BORNSTEDT Adalbert von

Par Jacques Grandjonc

Né en 1809 à Stendal (Prusse), mort le 25 mai 1851 à l’asile d’IIIenau (Bade) ; militaire et journaliste.

D’ancienne noblesse de l’Altmark, Adalbert von Bornstedt fut à moins de vingt ans officier de la Garde à Berlin, corps dont il fut exclu avant 1830, pour affaire de mœurs semble-t-il. En 1830, il était en Algérie dans la Légion étrangère, pour peu de temps, car il dut de nouveau quitter l’armée, pour dettes et falsification de traite cette fois-ci. Il s’établit alors à Paris comme journaliste et vécut d’expédients, en particulier de son activité d’informateur auprès des services secrets autrichiens et français (entre 1835 et 1840 environ) puis prussiens, de 1840 au début de 1845. Ses liens avec les légitimistes français étant trop voyants au gré du gouvernement Guizot, ce dernier profita de la fournée d’expulsion des collaborateurs du Vorwärts !, fin 1844-début 1845, pour se débarrasser de Bomstedt en même temps que de Karl Marx. Bornstedt avait en effet collaboré au Vorwàrts ! dans les premiers mois de son existence, mais depuis l’automne tirait à boulets rouges contre cet organe devenu démocratique et communiste. A Bruxelles, à partir de mars 1845, il tenta de se rapprocher des exilés et des travailleurs immigrés allemands ; il fonda en 1847 la Deutsche-Brüsseler-Zeitung. De tendance simplement libérale et antiprussienne à l’origine, le journal accepta très tôt, pour se faire un public dans la colonie allemande de la ville, la collaboration de démocrates comme Friedrich Crüger ou de communistes comme Wilhelm Wolff. A partir de l’été, il devint l’organe attitré de l’Association ouvrière allemande et de la section de Bruxelles de la Ligue des communistes, au point que Bornstedt fut membre quelques mois de cette dernière organisation. Parmi les collaborateurs de là Deutsche-Brüsseler-Zeitung on compta désormais Karl Marx, Friedrich Engels, Wilhelm Wolff, Georg Weerth, Moses Hess, Stephan Born, Karl Heinzen, Friedrich Maurer, Karl Schapper, Ferdinand Wolff — la plupart du temps, comme il est d’usage à l’époque, de façon anonyme. Bornstedt, expulsé par le gouvernement belge en mars 1848, rejoignit la capitale française où il organisa avec Georg Herwegh et Karl Börnstein la légion allemande, ce qui lui valut son exclusion de la Ligue des communistes. La légion allemande de son côté, qui intervint après la défaite des troupes de Friedrich Hecker, fut écrasée par une compagnie wurtembergeoise à Dossenbach le 27 avril 1849. Fait prisonnier, Bornstedt fut transféré vers 1850 à la clinique psychiatrique d’Illenau.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215976, notice BORNSTEDT Adalbert von par Jacques Grandjonc, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 14 février 2020.

Par Jacques Grandjonc

SOURCES : J. Grandjonc, Marx et les communistes allemands à Paris. Vorwärts 1844, Paris, 1974. — W. Schmidt, Vorwärts ! Unveränderter Neudruck, Leipzig, 1975. — B. Andréas, Marx’ Verhaftung und Ausweisung. Brüssel Februar/März 1848 (Schriften aus dem Karl-Marx-Haus 22), Trèves, 1978. — B. Andréas, J. Grandjonc, H. Pelger, Deutsche-Brüsseler-Zeitung 1. Januar 1847-27. Februar 1848, 2 vol., Bruxelles, 1981. — K. Koszyk, « Adalbert von Bornstedt-Spitzel und Publizist », in Publizistik, Bremen, 1958.

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