Par Jacques Grandjonc
Né le 3 janvier 1818 à Dortmund, mort le 6 décembre 1872 à Chicago (États-Unis) ; militaire et journaliste.
Fils d’un fonctionnaire prussien, sous-lieutenant d’artillerie en 1841, Friedrich Anneke prit contact l’année suivante avec les milieux oppositionnels de la Rheinische Zeitung. A partir de 1844, il participa à Minden (Westphalie) où il venait d’être nommé lieutenant, aux activités d’un groupe d’intellectuels et d’officiers qui s’intéressaient à la question sociale et au socialisme naissant et fonda un Cercle de lecture où l’on pouvait trouver la littérature sociale interdite. Ceci motiva son exclusion de l’armée en 1846 à la requête expresse du roi de Prusse, En 1847, il était à Cologne où il gagnait sa vie comme secrétaire d’une société d’assurance, épousa une romancière de Münster, Mathilde Franziska Giesler (1817-1884) et devint membre de la Ligue des communistes, fondée à Londres début juin.
Après la révolution de Février à Paris, il fut l’un des organisateurs de la première grande manifestation populaire en Allemagne, le 3 mars 1848 à Cologne. Engagé dans l’action révolutionnaire ouvrière aux côtés d’Andreas Gottschalk d’une part, de Marx et d’Engels de l’autre, il fut arrêté le 3 juillet 1848 sous l’inculpation de haute trahison. Il y eut un non-lieu devant le jury le 23 décembre 1848. Dès sa libération il participa avec Friedrich von Beust à la publication de la Neue Kölnische Zeitung für Bürger, Bauern und Soldaten et avec Marx à l’activité des associations ouvrières. En mai 1849, il prit part comme officier au soulèvement armé d’Elberfeld (Ruhr), puis au pays de Bade, pendant lequel sa femme lui servit d’ordonnance au combat.
Après l’écrasement de la révolution, Fritz et Mathilde Anneke émigrèrent aux États-Unis où ils publièrent de 1853 à 1858 le premier quotidien en langue allemande de Newark (New Jersey), la Newarker Zeitung, de tendance démocrate. Tandis que Mathilde Anneke se fit un nom comme romancière et journaliste, et devint une figure du mouvement féministe américain, Fritz Anneke, qui avait cessé toute activité militante ouvrière, prit part à partir de 1861 à la guerre de Sécession comme colonel dans l’armée nordiste.
Par Jacques Grandjonc
SOURCES : W. Schulte, « Fritz Anneke », in Beiträge zur Geschichte Dortmunds und der Grafschaft Mark, vol. 57,1960. —K. Koszyk, K. Obermann, Zeitgenossen von Marx und Engels... 1844-1852, Assen, Amsterdam, 1975. — M. Wagner, Mathilde Franziska Anneke in Selbstzeugnissen und Dokumenten, Hambourg, 1980. — R.E. Cazden, The German Book Trade in America to the Civil War, Columbia, 1984. —Der Bund der Kommunisten (ouvrage collectif), 3 vol.,Berlin-RDA, 1970-1984.—Lexikon, op. cit.