Par Jacques Droz
Né le 1er mai 1884 à Augsbourg, mort le 6 décembre 1969 à Berlin-Ouest ; syndicaliste social-démocrate de gauche.
Issu d’une famille de négociants israélites, Siegfried Aufhäuser fît des études commerciales et, entré au SPD en 1912, s’occupa essentiellement des organisations syndicales d’employés, de fonctionnaires et de techniciens. Après un court passage à l’USPD, il fut élu député social-démocrate au Reichstag de 1921 à 1933, exerçant par ailleurs de hautes fonctions dans la vie économique et sociale de la République de Weimar, notamment la présidence de l’Arbeitsgemeinschaft freier Angestelltenverbände (Communauté de travail des associations d’employés libres, AfA), qu’il abandonna début 1933 pour protester contre la politique de capitulation de l’ADGB. Après avoir émigré à Paris où il fit partie du comité de secours aux réfugiés allemands, il rejoignit à Prague la SOPADE qui le nomma membre du Parteivorstand. C’est alors que, avec Karl Böchel (1884-1946), syndicaliste et député de Chemnitz au Landtag de Saxe, il fonda l’Arbeitskreis Revolutionärer Sozialisten (Cercle de travail des socialistes révolutionnaires), reprochant à la social-démocratie d’avoir trahi la cause du prolétariat révolutionnaire et à la SOPADE de retomber dans les voies du réformisme : il fallait en revenir à la politique de l’ancienne USPD et mener la lutte antifasciste la main dans la main avec les communistes, à l’égard desquels Aufhäuser gardait d’ailleurs, du fait des procès de Moscou, une certaine méfiance. La nouvelle tendance disposait d’un organe, les RS-Briefe et d’une organisation propre qui reposait sur les secrétariats de frontière de Karlsbad et d’Eger. Il était bien évident que la SOPADE ne pouvait tolérer cette attitude et exclut Aufhäuser et Böchel du Parteivorstand. Ils avaient tenté d’entrer en négociations directes avec Walter Ulbricht en vue de constituer un Front populaire commun et soutinrent les tentatives analogues à Paris. Mais les moyens financiers lui furent coupés et Aufhäuser dut réintégrer l’obédience social-démocrate en septembre 1937, en quoi il ne fut d’ailleurs pas soutenu par Böchel et Max Seydewitz, qui se tournèrent vers les communistes. La tentative de 1’« ancienne gauche », comme on appelait les partisans d’Aufhäuser, pour conquérir de l’intérieur la SOPADE, avait donc totalement échoué.
Aux États-Unis où il passa les années de la guerre et où il dirigea la New Yorker Staatszeitung und Herold, Aufhâùscr appartint à la German Delegation of Labour (GLD), dont il assura en 1943 la présidence avec Max Brader. En 1943, en présence du problème que posait l’alliance avec l’URSS, il quitta le GLD pour se rapprocher du Council of Démocratic Germany (CDG) que fonda alors Paul Tillich dans l’espoir de concilier les positions des Alliés sur le sort de l’Allemagne avec celles de l’Union soviétique et dont il dirigea la section économique. Il envisageait en 1944 une réorganisation du syndicalisme allemand analogue à celle que Hans Gottfurcht avait réalisée en Angleterre. En 1945, toujours méfiant à l’égard de la SOPADE, il refusa avec d’autres émigrés aux États-Unis, Marie Juchacz et Paul Hertz, de reconnaître le « mandat » qu’elle avait reçue du parti en 1933. Rentré en Allemagne en 1951, il retrouva une situation importante dans le syndicalisme employé.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Weltkrieg und Angestelltenbeivegung, 1918. — An der Schwelle des Zeitalters der Angestellten, 1963. — « Der 9. November 1918. Persönliche Erinnerungen an eine deutsche Revolution », in Neue Gesellschaft, no. 15, 1968.
SOURCES : L. Edinger, German Exile Politics : the Social-democrat Executive Committee in the Nazi Era, Berkeley, Los Angeles, 1956. — G. Plum, « Volksfront, Konzentration und Mandatsfrage », in Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, no. 18, 1970. — Juttavon Freyberg, Sozialdemokratie und Kommunisten. Die revolutionären Sozialisten Deutschlands vordem Problem der Aktionseinheit, Cologne, 1973. — Langkau, Volksfront, op. cit. — Reeder et Strauss, op. cit. — Benz et GramI, op. cit..