BECKER Johann Philipp

Par Jacques Grandjonc

Né le 20 mars 1809 à Frankenthal (Palatinat), mort le 9 décembre 1886 à Genève ; né français, sujet bavarois, citoyen suisse ; artisan communiste, membre de l’AIT.

Fils d’un ébéniste, Johann Ph. Becker exerça divers métiers après un apprentissage de fabricant de brosses. Il participa dès 1830 au mouvement républicain du Palatinat et fut l’un des orateurs populaires de la fête de Hambach (27 mai 1832). Cela lui valut divers emprisonnements et poursuites ; il finit par émigrer en 1838 avec sa famille en Suisse où il s’établit à Bienne (canton de Berne) comme fabricant de cigares. Dans les années quarante, il participa à l’agitation démocratique des artisans et ouvriers allemands en Suisse, mais plus encore au mouvement radical local, ce qui l’amena à s’engager en 1847 dans la guerre du Sonderbund aux côtés des troupes fédérales où il fut employé à l’état-major d’une division.
Lors de la révolution allemande de mars 1848, il fonda un Comité central des Allemands en Suisse et une Légion allemande qui participa aux soulèvements républicains de Bade en avril puis en septembre 1848. L’échec de ces tentatives l’amena à créer une association, Hilf Dir ! (Aide-toi !), sur le modèle de celle qui avait préparé en France la révolution de 1830 ; elle recruta surtout parmi les artisans et les ouvriers allemands en France et en Suisse. Becker publia à cette époque à Bienne un hebdomadaire, Die Revolution (janvier-mars 1849) et à Genève un Manifeste des démocrates allemands de l’étranger. Lors de la campagne de mai 1849, il prit la direction des volontaires du pays de Bade, puis le commandement d’une division révolutionnaire. Son art militaire lui valut d’être qualifié par F. Engels de « seul général de la révolution » allemande.
Ayant pu échapper aux armées de la réaction, Becker vécut à Genève (1849- 1856), puis à Paris (1856-1860), tenta de lever fin 1860 une légion allemande en Italie, pour soutenir l’action de Garibaldi et s’établit définitivement à Genève en 1862. En 1851-1852 il avait appartenu à la Ligue des communistes, fraction Schapper/Willich ; en 1860, il fournit à K. Marx, en compagnie de Georg Lommel, Richard Reinhardt, Victor Schily, la documentation nécessaire pour réfuter les attaques du Genevois d’adoption Karl Vogt, professeur de géologie, membre du Grand conseil et propagandiste vendu à Napoléon III. Après avoir soutenu l’Allgemeiner deutscher Arbeiterverein fondé par Lassalle en 1863, Becker fut l’un des piliers de l’AIT. Dès la fin de 1864, il participa à la création de la première section de l’internationale en Suisse ; il fut responsable de l’AIT pour la Suisse à partir de 1865. De janvier 1866 à décembre 1871, il publia à Genève Der Vorbote, premier organe de l’AIT en langue allemande. Organisateur et propagandiste de premier plan, il amena à l’internationale la plupart des Allemands qui adhérèrent individuellement à l’organisation jusqu’en 1869, date à laquelle existaient quinze sections actives. Il soutint un temps (fin 1868-début 1870) les adeptes de Bakounine qu’il combattit ensuite à l’intérieur de l’AIT, puis après sa dissolution. A partir de cette date, il publia un hebdomadaire en langue française, Le Précurseur, collaborant aussi à Der Sozialdemokrat et à sa lutte contre les lois anti-socialistes du Reich bismarckien.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215956, notice BECKER Johann Philipp par Jacques Grandjonc, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 24 juin 2020.

Par Jacques Grandjonc

ŒUVRE : Der Vorbote, Genève, 1866-1871 (reproduit en fac-similé, Berlin, 1963).

SOURCES : R. Dlubek, Johann Philipp Becker. Vom radikalen Demokraten zum Mitstreiter von Marx und Engels in der I. Internationale (1848-1864/1865), Thèse dactyl. Berlin, 1964. — E. Engelberg, Johann Philipp Becker in der l. Internationale, Berlin, 1964. — K. Schmiedel, Johann Philipp Becker, General der Revolution, Berlin, 1986. — Lexikon, op. cit. — BLDG, op. cit.

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