DAUBARD Jean

Par Jacques Girault

Né le 29 avril 1926 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), mort le 28 mars 2012 à Paris (XIIe arr.) ; instituteur ; militant syndicaliste, secrétaire général du SNI (1967-1969) ; secrétaire général de la FIAI ; secrétaire général de la FGR (1987-1990).

Fils d’un ouvrier forgeron aux mines de Blanzy, de religion protestante, Jean Daubard, élève de l’école primaire supérieure de Montceau-les-Mines, entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Dijon (Côte-d’Or) en 1944. Bachelier en 1947, il enseigna à partir de 1948 dans diverses écoles de Côte-d’Or : Labergement-les-Seurre (1948-1950), école primaire puis collège d’enseignement général de Seurre (1950-1962). Il effectua son service militaire à Belfort et se maria en juillet 1948 à Seurre avec un professeur d’enseignement général des collèges. Le couple eut deux enfants et divorça en 1980.

Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, secrétaire de la section à partir de l’année 1957-1958, Jean Daubard, lors de la réunion du conseil national, le 31 mars 1958, commenta le rapport de Pierre Desvalois sur le fonctionnement des organismes paritaires, de l’avancement et souligna les difficultés pour les promotions rencontrées dans son département. Au congrès national de Brest, en juillet 1958, il fit partie de la commission des résolutions. Dans son intervention, il craignit une erreur tactique si le syndicat répondait négativement pour le référendum en l’absence de publication du projet de Constitution et, lors de la réunion du conseil national extraordinaire, le 8 septembre 1958, qui l’examina, il fut assesseur, fonction qu’il occupa à nouveau lors du congrès national à Strasbourg, le 6 juillet 1960, dans la discussion du rapport de Robert Dernelle sur la vie à l’école. Lors de l’élection du bureau national en décembre 1959, il figurait en dix-huitième position sur la liste majoritaire « Pour un syndicalisme indépendant, réaliste et constructif ». Deux ans plus tard, le 22 décembre 1961, candidat sur une liste analogue en seizième position, élu au treizième rang, il entra au secrétariat permanent, chargé des questions des jeunes, de la propagande syndicale, de la liaison avec le secteur postscolaire et les mouvements de jeunesse. Il présidait aussi la commission « organisation et propagande » et la commission nationale des jeunes, chargé de signer les éditoriaux « Jeunes du SNI Ecoles normales de France » encarté dans L’École libératrice à partir de 1962. Organisateur de la journée d’études du SNI du 15 février 1963 sur les écoles annexes et d’application des écoles normales consacrée à « La formation professionnelle des instituteurs », il intervint principalement sur les remplaçants. Réélu au bureau national, le 22 décembre 1963, en quatrième position, il conserva les mêmes responsabilités (propagande syndicale, liaison avec le secteur post-scolaire et les mouvements de jeunesse), tout en étant le secrétaire de commissions de travail (commissions sociale, jeunes) et membre des commissions corporative, laïque et des finances. Il rédigea la chronique hebdomadaire « Au fil de la semaine » de L’École libératrice à partir de 1964. Toujours secrétaire de la section syndicale de Côte d’Or, réélu au bureau national en décembre 1965 sur la liste « de la majorité nationale. Pour un SNI puissant au service de tous dans l’unité, l’indépendance et la démocratie », il conserva toutes ses responsabilités et participa à la commission administrative.

