Par Alain Dalançon, Jacques Girault
Né le 14 juillet 1899 à Saint-Mathieu (Haute-Vienne), mort le 22 octobre 1958 à Paris (XVIIIe arr.) ; professeur de sciences physiques ; militant syndicaliste du SPES puis du SNES ; militant socialiste SFIO en Charente.
Fils de Guillaume Dautriat, facteur des postes, et de Marguerite Faure, sans profession, Henri Dautriat fit ses études secondaires au collège de Confolens (Charente), puis au lycée de garçons Henri IV à Poitiers (Vienne) et fut reçu au baccalauréat « mathématiques ». Mobilisé d’avril 1918 à décembre 1919 dans d’Artillerie, il finit son service à l’École militaire de Fontainebleau au grade de sous-lieutenant.
Étudiant à la Faculté des Sciences de Poitiers, il obtint les certificats de mathématiques générales en 1920, de physique générale en 1921, termina sa licence de sciences physiques en 1923, tout en étant répétiteur aux collèges de Chinon (Indre-et-Loire) en 1919, puis de Civray (Vienne) de 1920 à 1923. Il militait alors dans le syndicalisme depuis 1920 et fut le secrétaire de l’association des répétiteurs dans l’académie de Poitiers.
Henri Dautriat obtint une délégation ministérielle pour enseigner les sciences physiques au collège Émile Roux de Confolens en 1923. Il donnait un enseignement complémentaire à l’école d’agriculture annexée et réussit au diplôme d’études supérieures de physique en 1924. Il épousa Anne Merglier, institutrice, le 17 août 1925, à Saint-Junien (Haute-Vienne).
Il militait au Parti socialiste SFIO depuis 1924, et l’inspecteur d’Académie, dans son rapport, soulignait : « Ferait bien de ne pas participer aux luttes locales ». Au congrès de la fédération socialiste, en octobre 1936, il proposa l’aide à l’Espagne républicaine et était, en septembre 1937, secrétaire de l’union des sections socialistes SFIO de l’arrondissement de Confolens. Militant également au Syndicat des professeurs de collèges, puis au Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire à partir de 1937 dans l’académie de Poitiers, il était le délégué des professeurs dans son établissement.
Mobilisé en septembre 1939, fait prisonnier le 26 mai 1940, il fut rapatrié le 20 août 1941. À la Libération, Henri Dautriat participa activement à la constitution du Syndicat national de l’enseignement secondaire dans l’académie de Poitiers. Il siégea jusqu’à son décès au bureau de la section académique (S3), fut élu à la commission administrative paritaire académique des certifiés à partir de 1948 et était coordinateur des différentes CAPA.
Membre de la commission exécutive nationale en 1946, puis titulaire en 1947, ses interventions énergiques y étaient souvent remarquées, notamment en faveur de l’égalité des traitements des professeurs licenciés et des agrégés, ceux-ci ne devant bénéficier que de la prime fixe de l’agrégation. Au congrès de mars 1948, il critiqua l’absence de résultats de la direction sortante pour les certifiés, dont la situation s’était dégradée, et le fait qu’ils soient écartés de la commission pédagogique où les agrégés faisaient la loi.
Secrétaire de la section socialiste SFIO de Confolens d’octobre 1945 à décembre 1947, Henri Dautriat écrivit une lettre à Guy Mollet, le 3 décembre 1947. Il indiquait appartenir à la minorité de la CE du SNES. Il critiquait les analyses faites par le Parti socialiste depuis deux ans, visant à maintenir le bas pouvoir d’achat des salariés, d’où les grèves actuelles, et l’attitude du parti à propos de celles-ci et de la répression contre le Parti communiste. Aussi indiquait-il que le personnel enseignant de son établissement venait de voter la grève « à l’unanimité et à bulletin secret », alors qu’il ne comprenait pas de sympathisants communistes.
Partisan de l’autonomie du SNES et de la Fédération de l’Éducation nationale, Henri Dautriat fut réélu à la CE nationale sur la liste « A » en 1948. Dans le débat sur les statuts du nouveau SNES (classique, moderne), il proposa que la composition de la commission administrative ne prenne pas seulement en compte les catégories et les tendances mais aussi les sections académiques. Pour obtenir satisfaction sur le reclassement en 1948, il défendit l’idée de la grève des examens assortie d’une grève de 48 heures, là encore en désaccord avec la direction du SNES. Il n’en fut pas moins élu à la CA nationale sur la liste « A » mais seulement présenté sur cette liste en 1950.
Inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de principal en 1948, il se vit préférer un autre candidat pour diriger le collège de Saint-Junien en 1949, ce qui valut au ministre de recevoir deux lettres sévères d’un député socialiste de la Charente. Après avoir remplacé le principal du collège de Chasseneuil (Charente) pendant quelques mois, il reprit son poste de professeur certifié au collège de Confolens en 1951 et l’occupa jusqu’en 1956.
Henri Dautriat décéda, victime d’une foudroyante maladie. Lors de ses obsèques à Confolens, le 25 octobre 1958, dont L’Université syndicaliste rendit compte, en présence d’une foule importante, le secrétaire du S3, Gilbert Tessier, salua sa mémoire.
Par Alain Dalançon, Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat., F/17 27520, CAC, 19940500, art. 208, n° 87. — Arch. IRHSES (dont Bulletin du SPES, L’Universités syndicaliste). — Arch. OURS. — Notes de Gilles Morin.