DAVID Léon, Jean-Baptiste. Pseudonyme : LEROY

Par Antoine Olivesi

Né le 19 juin 1901 à Roquevaire (Bouches-du-Rhône), mort le 26 août 2000 ; maréchal-ferrant forgeron ; militant communiste ; conseiller d’arrondissement du canton de Roquevaire (1934-1940) ; adjoint au maire de Marseille (1946-1947) ; conseiller de la République puis sénateur des Bouches-du-Rhône (1946-1978) ; membre du bureau régional du PCF (1936-1939) et du comité fédéral de 1935 à 1963 ; maire de Roquevaire (1971-1989).

[Sénat]

Fils d’Alphonse Martin, un artisan rural (maréchal-ferrant) et de Delphine Gamena, ou Gamère (ouvrière agricole) Léon David fit ses études primaires jusqu’à l’âge de quatorze ans au cours complémentaire de Roquevaire où il obtint son Certificat d’études, un prix au concours agricole et aussi le brevet agricole selon une autre autobiographie. Il fut maréchal-ferrant et forgeron dans cette localité de 1915 à 1940.

Léon David adhéra au Parti communiste en août 1925 « par haine de la guerre, écrit-il, par raison de classe ennemi de l’injustice sociale, mais poussé aussi par les événements de la Révolution socialiste soviétique d’octobre 1917 ». Secrétaire de cellule de 1925 à 1940, puis du rayon minier du bassin de Roquevaire à partir de 1926, il mena de nombreuses actions contre la guerre du Maroc en 1925, pour Sacco et Vanzetti en 1926-1927. Au cours d’une réunion du rayon de Marseille, le 3 juin 1928, il critiqua le mot d’ordre « classe contre classe » qui entraînait un effet contraire en milieu rural et déplora l’insuffisance de la propagande du PC dans les campagnes. En 1929, il fut arrêté pour avoir appelé les mineurs à la grève. Mais Léon David n’en anima pas moins, par la suite, de nombreuses grèves, parmi les mineurs et même les paysans de Roquevaire et dirigea notamment, en 1935, la marche de la faim des mineurs des bassins de Roquevaire et de Gardanne sur Marseille.

Devenu membre du bureau régional du Parti communiste en 1936, il fut à la tête des mouvements de grèves, chez les métallos, les dockers et les marins de Marseille, à l’époque du Front populaire. Il fut délégué par son parti à la propagande pour le Sud-Est en 1935 et 1938. Cette année-là, il fut arrêté à la frontière, il fut emprisonné en Italie, à Turin, pendant 35 jours, pour propagande communiste. Marié depuis 1920 à Lucienne Maurin, père de quatre enfants, il avait fondé avant 1936, l’amicale des familles nombreuses de Roquevaire.D’après la police, il jouissait d’une grande influence parmi les paysans de son canton et parmi les mineurs des environs.

En sa qualité de responsable des questions paysannes au bureau régional du PC, Léon David participa à un rassemblement paysan à Saint-Rémy-de-Provence, avec Waldeck-Rochet en juillet 1937.

Sur le plan électoral, il fut souvent le candidat de son parti dès 1927, notamment au conseil général dans le canton de Roquevaire, le 18 octobre 1931. Il obtint 352 voix et se retira au second tour en faveur de Joseph Lasalarie*, socialiste indiscipliné à cette époque. Le 14 octobre 1934, Léon David fut élu conseiller d’arrondissement du canton de Roquevaire contre Guy, républicain socialiste, avec 942 voix au premier tour et 1 655 au second sur 2 824 votants. Il fut ainsi l’un des trois élus du PC dans les Bouches-du-Rhône en 1934. Il participa, cette année-là, à la campagne pour l’unité d’action dans le bassin minier, ainsi qu’à la lutte antifasciste. Il échoua, en revanche, aux élections municipales de 1935 et législatives de 1936, dans la 5e circonscription qui englobait son canton ; il recueillit 5 916 voix sur 19 551 électeurs inscrits au premier tour et se désista au second en faveur du socialiste Raymond Vidal qui l’avait devancé de 300 voix environ. En septembre 1945, le quotidien communiste Rouge-Midi indiqua que David avait été battu par la fraude.

