SENON Jeanne [épouse MERCIER]

Par Dominique Tantin, Isabel Val Viga

Née le 4 juin 1897 à Peyrilhac (Haute-Vienne), massacrée le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; cultivatrice ; victime civile.

Senon Jenane
Senon Jenane
crédit : MémorialGenWeb

Jeanne Senon était la fille de Jean (né le 20 février 1864, à Veyrac et décédé e 2 juillet 1934, à Oradour-sur-Glane), et de son épouse Françoise née Ramnoux (née le 25 février 1871, à Oradour-sur-Glane), colons (métayers) au Queyroix. Ses parents s’étaient mariés le 18 juin 1891 à Oradour-sur-Glane.
Jeanne, donna naissance à un garçon Daniel François (né le 27 septembre 1917, à Oradour-sur-Glane), né de père inconnu.
Le 10 juillet 1920 à Oradour-sur-Glane, elle épousa Denis Mercier (né le 3 mai 1890, à Oradour-sur-Glane), cultivateur, fils de François et de son épouse Marguerite née Deglane. De cette union naquit une fille prénommée Yvonne (née le 22 juin 1923, à Oradour-sur-Glane).
Elle était la nièce de Léonard Senon époux de Marie née Morliéras, parents de Marie Claire épouse de Jean Bardet (parents d’Arthur Léonard Bardet époux d’Yvonne Gendraud, parents de Gisèle et Daniel) et de Léonie Senon épouse de François Roussy (parents d’Olga épouse de Jean Lacroix, parents de Jean-Claude, Monique, Roland Lacroix, et grands-parents de Michel Roussy), également la nièce de Léonard Senon époux de Marguerite née Rouffanche, parents de Martial époux de Louise Goursaud, Jean époux de Marie Vergnaud (parents d’Armand, échappa au massacre, ayant pu s’enfuir), et d’Anne épouse de Jean Vergnaud, frères de son père. Cousine de Jean Ramnoux époux d’Albertine Zeller, fils de son oncle Jean Ramnoux et de son épouse Marie née Puygrenier, frère de sa mère. Cousine de François Senon époux d’Anna Durand, de Martial Senon époux de Catherine Chapelle, de Catherine Senon épouse de Lucien Morliéras (parents d’Irène).
Elle était domiciliée avec sa famille et sa mère devenue veuve à Puy-Gaillard, à Oradour-sur-Glane.
Son fils échappa au massacre, facteur il était en tournée.
« Daniel Senon, facteur intérimaire qui demeure à Puy-Gaillard, a fini sa tournée. Il a rendez-vous avec son amie Andrée, employée au bourg chez Michel Avril, le marchand de bois, dans un chemin creux père de Masset. Des bruits de tirs leur parviennent. Ils se réfugient dans une sente discrète qui porte l’heureuse appellation de ’’chemin des vies’’. »
« (…) Vers 11h55, j’arrive au bureau de poste, règle mes affaires dispose mon sac et après un ’’au revoir Melle à lundi’’, je quitte Melle Boullière et part à travers le Bourg où en passant, je donne confirmation du rendez-vous le temps s’étant mis au beau. En compagnie de toute ma famille, je déjeune et à 13h30, j’enfourche de nouveau mon vélo pour partir. Mes parents se doutaient bien un peu où j’allais, ma mère me sermonna légèrement, je pars malgré ça (je n’en ai pas pour longtemps lui ai-je dit). A l’abattoir, je trouve la jeune fille, et tous deux nous partons. Un peu au dessus de l’abattoir nous empruntons à droite, un chemin qui, en passant par la ferme de Masset, conduit au bas du village des Bordes. Arrivés légèrement plus haut que la maison de la ferme, nous percevons sur la route de Limoges à Oradour-sur-Glane, un puissant ronflement de moteurs. Sachant qu’aucune voiture n’avait le droit de circuler, nous restons là un bon moment à écouter. Soudain, éclatent, venant de la direction du pont d’Oradour, des rafales de coups de feu, je regarde machinalement ma montre, il est 14h10. Que diable cela peut-il bien être ? Une rencontre de boche et de maquis ? Cette solution nous semble la plus plausible. Pourtant à Oradour-sur-Glane, il n’existe aucune organisation. Comme par expérience je sais que de très loin les balles sont meurtrières, nous nous mettons en marche, cherchant à nous éloigner le plus possible de la zone de tir. Arrivés en face des premières maisons des Bordes, nous entendons soudain, venant dû côté des maisons, des cris cris de frayeur, suivis bientôt de plusieurs rafales de coup de feu. (Les barbares venaient de tuer le père Lachaud). Les boches, occupés à en finir avec leur victime, ne nous ont pas aperçus à notre passage à 150 mètres d’eux. Tout transi de peur, nous arrivons au fond du village, où des groupes déjà formés se demandaient eux aussi ce qui pouvait bien se passer. Bientôt, porté par je ne sais qui, le bruit court, (on ramasse tous les hommes, sauvez-vous). En compagnie de quelques autres, je prends les champs. Arrivés dans un pré, où derrière une haie, passe une grande rigole à sec, recouverte de hautes herbes, nous nous aplatissons le plus possible. A un moment donné, mais à quelle heure, je ne puis préciser, j’entends une puissante explosion suivie d’une intense fusillade, suivie bientôt de beaucoup d’autres explosions. Je ne tarde pas à apercevoir au-dessus du Bourg, d’énormes colonnes de fumée. Je croyais encore à un incendie dans le but de déloger les maquisards. A la nuit tombante, je remonte vers les Bordes, pas pour longtemps, car bientôt dans un vacarme assourdissant passent allant vers Peyrilhac, plusieurs camions jaunâtres. Je remonte encore une fois au village où je passe ma première nuit de détresse parmi des gens affolés, ne sachant ou passer, ne cessant de penser à tous ceux que je venais de quitter cette après-midi, surtout à mes parents, croyant le pire, car avec la nuit, je pouvais à présent situer l’incendie. C’est ainsi que j’ai vu brûler mon village avec tout ce que j’avais de plus cher, ma famille. »
« Le premier mariage, celui de Daniel et d’Andrée, les amoureux du ’’chemin des vies’’, sera célébré le 13 janvier 1945, par un temps de neige, dans une maire provisoire installée à La Prade, dans la maison Puygrenier, et à l’église de Veyrac. »

Elle fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlée dans l’église avec sa fille, sa mère, sa belle-sœur, ses nièces, une partie de sa famille et l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Son époux et une partie de sa famille furent mitraillés puis brûlés dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Jeanne Senon obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son fils épousera le 13 janvier 1945 à Oradour-sur-Glane, Andrée Marie Deglane (née le 15 octobre 1923, à Oradour-sur-Glane), sœur de René.
Il sera avec sa famille, des habitants du village provisoire. Il décède le 18 octobre 2000 à Limoges, inhumé à Oradour-sur-Glane.
Voir Oradour-sur-Glane

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215681, notice SENON Jeanne [épouse MERCIER] par Dominique Tantin, Isabel Val Viga, version mise en ligne le 22 mai 2019, dernière modification le 22 août 2022.

Par Dominique Tantin, Isabel Val Viga

Senon Jenane
Senon Jenane
crédit : MémorialGenWeb

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements. — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules (p86- p141). — Témoignage de Daniel Senon, centre de mémoire d’Oradour-sur-Glane.

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