BUSS Franz, Josef

Par Jacques Droz

Né le 28 mars 1803 à Zell, mort le 31 janvier 1878 à Fribourg ; parlementaire catholique badois préoccupé par la question sociale.

Issu d’une famille pauvre, Franz Buss fit des études remarquables de droit, de médecine et de philosophie à l’Université de Fribourg. Très irréligieux dans ses premières années, ayant même assisté à une manifestation en l’honneur de Jean Huss, il se convertit progressivement à un catholicisme militant qu’il mit au service d’une Église badoise longtemps humiliée, à laquelle il voulait rendre sa place dans l’État. Professeur à l’Université de Fribourg, membre de la seconde Chambre badoise, il rédigea en 1837 le premier programme social sur la réorganisation des fabriques qui eût été élaboré en Allemagne : présentant l’état actuel comme une manifestation de la maladie du corps social où les « ilotes ouvriers » étaient livrés aux forces révolutionnaires, il demandait que l’État intervînt pour établir une législation du travail fixant la durée de la journée de travail, interdisant le Trucksystem, le travail de nuit et celui des enfants, favorisant la création de caisses d’épargne et d’aide sociale, le respect du repos dominical, la création d’un ministère « du travail et de l’économie ». Il invita par ailleurs l’Église à ne pas se contenter de la direction des âmes et de faire respecter les nouvelles dispositions sociales. La motion de Buss fut bien sûr repoussée par le Landtag badois ; elle fut même complètement oubliée, et ce n’est qu’en 1904 que le député Geck la fit connaître à nouveau.
La vocation sociale de Buss s’étendit jusqu’en 1848. Pendant le dur hiver 1846, grâce à des souscriptions et d’heureuses spéculations, il put apporter du pain aux paysans de la Forêt noire. Il fut membre du Parlement de Francfort et élu président du premier congrès des associations catholiques. A vrai dire, il n’avait jamais été démocrate ; il détestait le parlementarisme et la souveraineté du peuple et de plus en plus, il fut frappé parles dangers de l’irréligiosité et d’immoralité que constituerait l’excès de liberté. Sa correspondance avec Donoso Cortès montre chez lui le triomphe des idées conservatrices. Élu au Reichstag en 1874, il appartint au parti du Centre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216000, notice BUSS Franz, Josef par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 17 février 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : F. Schnabel, Deutsche Geschichte im Neunzehnten Jahrhundert, t. IV, Fribourg/Br., 1937 (réimpr., 1987). — R. Morsey, J. Aretz, A. Rauscher (éd.), Zeitgeschichte in Lebensbildern : aus dem deutschen Katholizismus des 19. und 20. Jahrhunderts, t. 5, Mayence, 1982.

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