DIA Oumar

Par Françoise Blum

Né le 30 septembre 1975 à Kolda (Casamance, Sénégal), enseignant, syndicaliste au SUDES.

Oumar Dia est né le 30 septembre 1975 à Kolda en Haute-Casamance (Sénégal). Son père est un lettré musulman et sa famille aurait fait le Djihad avec El Hadj Omar. Son grand-père est né dans le Macina au Mali, qu’il quitta pour un bref retour aux origines de ses ancêtres au Fouta avant de s’établir définitivement au Fouladou. Sa mère est née en Guinée-Bissau. Elle fait partie des populations exilées au Sénégal pendant la guerre de libération. Le père d’Oumar est maître d’école coranique, Imam et agriculteur. Il a 4 épouses et 27 enfants dont Oumar. A la maison, ils parlent puular. A priori le père ne souhaite pas que ses enfants aillent à l’école mais un oncle d’Oumar réussit à le convaincre et Oumar commencera donc l’école, à l’âge de huit ans. Son école est rudimentaire et se tient sous un abri provisoire. Il n’a pas de maître d’école attitré à la fin du cyle primaire (CM2) et c’est le directeur d’école qui assure, par intermittence, les enseignements. Oumar est donc à l’école primaire de 1983 à 1989, date à laquelle il va intégrer le lycée Alpha Molo Baldé, toujours à Kolda. Il aura son baccalauréat en 1996. Il entame alors, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar des études de philosophie. Pour lui, la philosophie représente autonomie et liberté. Il obtient sa maîtrise en 2000. Elle a pour thème « Etat et citoyenneté chez Hegel ». En 2002, c’est son DEA (De la société civile à la société politique : l’Etat hégélien revisité) qu’il a fait sous la direction de Sémou Pathé Gueye, un intellectuel et enseignant dont la thèse sur Marx a fait date. Sa thèse, toujours sous la direction de Sémou Pathé Gueye et du philosophe burkinabé Mahamadé Savadogo a pour titre : « Enjeux et portée actuelle de la problématique hégélienne de la fin de l’homme ». Il la soutient le 24 février 2007 et obtient, après avoir assuré vacations à l’université et cours dans une classe préparatoire à HEC un poste à Cheikh Anta Diop. Il obtient le poste d’assistant en philosophie à l’université en 2009 et est titularisé en 2010. Dès son entrée à l’université il adhère au Sudes (Syndicat unitaire et Démocratique des enseignants du Sénégal) et s’y investit très activement. Le Sudes est un syndicat né en 1976 à l’initiative d’une gauche très politique, qui a connu une scission et la création, à partir de cette scission du SAES (Syndicat autonome de l’enseignement supérieur), syndicat de l’enseignement supérieur. Mais le SUDES, contrairement au SAES couvre tous les corps d’enseignants. Le syndicat, à travers publications, interventions médiatiques s’intéresse au système d’enseignement qu’il considère comme un tout, et ce dans une logique égalitaire. Contrairement au SAES, la grève n’est pas pour lui un outil. Le syndicat lutte par exemple pour la suppression de la seule logique du mérite dans l’attribution des bourses aux bacheliers et l’introduction d’une logique plus sociale. Toujours est-il qu’Oumar Dia intègre le bureau de l’entité « enseignement supérieur » du syndicat en août 2012, comme secrétaire chargé de la recherche, et, en mars 2018 il est élu secrétaire général. Cela correspond à un rajeunissement du bureau de même qu’à une montée en puissance du syndicat dans l’enseignement supérieur alors même que celui-ci avait subi de plein fouet la concurrence du SAES. Il faut noter aussi qu’être secrétaire général du Sudes-enseignement supérieur n’implique aucune décharge horaire ni aucune prime de quelque sorte que ce soit. Cela représente au contraire une sorte de double emploi du temps.

Oumar Dia a, au moment de l’entretien fait avec lui (mai 2019), deux enfants (Thierno Ahmadou et Aminata). Il compte poursuivre son investissement syndical. Il a aussi conscience qu’il faudrait « décoloniser » la philosophie dans l’université sénégalaise en introduisant l’étude de corpus autres qu’occidentaux. La logique syndicale rejoint ainsi les préoccupations intellectuelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216083, notice DIA Oumar par Françoise Blum, version mise en ligne le 31 mai 2019, dernière modification le 4 novembre 2019.

Par Françoise Blum

Sources : entretien avec Oumar Dia, Dakar, mai 2019.

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