Par Jacques Droz
Né le 14 février 1902 à Cracovie (Pologne), mort le 22 janvier 1982 à Berlin-Est ; journaliste et militant communiste.
Fils d’un cocher de Cracovie (Pologne), Alexander Abusch fit ses études commerciales à Nuremberg et entra dès 1919 au KPD, chargé de la rédaction du journal communiste local. Poursuivi en justice, il se réfugia en Thuringe où la direction du parti, alors menée par Ruth Fischer, lui confia la direction de la Neue Zeitung. Après s’être rallié à l’ultra-gauche du parti (Werner Scholem, Arthur Rosenberg) et s’être violemment opposé, au sein des mouvements de jeunesse, au Comité central, il se rallia en 1928 au groupe de Thälmann et devint rédacteur de Die Rote Fahne et directeur du Ruhr-Echo à Essen, pour revenir deux ans plus tard à des positions extrémistes et être finalement sanctionné comme partisan de Heinz Neumann. Lors de la prise du pouvoir par Hitler, Abusch émigra avec l’accord du KPD en Sarre, où il dirigea l’Arbeiterzeitung de Sarrebruck, puis en France. Il participa aux entreprises de Willi Münzenberg (parution de Der Gegenangriff) ainsi qu’aux conférences « de Bruxelles » et « de Berne », où il représenta la direction de Die Rote Fahne. Interné au début de la guerre au camp du Vernet, il réussit à s’enfuir, participa quelque temps au mouvement clandestin communiste organisé dans les environs de Toulouse, partit de Toulon pour Mexico, où il fit partie du comité Freies Deutschland et présida le club Henri Heine. Il avait été un adversaire déterminé du pacte germano-soviétique.
Revenu avec Paul Merker en Allemagne via Vladivostok, entré au SED, Alexander Abusch ne tarda pas à acquérir, comme secrétaire du Kulturbund zur demokratischen Erneuerung Deutschlands (Ligue culturelle pour le renouveau démocratique de l’Allemagne), une grande influence dans les milieux littéraires ;. Impliqué dans l’affaire Merker en mars 1950 et doublement suspecté comme juif et émigré à l’Ouest, il fut destitué de toutes ses fonctions. Attaché à un humanisme socialiste, il ne refit surface qu’au moment de la déstalinisation, entra en 1957 au Comité central du SED et fut nommé ministre de la Culture en 1958, succédant à Johannes R. Becher. Son élévation à la vice-présidence du Kulturbund en 1972 atteste le rôle qu’il jouait dans la vie intellectuelle de la RDA, qu’il tendait à isoler entièrement de la RFA au point de parler de deux nations culturelles.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Der Irrweg einer Nation, 1946 (en franç. : L’Allemagne jugée par un Allemand, 1950). — Johannes R. Becher, Dichter der Nation und des Friedens, 1953. — Schiller, Grösse und Tragik eines deutschen Genius, 1955. — Schriften, 3 vol., 1962-1967. — Ein neuer Zeitbeginn. Erinnerungen an die Anfänge unserer Kulturrevolution, 1945-1948, 2e éd., 1981. —Der Deckname. Memoiren, 1981. — Mit offenem Visier. Memoiren, 1986.
SOURCES : Alexander Abusch. Bildnis eines Revolutionärs, Berlin, Weimar, 1972. — Duhnke, KPD, op. cit. — Weber, Wandlung, op. cit. —Rœder et Strauss, op. cit. — Durzak, op. cit.