En octobre 1937, Léon David fut également battu au conseil général, ayant obtenu 1 097 voix contre 1 369 à Lasalarié. Il fut élu secrétaire du conseil d’arrondissement en 1936 et entretenait, selon un rapport de janvier 1938, « des rapports corrects avec l’administration ».

Délégué à la propagande, Léon David vint notamment à Isola (Alpes-Maritimes) en octobre 1938 pour parler aux paysans expropriés par le gouvernement fasciste italien. Il arrêté en territoire italien et resta plusieurs jours à la prison de Cuneo.

Selon un rapport de l’inspecteur principal Leclerc, daté du 23 janvier 1939, Léon David revint très déprimé de son séjour dans les prisons italiennes, et mécontent du PC qui aurait refusé un secours à sa femme et à ses quatre enfants. En plus, il fut « engueulé » (sic) par le PC pour avoir été arrêté par les gendarmes italiens en possession de documents du parti qui lui furent confisqués ! Ulcéré, David aurait envisagé d’adhérer à la SFIO. Rouge-Midi, cependant, ne parle que de la campagne de protestation qui obligea la police de Mussolini à le libérer.

Léon David ne fut pas mobilisé en 1939, car il était père de famille nombreuse, mais il fit l’objet, à Roquevaire, d’une surveillance ; elle fit apparaître qu’il recevait régulièrement des mandats de Paris et se déplaçait fréquemment dans le bassin minier.Déchu de son mandat par arrêté du conseil de préfecture interdépartemental de Marseille, le 10 février 1940, il était signalé comme continuant la propagande. Plusieurs lettres anonymes le dénoncèrent en mai 1940. Quant au commissaire divisionnaire, chef de la Police spéciale, il s’étonnait, le 18 juin 1940 que David ne soit pas interné alors qu’il n’avait rien répudié que de nombreux militants de moindre envergure avaient été « frappés sévèrement ». Cet état de chose suscitait des commentaires dans la population et était, d’après lui, jugé sévèrement. Le 4 juillet suivant, David était signalé pour avoir tenu « des propos inconsidérés » à l’issue des obsèques de victimes d’un coup de grisou qui avaient eu lieu le 26 juin à Cadolive (Bouches-du-Rhône), information qui se révéla exagérée. Le commandant de la gendarmerie d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) signala le 7 novembre 1940 qu’il participait à des réunions secrètes avec des membres de la cellule de La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône). Léon David avait fait l’objet un peu avant, au début octobre, d’une « mise en garde » pour ses contacts avec les socialistes et pour avoir reçu une lettre de Blum, ce qui lui valut de figurer sur la première liste noire du PC. Léon David fut interné le 1er décembre au camp de Chibron (commune de Signes, Var) en vertu d’un arrêté daté du 27 novembre 1940, mais faisant l’objet d’un enquête dans le cadre de la reconstitution clandestine du parti communiste, il fut transféré à la prison militaire de Marseille (le fort Saint-Nicolas) le 20 décembre. Il fut libéré par décision du Tribunal militaire de la XVe région au début mai 1941 et, chose surprenante et rare, son arrêté d’internement fut rapporté le 2 mai 1941.
Pendant l’Occupation il fut membre de la direction clandestine du PC, dans deux secteurs différents, Arles et Marseille de 1940 à 1942 et de 1942 à 1944. Il anima, écrit-il, une « grève patriotique des mineurs en 1942 », fut instructeur dans la région d’Arles et responsable régional de l’organisation de la propagande à Marseille. De mars à août 1944, il représenta son parti au Comité départemental de Libération clandestin des Bouches-du-Rhône, puis au comité insurrectionnel de Marseille, au moment de la libération de la ville et de la prise de la préfecture, en août, et enfin, au CDL légal jusqu’en 1946. Une incertitude demeure quant à l’exactitude de la date de sa désignation au CDL. Il semble qu’il ait remplacé Bernard primitivement délégué par le PC peut-être à la veille de la Libération, en raison de son expérience politique plus grande. Il était alors le seul élu d’avant-guerre disponible sur place.

