Par Jacques Droz
Né le 27 avril 1879 à Breslau, mort le 9 juillet 1964 à Dresde ; militant social-démocrate passé en RDA.
Fils d’un serrurier qui appartenait à la social-démocratie, Otto Buchwitz entra en 1896 dans le syndicat des métallurgistes, puis au SPD. Son service militaire (1899-1901) lui donna l’occasion d’attaquer violemment l’armée impériale dans la Sächsische Arbeiterzeitung. Contraint de faire plusieurs métiers, il s’établit dans l’Oberlausitz et à Görlitz où il organisa syndicalement et politiquement les ouvriers du textile, au point que les chefs d’entreprise prirent contre lui en 1905 un arrêt de non-embauche. L’« agitateur rouge », comme l’appelaient les ouvriers, poursuivit son action de 1907 à 1914 comme secrétaire du syndicat du Textile dans la région de Chemnitz. Buchwitz adopta pendant la Première Guerre mondiale une attitude hostile à l’Union sacrée. Cependant, malgré les déceptions que lui avait procurées le SPD, il continuait à attendre de lui, après la guerre et la révolution, qu’il assurât l’émancipation du prolétariat. Il revêtit de hautes fonctions, devint secrétaire du parti pour le cercle de Basse-Silésie et entra au Landtag provincial de Silésie, au Landtag prussien et, en 1924, au Reichstag. Il avait participé à la répression du putsch de Kapp, contribué à l’organisation militaire des ouvriers dans la région de Görlitz et tenté, avant la crise fasciste, d’avertir Severing du danger que représentait le soutien à la politique de Brüning. Il fut condamné en 1932 à trois mois de prison pour détention d’armes clandestines.
Obligé, après la prise du pouvoir par Hitler, de quitter Görlitz, il s’établit à Berlin où il entretint une correspondance avec les représentants socialistes à Prague, non sans collaborer activement avec les organisations communistes. Mais, en septembre 1933, il fut obligé d’émigrer au Danemark où il se rapprocha du secrétaire de frontière, qui était dans la ligne du groupement radical des Révolutionnaires socialistes. En fait il semble avoir été assez isolé pendant son exil, au point, semble-t-il, d’avoir envisagé un retour en Allemagne ; il collabora en tout cas au journal que Sievers fit paraître en Belgique, Freies Deutschland, qui appartenait à la droite du parti social-démocrate. En avril 1940, il fut livré à la Gestapo, par la police danoise et termina la guerre dans des camps de concentration allemands.
Libéré par l’armée soviétique, il reprit au lendemain de la guerre son rêve de réaliser l’unité politique du mouvement ouvrier et se prononça résolument pour la fusion du SPD et du KPD. En Saxe, il procéda, comme délégué du SED aux côtés de W. Kœnen, à la dénazification du pays, qu’il fit ratifier par un plébiscite en juin 1946. La même année, il fut élu au Landtag de cette province, dont il assura la présidence jusqu’en 1948. Il fut jusqu’en 1950, avec Matern, à la tête de la Commission de contrôle du SED. A partir de cette date, son âge et sa santé le limitèrent à des charges plus honorifiques (président d’honneur de la Chambre populaire, président de l’école technique de Dresde, etc.), mais il demeurait l’une des personnalités socialistes les plus honorées en RDA.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : 50 Jahre Funktionar der deutschen Arbeiterbewegung, 2e éd., 1950.
SOURCES : Ruth Seydewitz, Der Klasse treuer Kampfer. Aus dem Leben von Otto Buchwitz, Berlin-Est, 1961. — F. Zimmermann, Otto Buchwitz. Ein Lebensbild, Berlin-Est, 1984. — Lexikon, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit.