Par Jacques Grandjonc
Né le 6 mai 1786 à Francfort, mort le 12 février 1837 à Paris ; journaliste et écrivain, en exil à Paris à partir de 1830.
Après avoir commencé des études de médecine à Giessen et à Berlin, Ludwig Börne se tourna vers le droit et les lettres : docteur en philosophie en 1808. Archiviste de police en 1811 grâce à l’émancipation des juifs par application de la législation révolutionnaire française, il perdit son emploi en 1815 avec la Restauration. Il se fit baptiser en 1818 et acquit l’année suivante la réputation de critique féroce de la situation allemande. Après deux séjours à Paris, en 1819 et 1822-1824, il vint s’établir en septembre 1830 dans la capitale française, redevenue le centre du mouvement libéral en Europe. C’est là qu’il écrivit ses Briefe aus Paris (4 vol., 1831-1834), son œuvre journalistique et politique majeure, dont le radicalisme, allié à un style brillant et acéré, en fit l’ouvrage de combat des opposants allemands. La politique répressive louis-philipparde et les tensions sociales croissantes en France dès le début de la monarchie de Juillet firent rapidement de Börne, jusque-là partisan de la monarchie constitutionnelle, un républicain convaincu : il prit part à la fondation du Deutscher Vaterlands- puis Volkwerein/Association patriotique allemande en février-mars 1832 à Paris, fl fut élu au premier Comité directeur de l’association avec Ch. Berg, cordonnier de Giessen, un certain Blechschmidt, ouvrier allemand originaire de Moscou, Joseph Heinrich Garnier (1802-1855), journaliste de Rastatt, Heinrich Heine, Johann Kargl, ouvrier de Vienne, décoré de Juillet, un certain Kroger de Hambourg, cafetier à Paris, Georg Leipheimer (1804-1834) de Karlsruhe, employé de bijouterie, E. Ouvrier de Giessen, également décoré de Juillet, Hermann Wolfram (1812-1834) de Hof en Bavière, employé de bijouterie également et qui fut durant une année la cheville ouvrière de l’Association patriotique allemande. Börne était présent à la fête de Hambach, le 27 mai 1832 et il fut par la suite en relations suivies avec certains membres du Bund der Gedchteten comme Th. Schuster et les frères Eduard et Julius Goldschmidt.
En décembre 1835, la Diète de Francfort interdit l’ensemble de son œuvre parue ou à paraître, ainsi que celle de quelques autres écrivains d’opposition, dont Heine, qualifiés en bloc d’école de la Jeune Allemagne. Börne a laissé un important manuscrit sur l’histoire et les hommes de la Révolution française et traduit, six semaines après leur parution, les Paroles d’un Croyant de F. de Lamennais pour les diffuser parmi les prolétaires allemands à Paris et en Suisse. Dans ses dernières publications, La Balance, revue mensuelle en français, et Menzel der Franzosenfresser, il proposait la constitution d’une alliance intellectuelle franco-allemande pour promouvoir les grandes idées de liberté et de justice auxquelles il avait voué toute sa vie.
Par Jacques Grandjonc
ŒUVRE : Outre les ouvrages cités dans le texte : Études sur l’histoire et les hommes de la Révolution française, manuscrit inédit, publié (...) par J. Dresch, 1952. — Sämtliche Schriften (...), éd. par I. et P. Rippmann, 5 vol., 1977. — Börne Werke : in zwei Banden, éd. par H. Bock et W. Dietze, 5e éd., 1986. — Ludwig Börne und Heinrich Heine, ein deutsches Zerwürfnis, éd. par H.M. Enzensberger, 1986. — Schriften zur deutschen Literatur, éd. par W. Dietze, 1987.
SOURCES : Neue Deutsche Biographie. — W. Schieder, Anfange der deutschen Arbeiterbewegung, Stuttgart, 1963. — J. Grandjonc, « Die deutschen Emigranten in Paris. Ihr Verhältnis zu Heinrich Heine », in Heine Studien (Internationaler Heine-Kongress 1972), Hambourg, 1973. — H.J. Ruckhäberle, Frühproletarische Literatur. Die Flugschriften der deutschen Handwerksgesellenvereine in Paris 1832-1839, Kronberg/Ts., 1977. — W. Jasper, Keinem Vaterland geboren. Ludwig Börne : eine Biographie, Hambourg, 1989.