DAVID Octave

Né le 24 mars 1878 en Suisse ou à Aresches (Jura), mort en février 1942 à Besançon (Doubs) ; ouvrier horloger ; syndicaliste et militant socialiste.

Octave David fit son apprentissage de militant dans le Val de Saint-Imier, où étaient venus se réfugier de nombreux proscrits de la Première Internationale et membres de la Commune de 1871. Horloger, il participa activement à la vie des syndicats horlogers de Saint-Imier, puis de l’ensemble de la Suisse et fut élu président du comité central de la Fédération des syndicats des faiseurs de pendants.
C’est en 1907 qu’il vint à Besançon et, rapidement, fut à la tête du syndicat des monteurs de boîtes de montres. Durant la Première Guerre mondiale, mobilisé, en raison de son âge, dans la région, il prit part à l’organisation des syndicats des métaux de l’Est. La guerre finie, Octave David joua un rôle important dans la reconstitution des organisations syndicales bisontines, tâche à laquelle il allait se consacrer toute sa vie. Il créa en 1919 un syndicat unique des ouvriers de l’industrie horlogère, syndicat dont il devint le permanent. À la fin de la même année, il assuma également le secrétariat de l’Union locale, puis de l’Union départementale CGT du Doubs. Il restera le permanent du syndicat horloger jusqu’à sa mort.
Lors de la scission syndicale, il défendit, contre Cazals, alors secrétaire de l’Union départementale, les thèses de la majorité confédérale, qui étaient celles de la majorité des syndicats bisontins. Au début de 1922, David invita les syndicats « majoritaires » à quitter l’Union départementale, où ils étaient en minorité, et il créa une nouvelle UD (CGT). Octave David, orateur de talent, profondément réformiste, resta fidèle aux traditions du mouvement syndical suisse. Partisan du syndicalisme obligatoire, il croyait à une collaboration fructueuse entre patrons et ouvriers ; ainsi n’hésita-t-il pas à entraîner son syndicat dans le « Groupe des amis de l’horlogerie », où dominaient les syndicats patronaux.
Militant socialiste, conseiller municipal depuis 1919, David appartint à la tendance des « centristes » ou « reconstructeurs », ainsi que la majorité des membres du groupe socialiste bisontin. Après le congrès de Tours, il resta cependant au groupe socialiste, qui devint le groupe communiste bisontin : la confusion qui subsistait au sein du Parti communiste d’alors explique ce fait. Il fut déféré en juin 1922 devant la commission des conflits du groupe communiste pour son action syndicale « en contradiction flagrante avec l’idéal et les principes de l’organisation politique dont il osait encore se réclamer » (Germinal, hebdomadaire régional du Parti communiste). Il adhéra alors au groupe socialiste autonome, rattaché à la Fédération autonome du Jura, puis au Parti socialiste-communiste en 1923. Il resta membre de ce parti, puis du Parti d’unité prolétarienne (PUP) jusqu’à sa fusion avec le Parti socialiste SFIO.
Dans le journal à la fondation duquel il contribua, L’Œuvre sociale, organe de l’Union départementale CGT et de la Fédération d’entente socialiste du Doubs (qui groupait les socialistes SFIO et les socialistes-communistes), David mena une campagne suivie pour la défense des intérêts des ouvriers de l’horlogerie : aucun numéro ne paraissait sans un article de lui.
Un chômage important dans l’industrie horlogère, en 1927 notamment, et les progrès techniques réalisés dans cette industrie, entraînèrent souvent une détérioration de la condition des ouvriers horlogers. Puis ce fut la grande crise économique dont les effets se firent sentir à Besançon à partir de 1931 et Octave David dénonça alors dans l’Œuvre sociale l’attitude des patrons horlogers mais il conservait toutefois encore l’espoir à la fin 1933 que le salut pourrait venir de la « conjugaison des efforts des deux facteurs de travail en présence ».
Le mouvement ouvrier bisontin prit un nouveau départ avec la réunification syndicale qui, dans le Doubs, se réalisa au congrès de Besançon du 15 décembre 1935. Octave David fut élu avec Tisserand secrétaire adjoint puis, de 1936 à 1939 trésorier adjoint en association avec un autre militant - voir Ad. Jeannin*
À plusieurs reprises, Oct. David fut candidat à des élections, notamment à l’élection municipale de Besançon le 5 mai 1935 où il groupa 1 174 voix, à l’élection au conseil général dans le canton de Besançon-sud en octobre 1931 puis en octobre 1937 où il recueillit 194 voix sur 1 758 inscrits et 1 359 votants, à l’élection législative enfin en mai 1932 dans la première circonscription de Besançon, recueillant 1 323 voix au premier tour sur 13 811 inscrits soit 9,5 %. Dans toutes ces élections, David se présentait comme socialiste SFIO.
La guerre venue, Octave David accepta d’être conseiller municipal désigné par Vichy, déclarant qu’il acceptait ce poste ne serait-ce que pour obtenir une paire de chaussures pour ceux qui en avaient besoin Il mourut en 1942. L’Atelier annonça son décès dans son numéro 113, le 27 février 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21608, notice DAVID Octave, version mise en ligne le 8 décembre 2014, dernière modification le 8 décembre 2014.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13658, rapp. du 6 février 1923 et F7/13659. — La Tribune du Doubs, 1935-1939. — Le Semeur ouvrier, 10 et 24 octobre 1931. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op. cit. — Notes de J. Charles. — Arch. Dép. Doubs, 1911 W/ 2, dossier 215. — Notes de Louis Botella.

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