DAUDENTHUN André, Julien, dit DAUDE

Par Jean-Michel Brabant, Rodolphe Prager

Né le 2 juillet 1909 à Calais (Pas-de-Calais), mort le 22 juin 1981 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier métallurgiste, syndicaliste et militant socialiste, puis trotskiste.

Fils d’un ouvrier métallurgiste socialiste et révolutionnaire, André Daudenthun (parfois orthographié Daudenthin) devint, après des études secondaires, ouvrier métallurgiste à son tour. Sa mère tint un café à Lille et à Madeleine-lez-Lille et c’est à Lille qu’il adhéra en 1930 à la Jeunesse socialiste. L’année suivante il s’installa à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) et devint membre de la section locale de la JS, s’employant, en particulier, aux contacts avec l’étoile nord-africaine animée par Messali Hadj. Se situant dans la tendance de gauche de la Fédération de la Seine de la JS, il adhéra au Groupe bolchevik-léniniste de la SFIO qui regroupait les trotskistes qui avaient choisi de militer dans ce parti en août 1934. Après l’exclusion des trotskistes de la SFIO fin 1935, Daudenthun suivit la tendance de Pierre Frank* et Raymond Molinier* qui lança le journal La Commune le 6 décembre 1935. Il s’associa à la tentative de susciter une large union autour des Groupes d’action révolutionnaires et participa à la création, par sa tendance, du Parti communiste internationaliste, les 7-8 mars 1936, et fut élu à son comité central.
À cette époque, il fut condamné par la 17e Chambre correctionnelle de Paris à quinze jours de prison et 5 000 francs de dommages et intérêts pour coups et blessures à l’encontre d’un membre du mouvement d’extrême droite des Volontaires nationaux de Levallois-Perret. Sa peine fut confirmée en appel, en octobre 1938, mais les peines ne furent pas exécutées. Il fut alors membre du Parti ouvrier internationaliste, créé en juin 1936 par la fusion des tendances trotskistes. Il participa à l’intervention de ce parti en direction des entreprises. En 1937 il fut élu à la Commission exécutive de la section syndicale CGT de l’usine de construction de camions Willême de Nanterre (Seine), en dépit de ses désaccords notoires avec la politique pratiquée par ce syndicat. En juin de la même année, Daudenthun se présenta aux élections municipales de Saint-Denis au nom du POI sur une liste dirigée par Fred Zeller*. Partisan de l’adhésion collective des trotskistes au Parti socialiste ouvrier et paysan de Marceau Pivert*, il rejoignit ce parti en février 1939.
Mobilisé en septembre 1939, il participa en 1940, après sa démobilisation, avec Jean Rous* à la création du Mouvement national révolutionnaire. En contact en 1941 avec l’organisation trotskiste reconstituée sous l’Occupation, il fut arrêté à son domicile fin juin 1941 et interné au camp de Royallieu (Oise) où il fut attaqué par des responsables communistes du camp. Il parvint à s’évader, fin décembre 1941, avec deux codétenus à la faveur d’une corvée à l’extérieur, et se réfugia dans l’Yonne puis en Bretagne. En 1943, il rallia le maquis de Champagnole (Jura) où lors d’un engagement, son demi-frère fut fusillé.
À la Libération, il adhéra au Parti communiste internationaliste qui regroupait les forces trotskistes de diverses nuances, depuis février 1944, dans la clandestinité et fit partie de la cellule d’Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Il entreprit, en même temps, un travail politique à l’intérieur de la section de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) de la SFIO qui s’acheva par son exclusion prononcée par la Commission nationale des conflits. À l’encontre des décisions du PCI, il rejoignit en 1948 le Rassemblement démocratique révolutionnaire de Jean-Paul Sartre et David Rousset qui ne connut qu’une brève existence. Il finit par militer en 1950 dans le groupe Le Communiste animé par Michèle Mestre* et Mathias Corvin* qui déclarait œuvrer au « redressement révolutionnaire » du PCF.
Sur le plan professionnel, Daudenthun fut après la guerre marchand forain puis fut employé comme manutentionnaire à la FNAC où il fut élu délégué du personnel au titre de la CGT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21530, notice DAUDENTHUN André, Julien, dit DAUDE par Jean-Michel Brabant, Rodolphe Prager, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Jean-Michel Brabant, Rodolphe Prager

SOURCES : La Commune, 1936 et 14 janvier 1938. — La Lutte ouvrière, 1936-1938. — Révolution, octobre 1936. — S. Ketz, De la naissance du GBL à la crise de la section française de la LCI (1934-1936), mémoire de maîtrise, Paris I, 1974. — Témoignages de Mme Daudenthun et de Louis Bonnel.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable