BÖCKLER Hans

Par Jacques Droz

Né le 26 février 1875 à Trautskirchen (Franconie), mort le 16 février 1951 à Cologne ; leader syndicaliste social-démocrate.

Fils d’un cocher de fiacre et d’une blanchisseuse, Hans Böckler fut travailleur agricole puis batteur d’or à Fürth. A dix-neuf ans, il appartenait aux syndicats libres et au SPD ; en 1902, il était secrétaire du cartel des syndicats et conseiller municipal de Fürth. L’union des ouvriers métallurgistes l’envoya en 1903 comme secrétaire en Sarre, où il eut des démêlés avec un patronat particulièrement réactionnaire. Après avoir complété sa formation syndicale à Francfort, il fut envoyé en Silésie où il dirigea avec succès la grève des constructeurs de wagons à Gorlitz. Au début de la guerre, il était rédacteur de la Metallarbeiterzeitung à Berlin. Mobilisé, blessé en 1916, il poursuivit son travail syndical et se trouva intégré, lors de la démobilisation, dans le Comité central des entrepreneurs et ouvriers (Zentralarbeitergemeinschaft), destiné à remettre en route l’économie. N’ayant pu y faire prévaloir ses vues, il retourna à Faction syndicale parmi les métallurgistes. Élu conseiller municipal de Cologne en 1924, député au Reichstag en 1928, il dirigea, à partir delà métropole rhénane, l’Union des syndicats allemands pour la Rhénanie et la Westphalie. C’est à cette occasion qu’il rencontra Konrad Adenauer.
Deux fois arrêté parla Gestapo en 1933, il dut se laver de l’accusation d’avoir détourné les caisses syndicales. Menacé à nouveau d’arrestation en juillet 1944, il put se terrer chez des amis à la campagne. Âgé de soixante-dix ans, il s’attacha à la reconstruction syndicale dans la zone britannique d’occupation, puis dans les « zones occidentales », où il mena une vigoureuse campagne contre les démontages, pour s’attacher enfin à la reconstruction du Deutscher Gewerkschaftsbund (DGB), qui échappait à l’émiettement syndical de la période de Weimar et dont il fut élu président en 1949. Demeuré un « ouvrier modeste », il apparaissait comme la personnalité la plus représentative et la plus respectable de l’ancien syndicalisme allemand. Les lourdes charges qu’il assuma dans les dernières années de sa vie pour promouvoir la culture ouvrière, notamment parla création des Ruhrfestspiele (festival de la Ruhr) à Recklinghausen, les honneurs qui lui furent conférés comme vice-président de l’Union internationale des syndicats libres, n’altérèrent cependant pas sa combativité. Évitant que des grèves malencontreuses ne viennent compromettre son œuvre, il parvint, grâce à l’appui d’Adenauer, à faire voter par le Bundestag la loi du 21 mai 1951 qui créa la cogestion paritaire dans les conseils de surveillance et les comités directeurs des entreprises métallurgiques et minières de plus de mille ouvriers. Sa disparition, qui précéda de quelques jours le vote de la loi, constitua une lourde perte pour le DGB qui avait besoin d’une direction ferme ; son successeur, Christian Fette, ne put obtenir du Bundestag l’extension de la cogestion paritaire aux autres entreprises.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215969, notice BÖCKLER Hans par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 12 février 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : Else Klein-Viehöver, J. Viehöver, Hans Böckler. Ein Bild seiner Persônlichkeit, Cologne, 1952. — P. Walîne, Cinquante ans de rapports entre patrons et ouvriers en Allemagne, t. II, Paris, 1971. — Vom Sozialistengesetz zur Mitbestimmung. Zum 100. Geburtstag von Hans Böckler, Cologne, 1975. — F. Deppe, G. Fülberth, J. Harrer, Geschichte der deutschen Gewerkschaftsbewegung, Cologne, 1977. — U. Borsdorf, Hans Böckler. Arbeit und Leben eines Gewerkschafters von 1874 bis 1945, Cologne, 1982. — Osterroth, op. cit. — Lexikort, op. cit.

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