DAVID Ernest [Côtes-du-Nord]

Par Christian Bougeard, Jacques Girault, Alain Prigent

Né le 29 novembre 1927 à Plévin (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 23 octobre 1973 à Tréogan (Côtes-du-Nord) ; instituteur ; militant communiste ; maire de Tréogan ; conseiller général ; député suppléant.

Ernest David fut élevé par sa grand-mère en raison de la maladie de sa mère, journalière. Il reçut les premiers sacrements catholiques mais sa grand-mère refusa de l’inscrire à l’école catholique. Boursier, élève du cours complémentaire de Rostrenen puis du lycée de Saint-Brieuc où il obtint le baccalauréat (1946). Élève-instituteur de première à Beaumont (Maine-et-Loire) depuis la rentrée 1943, après la décision gouvernementales de reléguer les normaliens des Côtes-du-Nord en Anjou à la suite des actes de résistance au lycée de Saint-Brieuc, il prit la route le 7 juin 1944 avec ses camarades sans souci des sanctions après l’annonce du débarquement. Le 17 juin, il rejoignit à pied le maquis de Plévin. Il y assura des liaisons au moment le plus critique. Le 20 juillet, lors de l’attaque de la compagnie par 2 000 soldats allemands, sa conduite lui valut une citation à l’ordre de la Division. Du 4 au 7 août, il participa à la libération de Carhaix occupé.

il effectua deux mois de service militaire dans la marine nationale en 1948-1949 avant d’en être dispensé comme soutien de famille. Il fut instituteur dans divers postes du département (Plemeur-Gautier, Saint-Brieuc en 1947-1948, Plérin en 1948, Trégastel en 1949, La Motte de 1949 à 1951, puis à Tréogan jusqu’en 1967). Nommé dans une classe de transition à Maël-Carhaix en 1967-1971, il devint en octobre 1973 conseiller pédagogique itinérant dans la circonscription de Loudéac. Il militait au Syndicat national des instituteurs depuis 1944 et participait aux travaux d’été avec les paysans de Tréogan. Son épouse s’occupa bénévolement de la cantine de l’école jusqu’en 1974, avant de devenir agent de l’Éducation nationale.

Il se maria religieusement en septembre 1955 à Tréogan avec la fille d’un cultivateur. Le couple fit seulement baptiser ses deux enfants.

Ernest David adhéra au Parti communiste français en 1944. Membre du comité de la fédération communiste en 1949-mars 1950, il participait au comité de la section communiste de Mael-Carhaix.

Élu conseiller municipal de Tréogan en 1953, il poussa à l’électrification de l’ensemble de la commune. Devenu maire de la commune en 1959, il réalisa l’adduction d’eau dans la commune, la rénovation des bâtiments scolaires avec création d’une cantine en 1955, la réfection de l’église, l’aménagement d’une mairie, l’extension des chemins ruraux et l’aménagement des débouchés de ferme. Il avait créé une amicale laïque en 1951.

Ernest David devint conseiller général du canton de Maël-Carhaix en juin 1961. Il battait le maire PSU du chef-lieu de canton avec 33,8 % des suffrages exprimés au premier tour et 52 % au second tour. Il conserva le siège gagné par les communistes à la Libération au premier tour de 1967 (65 %) et sans adversaire en 1973 (81 %). Membre au conseil général de la commission de l’agriculture et du commerce, délégué au comité départemental de l’habitat rural, il encouragea la rénovation de la voirie, l’adduction d’eau, l’installation du téléphoné automatique, le développement de l’emploi dans son canton qui se dépeuplait. Il représentait le conseil général au conseil de perfectionnement de l’école ménagère agricole de Rohannec’h de Saint-Brieuc. Membre du CIDECOB, il présidait depuis juillet 1973 la commission d’équipement du Schéma directeur d’aménagement urbain du Centre-Bretagne. En outre, il fit accélérer la réalisation de l’inventaire des monuments historiques dans son canton et siégeait à la commission spéciale du château de La Roche-Jagu.

Il fut candidat suppléant de François Leizour aux élections législatives de 1968 et de 1973 dans la 4e circonscription (Guingamp).

Ernest David mourut brutalement à la suite d’une opération chirurgicale. Ses obsèques civiles au cimetière de Plévin furent célébrées en présence de plus d’un millier de personnes, selon la presse et en présence du sous-préfet et de nombreux élus de la région.

Le 9 décembre 1973, Auguste-Marie le Coënt, enseignant au collège de Maël-Carhaix, maire de la ville depuis 1971, fut élu conseiller général du canton (1973-1998) au premier tour avec 65,1 % des voix. Comme Ernest David, prématurément disparu, il incarnait la relève des notables « rouges » paysans de la Libération par une nouvelle génération d’enseignants communistes qui allait dominer plusieurs cantons du Centre Bretagne jusqu’au début du XXIe siècle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21584, notice DAVID Ernest [Côtes-du-Nord] par Christian Bougeard, Jacques Girault, Alain Prigent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 10 août 2021.

Par Christian Bougeard, Jacques Girault, Alain Prigent

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. de la section départementale de la FSU. — Presse locale et syndicale. — Renseignements fournis par la veuve de l’intéressé. — Arnaud Le Breton, L’évolution du communisme rural dans le sud-ouest des Côtes-du-Nord 1958-1983, maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1998.

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