Après la démission du secrétariat général de Pierre Desvalois, futur retraité, Jean Daubard devint en janvier 1967, le nouveau secrétaire général du SNI. Dans sa présentation, Desvalois indiquait que Daubard était aussi le secrétaire général de la Jeunesse au Plein Air. La confortable majorité des militants « autonomes » connaissait des difficultés se traduisant notamment par le changement de majorité dans certaines sections départementales. Veillant à maintenir la volonté du SNI de ne pas être compromis par une attitude bienveillante du SNI par rapport à la politique éducative du gouvernement, il défendit avec son syndicat le maintien de la formation des instituteurs dans les écoles normales limitant l’intervention des universités. Son expérience personnelle le rendait réticent devant la volonté de certains instituteurs à acquérir des diplômes universitaires qui pourraient servir de bases à une évolution du statut professionnel avec la transformation des collèges d’enseignement général en collèges d’enseignement secondaire. Cette attitude expliqua notamment la création du Syndicat national des collèges. Aussi, son organisation fut-elle un peu déstabilisée lors des événements de mai-juin. Il participa au rassemblement du stade Charléty mettant à mal la conception affirmée depuis la Libération, par le courant majoritaire du SNI, de l’attitude indépendante par rapport à l’engagement politique. Contestant la décision de cesser la grève, des militants minoritaires « gauchistes » occupèrent pendant quelques heures les locaux du SNI. Mais Daubard, d’accord avec les dirigeants de la FEN, participa en juin 1968 à la conférence de Grenelle et assura la prise de notes de la réunion pour la FEN. Il fut aussi partie prenante des négociations qui suivirent sur la fonction publique.

Il devint membre suppléant de la commission administrative nationale de la Fédération de l’Education nationale à partir de novembre 1962 dans la délégation du SNI, renouvelé dans cette responsabilité au congrès de novembre 1964. Il était secrétaire de la commission de la jeunesse. Membre du bureau de la FEN en 1967, réélu à la CA de la FEN lors des congrès de novembre 1969 et de novembre 1973, il fut suppléant de cette instance en février 1976, en février 1978 et en 1980.

Jean Daubard était aussi actif sur le plan international puisque depuis le début de 1969 il exerçait, en plus des questions générales, la principale responsabilité du SNI dans les relations internationales. Il en résulta de 1970 à 1982 son accession au secrétariat général de la Fédération internationale des associations d’instituteurs et comme membre du comité exécutif de la Confédération mondiale des organisations du personnel enseignant.

Cette activité s’ajoutant aux effets des discussions internes sur les structures syndicales expliquèrent l’annonce de L’École libératrice, le 25 avril 1969, du secrétariat permanent du SNI : Jean Daubard, « au retour d’une rencontre internationale d’études […] a dû interrompre provisoirement son activité syndicale pour raisons de santé ». Lors de la réunion du bureau national, le 13 mai 1969, Jeanne Lordon, « élu la plus ancienne », lisait sa lettre de démission du secrétariat général. Pierre Chevalier, présentant la candidature d’André Ouliac au secrétariat général, indiquait ses liens d’amitié avec Daubard, son voisin dans la vie privée. Le secrétaire pressenti insista sur la nécessaire unanimité qui devait exister dans le secrétariat permanent qui ne pouvait fonctionner que « dans un climat de totale loyauté et de camaraderie ».
Jean Daubard demeura membre du bureau national du SNI jusqu’en mars 1970 sur la liste conduite par André Ouliac. Il devint le secrétaire général de la Fédération internationale des associations d’instituteurs et conserva cette responsabilité jusqu’en 1982, année de sa retraite.

Membre du bureau de la Fédération générale des retraités (1983-1992), il en devint secrétaire général de 1987 à 1990.

Par la suite, Jean Daubard refusa de témoigner dans le séminaire sur l’histoire du syndicalisme enseignant organisé par le Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et le centre fédéral de la FEN. Il accepta de participer à une table-ronde organisée, en 1988, par le CRHMSS sur les négociations de Grenelle publié par Matériaux, revue de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine. Au moment de la création du comité de parrainage de l’HIMASE, il accepta finalement d’en faire partie.

Ses obsèques se déroulèrent le 2 avril 2012 au crématorium du Père Lachaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21514, notice DAUBARD Jean par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 10 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. PPo 722590 (dossier Dernelle). — Renseignements fournis par le centre Aigueperse de l’UNSA-Éducation (L. Bentz, M. Gevrey, G. Putfin). — Presse syndicale.

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