IACONELLI ou JACONELLI Louis [Pseudonyme : Le Valeureux)

Par Daniel Grason

Né le 14 mai 1926 à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 3 mars 1945 à Nordhausen (Allemagne) ; électricien ; sympathisant communiste ; résistant FTP ; déporté.

Louis Jaconelli
Louis Jaconelli

Fils de Nicandro et de Dominica Nirot, Louis Iaconelli français par la naturalisation de ses parents vivait au domicile familial 155 avenue Victor-Hugo à Aubervilliers. Titulaire du CEP, électricien il travailla jusqu’au début mars 1944 chez Mercereau 32 rue Saint-Lazare à Paris (IXe arr.) Sympathisant communiste, un voisin Lucien Reynaud dit « Marcel » qui demeurait 21 passage des Chalets lui donnait des tracts. En février 1944, il lui proposa de rejoindre les FTP, il accepta devint « Le Valeureux ».
Louis Iaconelli rencontra successivement trois hommes, le dernier le mettait en rapport avec « Grand Père », responsable de la région. Ce dernier lui donna le contact avec « Prophète » [Pierre Braun], responsable du groupe dont il faisait désormais partie. Celui-ci lui donna l’ordre de quitter son travail pour se consacrer uniquement aux FTP. Huit jours plus tard, il recevait la somme de mille francs. « Prophète » le présenta à « Alain », puis à « L’Indien ».
Première action le 29 mars 1944, vol d’une bicyclette chez un marchand de cycles avenue Émile-Zola dans le XVe arrondissement de Paris. « Prophète » [Pierre Braun] était armé d’un Colt, il remettait à Louis Iaconelli un pistolet à barillet, Alain portait un pistolet 6,35 m/m. Deux FTP faisaient le guet sur l’avenue. Dans le magasin, aucun client, les FTP se présentèrent comme des membres de la France combattante d’obédience gaulliste. Discussion avec le propriétaire qui fit part de ses difficultés et les convainquit de ne voler qu’un vélo. Avant de partir, le fil du téléphone a été arraché.
Le soir les FTP se retrouvaient au métro Combat [colonel Fabien] dans le XIXe arrondissement, il fallait se procurer une arme sur un gardien de la paix ou un soldat allemand. « Alain » connaissait l’adresse d’un policier qui vivait rue Morand (XIe arr.). Coup de sonnette chez la concierge, il habitait bien là, au premier étage face à l’escalier. Louis Iaconelli, frappa à la porte, une femme ouvrit, Iaconelli la poussa dans l’entrée, deux FTP l’encadrèrent. Le gardien de la paix était assis dans la cuisine le dos tourné, Iaconelli était armé d’un 6,35 mm sans chargeur, il menaça le policier qui refusait de donner son arme de service. La femme criait, lui disait « Donnes ton arme, c’est inutile de te faire tuer. » Le gardien de la paix se dirigea vers la chambre, ouvrit la porte d’un placard où se trouvait l’arme. Jaconelli le devança, subtilisa le pistolet.
Le 1er avril 1944, il faisait partie de l’équipe qui attaqua une boulangerie dans le XVIIe arrondissement. Louis Iaconelli, « Prophète », « L’Indien » et « Leroux » rentrèrent dans la boutique, Lucien Reynaud dit « Marcel » resta à l’extérieur en protection. « Prophète » rafla les tickets qui étaient sur le comptoir. Tous se retirèrent sans incident. Louis Iaconelli se sépara de l’arme du gardien de la paix, il la donna à « Prophète » qui la remettait à « Alain ».
Le 12 avril 1944, cinq inspecteurs de la BS2 appréhendèrent Louis Iaconelli au domicile familial, sa biographie avait été trouvée sur Pierre Braun. Fouillé il portait sur lui des papiers annotés et un plan manuscrit au crayon. Les policiers saisissaient : un tract et une circulaire des FTP, un journal ronéoté France d’abord, une lettre manuscrite, et un plan du métro annoté. Louis Iaconelli était inconnu des différents services de la police.
Incarcéré à Fresnes, Louis Iaconelli était le 15 août 1944 dans le convoi de 1654 hommes qui partit de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) à destination de Buchenwald (Allemagne). Après cinq jours dans des wagons de marchandises, les détenus arrivèrent épuisés au camp de concentration.
Louis Iaconelli matricule 77781 transita par Buchenwald, fut dirigé sur Ellrich kommando de travail des camps de concentration de Buchenwald et de Dora. Les détenus travaillaient au creusement de galeries souterraines et de travaux de génie civil. Probablement épuisé, inapte au travail, il a été transféré à Nordhausen où il mourut le 3 mars 1945.
Domenica Iaconelli, mère de Louis témoigna après la Libération devant la commission d’épuration de la police. Sur photographies, elle reconnut des inspecteurs qui arrêtèrent son fils : « Amené à la Préfecture de police dans les locaux des Brigades spéciales il y est resté une semaine, puis, il é été incarcéré à Fresnes et ensuite déporté en Allemagne le 15 août 1944. Rien n’a été dérobé lors de la perquisition effectuée à son domicile. » Elle ignorait si son fils avait fait l’objet de sévices.
Homologué Déporté, interné, résistant (DIR), Louis Iaconelli a été déclaré « Mort pour la France ».
En 1994 une plaque commémorative honorant sa mémoire a été dévoilée sur la façade du 155 avenue rue Victor-Hugo où il avait vécu par le maire Jacques Salvator son petit cousin : « Ici a habité Louis Iaconelli né le 14 mai 1926 mort au camp d’Ellrich à 18 ans », son nom a été gravé sur le Monument aux Morts 1939-1945 au cimetière communal d’Aubervilliers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215094, notice IACONELLI ou JACONELLI Louis [Pseudonyme : Le Valeureux) par Daniel Grason, version mise en ligne le 1er mai 2019, dernière modification le 25 mai 2020.

Par Daniel Grason

Louis Jaconelli
Louis Jaconelli

SOURCES : Arch. PPo. GB 131, 77 W 3111-291698, 77 W 3116-306505. – Livre-Mémorial FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Bureau Résistance GR 16 P 303351. – JO 1994 p. 10278-10291. – Henri Calet, dans son ouvrage Les murs de Fresnes, Éditions Viviane Hamy, 1993, consacra quatre pages à Louis Iaconelli, sa mère témoigna dans Contre l’oubli, préface de Pascal Pia, de Henri Calet, rééd. Les Cahiers rouges, 2010. – Nos remerciements à Mario Niro petit cousin de Louis Iaconelli pour les informations qu’il nous a communiquées.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 181

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