En septembre 1945, il fut battu de nouveau, avec 2 921 voix, aux élections pour le conseil général par Lasalarié dans le canton de Roquevaire et fut le mois suivant candidat sur la liste communiste à l’Assemblée constituante dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône. Il fut élu conseiller municipal de Marseille et septième adjoint au maire, Jean Cristofol, en 1946-1947. Depuis 1946, il a été constamment élu et réélu conseiller de la République puis sénateur des Bouches-du-Rhône. Membre du comité fédéral du PCF pour les Bouches-du-Rhône de 1935 à 1963, il a pris part à de nombreuses actions, telles que les grèves des mineurs de 1947, 1948, 1954, 1963, les manifestations paysannes et les barrages de routes dans les Bouches-du-Rhône en 1963 et 1965, la lutte contre les guerres d’Indochine, d’Algérie et du Viet-Nam, les interventions en faveur d’Henri Martin et des Rosenberg. En 1950, Léon David fut membre du Comité de défense en Provence des persécutés et emprisonnés en Yougoslavie.

Léon David fut membre de la commission fédérale de contrôle financier de 1954 à 1964. En 1950-1956, il fut élu membre du bureau national du Secours populaire français. En 1959, il fut élu membre du bureau de la commission exécutive de l’Association départementale des élus Républicains des Bouches-du-Rhône puis réélu en 1966, 1967 et 1968. En 1966, il fut élu membre de la présidence d’honneur de l’ADIRP des Bouches-du-Rhône et en 1972, président d’honneur de la section d’Aubagne de la FNDIRP.

Léon David ne s’est pas représenté, en mars 1976, au conseil général dans le canton de Roquevaire et a renoncé à son mandat de sénateur en septembre 1978. Il a été réélu, en revanche, maire de Roquevaire en mars 1983 et le resta jusqu’en 1989. Une de ses filles a épousé Georges Lazzarino, secrétaire fédéral du PCF dans les Bouches-du-Rhône et membre du comité central.

Léon David avait participé en 1995 à la rédaction de la brochure intitulée « 1938-1945 : Les communistes face à la tourmente dans les Bouches-du-Rhône ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21597, notice DAVID Léon, Jean-Baptiste. Pseudonyme : LEROY par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 septembre 2019.

Par Antoine Olivesi

[Sénat]

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M 3/60 à 62, III M 56 et 58 (rapport cité), V M 2/282 et 290, M 6/10807 (rapport du 4 juin 1928), M 6/10809, rapport du préfet du 4 juillet 1937 et rapport de police du 23 janvier 1939, M 6/10809, rapport du préfet du 4 juillet 1937 et rapport de police du 23 janvier 1939, M 6/11248 bis, rapport du 9 août 1940 et M 6/11249, 5 W 178 (dossier d’internement). — Arch dép. Var 7 M 12 2. — Le Petit Provençal, 8 et 15 octobre 1934, 21 avril 1936 (photo). — Rouge-Midi, notamment les 6 et 19 mai 1934, octobre, 29 décembre, 25 novembre 1938, et après la Libération, notamment le 9 septembre 1945 (photo). — La Marseillaise, à partir d’août 1944, et notamment 23 et 26 novembre 1957. — Marseille, revue municipale, mars 1947. — A. Orgeas, Sociologie électorale du canton de Roquevaire, op. cit. — M. Bernard, Les Communistes dans la Résistance, Marseille, thèse citée, p. 64 et 77 (t. 1) et p. 40 (t. 2). — M. Agulhon et F. Barrat, CRS à Marseille op. cit., p. 154-155, 182, 198-200. — Renseignements fournis par le militant lui-même en réponse au questionnaire. — Rens. fournis par Marcel-Pierre Bernard (juin 1984). — Le Monde, 5 septembre 2000. — Notes de Jean-Claude Lahaxe et de Jean-Marie Guillon.

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