopérative d’alimentation : La Fraternelle.

Darves-Bornoz et son épouse, Louise Frangnon, professeur communiste originaire d’Yzeure (Allier) furent nommés à Grenoble (Isère), lycée Champollion, en octobre 1928 et Darves-Bornoz y enseigna dans les classes de préparation à Saint-Cyr.

Il joua dans la région un rôle important, au comité régional du PC, à la rédaction du Travailleur Alpin où il assurait la chronique « À coups de piolet », dans le syndicat départemental affilié à la Fédération unitaire, et, à partir de 1934, dans le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et les coopératives « La Solidarité » et « Notre Foyer », un restaurant.

En 1936, il fut proposé comme « arbitre ouvrier » par la CGT dans de nombreux conflits du travail et contribua à la fondation de Peuple et culture. C’est vraisemblablement de cette époque que date le conflit aigu qui devait durer des années entre lui et François Campiglia — voir ce nom —, né de son refus d’être candidat aux élections, et peut-être de sa propension à jouer le rôle d’éminence grise. En 1938, il fut porté au poste de secrétaire adjoint de l’Union locale de la CGT.

Mobilisé en septembre 1939, il fut démobilisé en janvier 1940. Bien que fort connu comme militant du PC et surveillé par la police, il ne fut pas du nombre des militants arrêtés en novembre 1940, vraisemblablement en raison de sa qualité de professeur agrégé et d’une compétence professionnelle appréciée dans le milieu des parents de ses élèves. Darves-Bornoz fut déplacé d’office en 1941 à Nice mais le recteur de l’Académie d’Aix, le 31 janvier 1941, indiquait qu’il n’y avait pas de préparation à Saint-Cyr à Nice et ajoutait dans sa lettre au ministre : « il semble peu opportun d’introduire dans une ville frontière et dans une classe préparant à une grande école militaire un professeur déplacé en raison de son attitude politique ». Il fut affecté au lycée de Mâcon. Là, il milita clandestinement, d’abord au Secours populaire, puis au Front national dont il devint secrétaire départemental en 1944 sous le nom de Robert Duval. Il fut vice-président du Comité de libération de Mâcon, membre du comité départemental de libération de la Saône-et-Loire, conseiller municipal de Mâcon jusqu’en 1946, date à laquelle il fut, sur sa demande, renommé à Grenoble où il assura au lycée Champollion les classes préparatoires à Saint-Cyr, puis les mathématiques spéciales.

Roger Darves fut renommé en octobre 1946 à Grenoble avec son épouse qui prit sa retraite en 1958.

Roger Darves, membre du comité de la section communiste de Grenoble, participa au comité de la fédération communiste de l’Isère, puis à partir de 1953 à la commission fédérale de contrôle financier qu’il présida de 1959 à 1965. Il présida le comité départemental de France-URSS. Il était aussi au début des années 1960 élu au conseil d’administration de la section départementale de la Mutuelle générale de l’éducation nationale.

Élu conseiller municipal en 1946, il fut secrétaire du groupe communiste du conseil de 1946 à 1959, président départemental de France-URSS . Il prit sa retraite en 1956, et fut élu président d’honneur de l’Association des vétérans du Parti communiste dans l’Isère.

Bien connu pour sa silhouette, moustaches blondes et cravate à pois, il était redouté pour sa verve de polémiste, son caractère entier.

Roger Darves, conseiller municipal de 1947 à 1959, fut le secrétaire du groupe communiste. Par la suite, il fut candidat aux élections municipales de Grenoble sur la liste « démocratique et laïque » présentée par le PCF, le 14 mars 1965 qui, arrivée en quatrième position, avec 6 583 voix, se retira « pour battre l’UNR » alors que seule la liste d’« Union socialiste et d’action municipale », dirigée notamment par Hubert Dubedout*, s’opposait à la municipalité sortante.

Roger Darves et son épouse habitèrent Yzeure, tout en conservant leur appartement à Grenoble.

Son fils Roland (dit Louis Perceval) né vers 1925, ingénieur général du génie rural des eaux et forêts, mourut le 27 décembre 1982 à Bormes-les-Mimosas (Var) — cf. Le Monde, 30 décembre 1982. Il était collaborateur de la section économique et de la section agraire du Comité central du PCF et auteur d’ouvrages sur l’agriculture.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21498, notice DARVES-BORNOZ Roger. Pseudonyme PARCEVAL Jean par Pierre Broué, Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 10 août 2021.

Par Pierre Broué, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13090, F7/13091, F7/13092, F7/13747, F7/13748. — Arch. Dép. Aisne, 2 M 1/175, rapport du 31 août 1928 (microfilm). — Arch. Dép. Isère, 52 M 119, 82 M 5. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, ex-I.M.Th., bobines 88 et 89. — Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, 4e trimestre 1970, « Délégué au congrès de Tours ». — L’Humanité, 29 avril 1980, « Enquête sur le congrès de Tours ». — Le Congrès de Tours : édition critique, op. cit.Le Travailleur alpin, passim. — P. Champion, Biographies de militants communistes, TER Grenoble, 1973. — Arch. Nat. F/17 26553, 26978. — RGASPI, 517,1, 1893, 1908. — Arch. comité national du PCF. — Notice DBMOF, par Pierre Broué. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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