BEAUMARIÉ Gabriel

Par Annie Pennetier

Né le 10 juin 1923 à La Ferté-Saint-Aubin (Loiret), exécuté sommairement le 10 juin 1944 à la ferme du By à La Ferté-Saint-Aubin ; élève-maître ; résistant des FFCI (Forces françaises combattantes de l’intérieur).

Son père Raoul Beaumarié, ancien combattant de 14-18, mourut d’une tuberculose contractée pendant la guerre, Gabriel Beaumarié était donc pupille de la Nation. Sa mère née Louise Auger, remariée Doucet, était domiciliée rue Émile Dubonnet à La Ferté-Saint Aubin ( Loiret)
Reçu à l’École Normale d’Instituteurs en Juin 1940, il avait obtenu le Brevet Supérieur et le baccalauréat moderne Philosophie. Élève-maître au Lycée Pothier d’Orléans (Loiret), il dut le quitter après la dissolution de cette formation par le gouvernement de Pétain.
Il s’engagea dans la Résistance en 1943 dans le groupe Vengeance (corps franc Liberté), groupe de protection, sous le pseudonyme Orphée. En novembre 1943, il entra en contact avec le lieutenant Le Charpentier logé chez sa mère Louise Doucet, chargé d’un commando de prisonniers tunisiens affecté à l’usine de guerre de Chevau à La Ferté Saint-Aubin occupé par les Allemands.
Il assurait des missions d’agent de liaison entre les groupes locaux de résistants et les jeunes des corps francs à leur arrivée en Sologne. En effet, suite aux appels codés de Radio Londres lors du débarquement allié en Normandie, de nombreux résistants lycéens et étudiants parisiens du corps franc Liberté du réseau Vélite-Thermopyles, groupe Vengeance, entreprirent de rejoindre le maquis de Corrèze après avoir été accueillis dans la campagne autour de La Ferté Saint-Aubin
Le 9 juin 1944, vers 23 heures,Gabriel Beaumarié vint à la ferme du By quartier général des chefs de section, porteur d’un message de Robert Le Carpentier appelant à la prudence, évacuation des armes, maintien de quelques jeunes en règle avec le STO et habillés en paysans, et annonçant un parachutage pour la nuit suivante. N’ayant pas trouvé de responsable à qui remettre sa missive, il décida de coucher sur place. En effet, la direction des corps francs avait été décapitée à Paris le 7 juin, arrestations de Philippe Wacrenier de Liberté, mais aussi le chef d’Essor Henri Casati et André Chadeau entrainant une désorganisation.
Le samedi 10 juin vers cinq heures du matin, des agents du S.D. d’Orléans commandés par l’adjudant Max Kathrein alias Schneider accompagnés de trois français firent irruption dans la ferme du By, trois résistants parvinrent à se cacher. Parmi les étudiants parisiens, André Parent sortit une carte qu’il tendit aux hommes du S.D., il était du même service. Il indiqua qu’il n’y avait pas d’armes au By.
L’étudiant rescapé Lucien Schmant témoigna qu’après un interrogatoire et une fouille, puis une absence d’une demi-heure pour aller chercher les instructions téléphonées de leurs supérieurs par l’intermédiaire de la gendarmerie de La Ferté, le peloton d’exécution les fit rejoindre une clairière située à l’écart de la ferme ; un premier groupe de seize jeunes furent abattus à la mitrailleuse,dont Gabriel Beaumarié, puis d’une balle dans la tête, puis un deuxième groupe de treize arrêtés à la grange de La Fourmillière.
Les corps des 29 victimes furent mis en bière au cimetière de La Ferté, le 12 juin.
Les parents des étudiants Claude et Serge Soreph prévenus par la mairie de La Ferté-Saint-Aubin vinrent le 22 juin reconnaitre les corps de leurs fils ; ils furent surpris par l’absence du cadavre de leur ami de lycée André Parent puis de son comportement lors de sa visite à leur domicile en septembre. De retour à La Ferté avec une photo, les fermières reconnurent ce jeune homme très blond qui avait trahi ses camarades de lycée.
Le procès des gestapistes français du Loiret se déroula devant la cour de justice d’Orléans du 16 au 23 juillet 1946. Sept avaient été arrêtés et quatre en fuite furent jugés par contumace. André Parent a été condamné à mort, le 16 janvier 1945 , pour « intelligence avec l’ennemi » et fusillé le 7 février 1945. Lucien Lussac, principal responsable, a été condamné par la même cour le 23 juin 1946 et fusillé le 28 novembre 1946.
Gabriel Beaumarié a été reconnu agent P2, engagement le 1er avril 1944, du réseau Vélite-Thermopyles et Corps Franc « Liberté » matricule : RX 3026 et RX311 , DGER chargé de mission, FFCI (Forces françaises combattantes de l’intérieur) de 3e classe, homologué sous-lieutenant avec prise de rang le 1er juin1944, décret du 25 octobre 1947 (JO du 1er novembre1947) et interné résistant IR le 18 février 1967.
Reconnu Mort pour la France, il a été décoré à titre posthume de la Médaille de la Résistance le 18 mars1970 (JO du 12 mai 1970), la Croix de guerre avec étoile d’argent le 5 février 1947, et la Légion d’Honneur par décret du 10 décembre 1949 (JO du 11 décembre 1949).
Son nom a été inscrit dans la Nécropole nationale Bellefontaine à La Ferté-Saint-Aubin et la plaque commémorative du lycée Pothier d’Orléans.

Voir La Ferté Saint-Aubin, Marcilly-en-Villette (Loiret) 10 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215770, notice BEAUMARIÉ Gabriel par Annie Pennetier, version mise en ligne le 30 mai 2019, dernière modification le 26 janvier 2022.

Par Annie Pennetier

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 41614 (notes Geneviève Launay) . — Georges Joumas, La tragédie des lycéens parisiens résistants 10 juin 1944 en Sologne, Corsaire Éditions, 2014 .

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