BRENNER Otto

Par Jacques Droz

Né le 8 juin 1907 à Hanovre, mort le 15 avril 1972 à Francfort ; syndicaliste social-démocrate.

Au cours d’une jeunesse pénible, où il avait longtemps été garçon de courses, puis riveur et où il s’était fait une carrière comme électricien, Otto Brenner était entré dans les Jeunesses socialistes et dans le syndicat des métallurgistes, pour ensuite participer à la fondation du SAPD dont il devint le leader pour la section Hanovre-Brunswick. A ses idéaux de syndicaliste était attachée la volonté de mener une vie irréprochable : aussi faisait-il partie des « abstinents », qui avaient déclaré la guerre à l’alcool. Après avoir purgé, après la prise du pouvoir par les nazis, une peine de prison de deux ans, puis avoir été placé sous surveillance policière, il réussit à entrer dans une entreprise d’électricité de Hanovre dont la direction n’était pas nazie. Il réintégra la vie syndicale dès 1945, y manifesta une ample connaissance des problèmes économiques, mais aussi, dans les discussions, une allure agressive et sarcastique qui le rendait redoutable au patronat et qui fit de lui « la terreur de la bourgeoisie ». Député SPD de la Basse-Saxe dès 1951, il succéda à Walter Freitag à la vice-présidence de l’IG-Metall, pour en devenir président en 1956. Très hostile au communisme dont il refusait l’esprit totalitaire, ainsi qu’aux contacts professionnels avec les pays de l’Est, il était cependant convaincu de l’existence de la lutte des classes ; il récusait la théorie des « partenaires sociaux » (Keine Sozialpartner, nur Tarifpartner) et il estimait que les syndicats devraient adopter une position politique, occupant la place laissée libre par le SPD depuis l’élaboration du programme de Godesberg. Dès son élection à la présidence, Brenner avait repris les revendications syndicales en matière de grève et de cogestion paritaire, dont il développa les positions, proches de celles des intellectuels critiques, dans les Gewerkschaftliche Monatshefte et dans Die Nette Gesellschaft. Lors du congrès extraordinaire de Düsseldorf (1963), qui l’opposa au syndicaliste Georg Leber, il accepta un compromis qui abandonnait la notion de propriété publique des moyens de production, mais qui maintenait la revendication de la cogestion : il s’agissait de fournir au monde du travail une responsabilité paritaire au sein de l’État, de l’économie et de la société. Quand le SPD parvint au gouvernement en 1966, Brenner, ce « puriste du socialisme », modéra ses arguments pour ne pas gêner ses amis devenus ministres. Lui-même, élu depuis 1971 président du Syndicat international de la métallurgie, jouissait à sa mort d’une vive popularité dans le monde du travail, dont sa modestie l’empêcha toujours de faire usage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215990, notice BRENNER Otto par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 14 février 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Aus Reden und Aufsatzen, 1973.

SOURCES : P. Waline, Cinquante ans de rapports entre patrons et ouvriers en Allemagne, 2 vol., Paris, 1968-1970. — T. Pirker, Die blinde Macbt. Die Gewerkschaftsbewegung in West-Deutschland, 2 vol., Munich, 1979 (réimpr. de l’éd, de 1960). — R.K. Ullrich, « Otto Brenner », in C.H. Casdorff (éd.), Demokraten. Profile unserer Republik, Königstein/Ts., 1983.

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