Par Daniel Grason
Né le 19 novembre 1921 à Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 12 novembre 2015 à Darnétal (Seine-Maritime) ; instituteur ; résistant FTP ; commissaire technique de la région X (Paris-nord).
Fils de René Lelièvre, négociant, et d’Hélène Vuillot, sans profession, Roger Lelièvre était titulaire de la première partie du baccalauréat, il exerça la profession d’instituteur. Il vivait chez ses parents 149 rue de Paris à Epinay-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis).
Au mois de juillet 1943, il a été appelé par le Service du travail obligatoire (STO) en juillet 1943 pour aller travailler en Allemagne, il ne répondit pas. Il s’engagea dans l’organisation Todt, travailla deux mois dans la région de Cherbourg (Manche).
Roger Lelièvre vivait chez ses parents 149 rue de Paris à Epinay-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis). À la mi-décembre 1943, il fit la connaissance de Albert Thouvenin. Celui-ci connaissait sa situation, il lui proposa d’entrer dans une organisation de résistance qui avait pour objectif de « libérer le territoire ». Permanent il serait rétribué 2500 francs par mois, un acompte substantiel lui fut versé.
Albert Thouvenin dit Lucien lui fit un exposé sur l’organisation qui devait saboter des voies ferrées et récupérer des armes. Roger Lelièvre lui fit part de ses réticences, Thouvenin le rassura, il serait « auxiliaire » chargé des écritures de la préparation d’explosifs et du service sanitaire. Albert Thouvenin lui présenta « Olivier » René Lefevre le commissaire aux effectifs qui lui donna comme pseudonyme « Henri », puis « Théophile » dont il garda le diminutif « Théo ».
Il participa à une réunion au café Chez Auguste rue de Paris à Épinay (Seine, Seine-Saint-Denis). Raymond Thouvenin « Lucien » le présenta à une dizaine de jeunes garçons et filles sous le pseudonyme « Le Technicien », puis fit un exposé sur la situation.
Par René Lefevre dit « Olivier » Roger Lelièvre eut le contact la première quinzaine de janvier 1944 avec le responsable Interrégional. Il fut chargé de trouver des « planques », rencontra des FTP : « Simon », « Marius », « Bob », « Tom », « Jackie », « André », « Alain » et « Claude ». Quelques jours avant la mort de Thouvenin, il remarqua deux automobiles de la police stationnés devant son domicile au 143 rue de Paris à Roger Lelièvre alla prévenir « Olivier », Thouvenin sortait de son domicile. Tous deux se rendaient rue des Thermes à Enghien-les-Bains prévenir Renée Plançon ex. Blavier, [Albert Thouvenin>158545] resta et fut abattu par des gendarmes.
Les FTP de la région X avaient conscience qu’ils étaient traqués par les gendarmes et les policiers. Achille Noullez et Roger Lelièvre rencontrèrent Jack Cousin et Jean Couchouron qui avaient été coupés de l’organisation. Il eut un rendez-vous avec « Jojo » (Roger Imbert). Roger Lelièvre insatisfait des actions des FTP informa « Olivier » René Lefevre de sa décision.
Le 30 mars 1944 vers 21 heures cinq inspecteurs de la BS2 se présentèrent au domicile de Roger Lelièvre. Fouillé, il n’était porteur ni de document ni d’objet suspect. Le logement a été perquisitionné, les policiers saisissaient : un rapport d’activité, plusieurs papiers manuscrits, une fausse carte d’identité portant sa photographie établie au nom de Fontana, neuf feuilles et des produits pharmaceutiques. Roger Lelièvre était inconnu des différents services de police et aux sommiers judiciaires. Les produits pharmaceutiques ont été remis à la Maison de santé des Gardiens de la Paris.
Lors de son interrogatoire, il fit part de ses pérégrinations au sein des FTP, de son enthousiasme puis de ses déceptions. Les inspecteurs de la BS2 voulaient en connaitre davantage. Face à eux il affirma : « Je n’ai jamais participé à une action quelconque, je n’ai jamais été armé. Je sais que j’appartiens à la région H…, je sais que mon matricule commençait par 39… » Roger Lelièvre a été battu sévèrement une dizaine de fois, il connaissait le fonctionnement de l’organisation, son état réel. Les documents saisis parlaient d’eux-mêmes, un « État du 20 décembre 1943 » faisait le point sur « l’état effectif du matériel », une liste de noms, un rapport, un croquis de pièces de mouvements d’horlogerie, des pansements et des produits pharmaceutiques, etc.
Incarcéré, Roger Lelièvre était le 15 août 1944 dans le train de 1654 déportés qui partit de la gare de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) à destination de Buchenwald, dans le même convoi 546 femmes déportées à Ravensbrück. Les hommes arrivèrent le 20 août et les femmes le 21. Le transport s’effectua sous une forte chaleur, lors d’un arrêt dans la Meuse, le chef de gare de Revigny tenta de convaincre le chef de train SS d’arrêter le transport, en vain. Le consul de Suède Nordling intervint, signa un accord avec le major Huhm représentant militaire allemand pour la France, nouveau refus du SS chef du train. D’autres démarches eurent lieu à Bar-le-Duc par la Croix-Rouge, trois femmes et un prêtre polonais malade furent libérés.
Les détenus arrivèrent à Buchenwald le 20 août 1944 où ils furent immatriculés. Roger Lelièvre a été affecté au kommando de travail de Langestein. Les détenus travaillèrent à creuser des galeries dans les collines du Thekenberg qui devaient servir à enterrer les productions des usines Junkers. Près de 7000 hommes y travaillaient, 3000 furent évacués le 9 avril 1945, et 1600 furent libérés par l’armée américaine le 11 avril 1945. Matricule 77851 Roger Lelièvre était parmi les survivants.
Roger Lelièvre n’étant pas rentré de déportation son père René Lelièvre, cinquante-deux ans, témoigna devant la commission d’épuration de la police. Il déclara ignorer s’il avait été l’objet de brutalités. Il supposait qu’il avait été déporté en Allemagne n’ayant jamais eu de ses nouvelles. (Rapport du 3 mai 1945).
En 1956, Roger Lelièvre fit une demande au ministère des Anciens combattants et victimes de guerre pour que lui soit attribué le titre de Déporté résistant. Cette demande a été honorée, Roger Lelièvre a été homologué Déporté interné résistant (DIR).
Il s’était marié le 23 juin 1949 au Raincy (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis) avec Lilianne Raby.
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. GB 131, 77 W 3111-291698, 1 W 1806-91133. – Bureau Résistance GR 16 P 359061. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil.