LEVADOUX, Jean, Baptiste

Par Eric Panthou

Né le 14 février 1905 à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme), abattu par erreur par les Allemands le 16 juillet 1944 à Giat (Puy-de-Dôme), mort suite à ses blessures le 19 juillet 1944 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; ouvrier typographe ; membre du Syndicat CGT du Livre, victime civile mais reconnu membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), ancien de "Franc-Tireur".

Plaque Jean Levadoux à Giat

Fils de André, cultivateur, et de Anne, née Court, Jean -Jean-Baptiste sur son acte de naissance- Levadoux avait un frère, Pierre, et une sœur, Marie Suzanne. Il appartenait à une vieille famille de Châtel-Guyon.
Il se maria le 8 janvier 1927 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) avec avec Cécile Renée Bellosta. Divorcé, il se remaria le 20 février 1943 avec Léonie Redhon. Il n’eut pas d’enfant avec cette dernière mais il reconnut la fille qu’elle avait eue d’un père inconnu.
Il habitait 22 place Sugny à Clermont-Ferrand au moment de la guerre et était ouvrier typographe au quotidien L’Avenir.
A une date qu’on ignore, il rejoignit la Résistance au sein du Mouvement "Franc-Tireur", sous les ordres du capitaine Sylvestre, de Beaumont (Puy-de-Dôme). Il a dans ce cadre participé à plusieurs opérations et fournissait des renseignements au maquis selon l’attestation du lieutenant-colonel Noli, Président régional des anciens des Maquis d’Auvergne.
Il est mort des suites de ses blessures après avoir reçu par erreur une une balle explosive en pleine tête, par ricochet, le 16 juillet à Giat (Puy-de-Dôme). Il était ce jour là en visite dans sa belle-famille à Villevergne, hameau de Giat. Levadoux et sa belle-sœur, Marie Redon, venaient de sortir d’un débit de boisson et s’apprêtaient à repartir en vélo quand madame Villedieu, l’hôtel du Commerce, route de Flayat, les interpella et engagea la conversation. Il fut touché alors qu’il se trouvait devant le perron de l’hôtel du Commerce.
Plusieurs colonnes allemandes traversèrent Giat ce jour là. Parmi elles, une colonne allemande venant Saint-Merd-la Breuille (Creuse) et se dirigeant vers la Normandie via Crocq et Aubusson (Creuse). Ces colonnes appartenaient à la Brigade Jesser qui venait de commettre le massacre de Bourg-Lastic le 15 juillet et qui avait agi en Haute-Corrèze et en Creuse pour harceler les maquis de la région. C’est en revenant de cette expédition contre les maquis que la colonne rapide et la colonne lente se sont rejointes à Herment (Puy-de-Dôme).
Le coéquipier du pilote du side-car fermant la marche du convoi repéra trois résistants en uniforme de chantier avec leur pistolet à la ceinture sur le même trottoir que Jean Levadoux et sa belle-sœur. Selon le témoignage de madame Villedieu, un était surnommé l’Anglais, alias Alexandre Pavia, tué bientôt dans la région de Crocq (Creuse), le second était Jean Dziewa (demeurant à Londres en 1946), dont les parents habitaient le hameau de Folliat à Giat, le troisième étant un dénommé François Martin, fils domicilié à Villemeyre, hameau de Giat. Les 3 hommes arboraient une cocarde tricolore. Martin appartenait à un groupe de résistant organisés dans le secteur de Villemeyre. On suppose qu’ils venaient s’approvisionner au village ce jour là. Quand la colonne arriva, Madame Villedieu alerta les maquisards mais ceux-ci n’en tinrent pas compte et quand la première voiture a dépassé les trois maquisards des cris "Maquis", "Maquis", "Maquis" sont partis de cette voiture qui a stoppé aussitôt. Le motocycliste qui suivait fut surpris par l’arrêt brutal et chuta. Les maquisards s’enfuirent tandis que les Allemands tombés tiraient trois coups de feu sans les atteindre puis deux autres dans la cour d’où ils s’étaient enfuis. Alors que madame Villedieu s’étaient enfui immédiatement, Jean Levadoux était resté appuyé sur son vélo, et c’est ainsi qu’il fut tué. Selon le témoignage de son neveu, il fut touché mortellement à la tête alors qu’il s’était baissé. Les trois résistants purent s’enfuir.
Les Allemands se rendirent compte de leur erreur ; quatre ou cinq d’entre eux, dont un officier, placèrent le blessé sur le trottoir, se sont mis au garde-à-vous, ont salué pendant un court instant puis sont partis en prononçant ces paroles : "Malheur, victime, faute Maquis". Le docteur de Parient fut appelé immédiatement, constant l’extrême gravité des blessures, une partie du crane ayant éclaté. Le blessé fut dans un premier temps transporté à la clinique de Giat puis le 18 juillet, l’épouse de Jean Levadoux fit prendre son mari par une ambulance pour qu’il soit opéré à Clermont-Ferrand.
C’est chez lui qu’il succomba après avoir été trépané à l’hôpital.
Relatant le décès de son confrère, la rédaction du quotidien L’Avenir, évoqua une mort par "accident".
Il fut inhumé le 22 juillet après une cérémonie à la cathédrale de Clermont-Ferrand. La direction, l’administration et tout le personnel du journal ainsi que les membres de la section locale de la Fédération du Livre furent présents. C’est Bargeot, secrétaire du Syndicat du Livre qui rendit un dernier hommage à Jean Levadoux dans un discours d’adieu au cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand.

Il a été reconnu “Mort pour la France”, homologué FFI.
S’il fut, selon la base Mémoire des Hommes, homologué FFI, il semble qu’on ne fit jamais état d’un éventuel engagement de Jean Levadoux dans la résistance, au sein de sa famille. Néanmoins, selon une même source familiale, la visite de Jean Levadoux dans sa belle famille n’aurait pas été fortuite. Il serait venu pour échapper éventuellement à une rafle qui aurait eu lieu ou devait avoir lieu à Clermont- Ferrand, là où il travaillait. Peut-être aussi que cette homologation fut établie pour conférer des droits à sa famille. L’étude de son dossier répondra peut-être à cette question.

Une plaque commémorative à son nom et sur le lieu où il a été blessé mortellement a été érigée par ses camarades de travail. Son nom figure également sur le monument aux Morts de Villevergne, à Giat. Une rue Jean Levadoux existe dans sa commune de naissance à Châtel-Guyon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215441, notice LEVADOUX, Jean, Baptiste par Eric Panthou, version mise en ligne le 10 mai 2019, dernière modification le 16 avril 2021.

Par Eric Panthou

Plaque Jean Levadoux à Giat
Jean Levadoux
Jean Levadoux
Portrait de Jean Levadoux

SOURCES : AVCC, AC 21 P 78895. Dossier Jean Levadoux .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 496 : liste des fusillés, des massacrés dans la région du Puy-de-Dôme, 1er mars 1945 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 130 : enquêtes sur crimes de guerre. Giat, assassinat .— Témoignage de Jean-Claude Roy, neveu par alliance, reçu le 10 mai 2019 .— Mémorialgenweb .— Nécrologie de Jean Levadoux, L’Avenir du Plateau central, 21 juillet 1944 .— Compte-rendu de ses obsèques, L’Avenir du Plateau central, 24 juillet 1944 .— état civil Châtel-Guyon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable