FRYD Rywka [ou FRID Rywka épouse Chapochnik jusqu’en 1947, puis épouse Grynvogel]. Pseudonyme : Odette, Rosine, Gisèle Mermet

Par Régis Le Mer

Née le 1er juillet 1923 à Tuszyn (Pologne), mort le 24 décembre 1999, résistante.

Fille de Jenkel Fryd et Ruchla Kac, juifs polonais, Rywka Fryd était arrivée avec ses parents, son frère Simon et sa sœur jumelle Lola en France en 1936. La famille Fryd travaillait à la confection de pantalons, passage Molière à Paris (3e arr.), où la famille habitait également.
Le 24 octobre 1939, Rywka Fryd épousa à Paris (3e arr.) Nathan Chapochnik. Le couple s’installa rue Saint-Sauveur à Paris. Son époux était fourreur.

Le 31 décembre 1941, Rywka Fryd s’enfuit avec son époux en zone Sud. Ils rejoignirent en train Semur-en-Auxois, se firent héberger par la mère d’une amie parisienne, le lendemain ils prirent un train pour Chagny et traversèrent à pied et de nuit la ligne de démarcation. Arrivés en zone sud, ils prirent à nouveau un train pour gagner Lyon, où plusieurs membres de la famille de Nathan Chapochnik vivaient déjà depuis quelques mois. Son frère, Simon Fryd, qui s’était évadé d’un camp de transit, les rejoignit en 1942. Leur père Jenkel Fryd était décédé au début de la guerre. Leur mère Ruchla Fryd (née en 1889) fut raflée le 16 juillet 1942, internée à Drancy, et déportée pour Auschwitz le 29 juillet 1942, où elle disparut.
Fin 1942, Nathan Chapochnik s’engagea dans la résistance à Lyon, d’abord au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France et son épouse Rywka intégra avec lui un groupe auquel appartenait rapidement son frère Simon Fryd, un dénommé Schmulek pseudo « Farber », Simon Zalcerman pseudo « Fred ». Elle commença par être employée comme agent de liaison entre les groupes de combattants, en transportant des armes ou des explosifs avant les coups de mains. Jusqu’au mois de mai 1943, elle participait également à la transmission de messages entre le commandement supérieur et les différents niveaux subalternes.

Parallèlement, dès le mois d’octobre 1942, le couple Chapochnik travailla pour les actions de propagande de l’ l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE, qui fait partie du Front National) en fabriquant des journaux et tracts en français et en yiddish. Elle participa à des distributions de tracts et au collage d’affiches et de papillons. L’UJRE avait plusieurs imprimeries clandestines, dont quatre à Lyon. Nathan et Rywka Chapochnik installèrent une de ces imprimeries chez eux, avenue Thiers à Villeurbanne (au numéro 80 selon les souvenirs de Nathan Chapochnik), pendant quelques semaines, avant que l’UJRE ne trouva un local plus discret et plus approprié. Le couple vivait alors au rez-de-chaussée et sa belle-mère, au fonds de la cour, à la même adresse. Ils imprimaient des journaux clandestins et des tracts du groupe Solidarité, l’une des composantes de l’UJRE. Tout se faisait de manière très artisanale à la ronéo. Rywka, ainsi que Roman Krakus maniaient la ronéo. D’autres se chargeaient de les récupérer. Il y avait la boutique de fourrure côté rue, la ronéo dans l’arrière-boutique.

Le 1er novembre 1942, Rywka intégra avec son mari les Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Elle fit partie du détachement Carmagnole à Lyon, formant le premier groupe de résistance armée pour les régions de Lyon et Grenoble.
Fin mai 1943, Rywka Chapochnik fut mutée, quelques temps à Grenoble où elle œuvrait comme agent de liaison entre Eugène Saccard pseudo « Léon » et Claude Urman d’un côté, Gilles Najman de l’autre. Puis, dans le sud, elle intégra les Francs-tireurs et partisans à Nice. Elle fut à nouveau agent de liaison : deux fois par semaine, elle transportait les rapports d’activité des groupes FTP-MOI entre Nice et Marseille sur les activités dans les Alpes-Maritimes. Elle transporta des armes (mitraillettes, grenades, récupérées laissées par les troupes italiennes après leur départ en septembre 1943 ; ou lors de parachutages alliés) entre les différents dépôts niçois : rues Victor Hugo, Biscarra, Trachel ou Boissy d’Anglas.
Elle participa également à plusieurs actions et coups de mains comme l’attaque du café Noailles à Nice en 1943, ou l’attaque de l’assemblée générale de Milice.

Après le débarquement en Normandie, Rywka fut mutée à l’état-major interrégional de Marseille et recevait les ordres de mission d’Hélène Taich. Elle habitait alors rue de la Banque à Marseille. A partir de la mi-août 1944, elle participa à diverses actions liées à la libération de la ville à venir. Le 27 août 1944, elle fut requise par les états-majors des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) de Marseille (commandant Lamaison, pseudo « Vauban » et commandant Robert) pour organiser les liaisons entre ces états-majors et toutes les unités FTP-MOI des Bouches-du-Rhône. Le 31 août 1944, les combats ayant presque cessé dans la région, elle fut chargée d’emporter à Paris toute une série de rapports, récits, ordres de marches à René Camphin dit « colonel Baudoin », commandant militaire national des FTPF. Ce fut la dernière mission de Rywka pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa mission accomplie, elle demanda à être démobilisée, ce qui fut fait le 3 septembre 1944 à Paris.

Nathan et Rywka Chapochnik divorcèrent en 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215455, notice FRYD Rywka [ou FRID Rywka épouse Chapochnik jusqu'en 1947, puis épouse Grynvogel]. Pseudonyme : Odette, Rosine, Gisèle Mermet par Régis Le Mer, version mise en ligne le 11 mai 2019, dernière modification le 8 août 2019.

Par Régis Le Mer

SOURCE : SHD GR 16 P 119689 ; - Arch. Paris acte de mariage (1939) 3M279 ; - Régis Le Mer. Imprimeurs clandestins à Lyon et aux alentours (1940-1944). Le Coteau : Mémoire active, p. 129-130. Archives familiales. CHRD, fonds Chapochnik Ar. 2145 ; fonds Carmagnole Ar. 1167.
IMAGES ET SON : Témoignage de Francis Chapochnik, enregistrée le 11 juin 1997, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, 82 mn.

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