DAVID Eduard

Par Jacques Droz

Né le 11 juillet 1863 à Ediger (France), mort le 24 décembre 1930 à Berlin ; parlementaire social-démocrate de droite.

Fils d’un receveur des finances, Eduard David, après des études au lycée de Giessen, fît son apprentissage dans une famille de commerçants à Berlin. Il n’eut que tard l’Abitur (baccalauréat) qui lui permit de poursuivre ses études à l’Université de Giessen, puis de travailler comme professeur dans le lycée de cette ville, d’où il fut exclu en 1894 pour être entré dans le SPD. En fait il s’adonna rapidement au journalisme, pour devenir l’un des principaux rédacteurs des Sozialistische Monatshefte : « Les fondements de la social-démocratie, devait-il écrire, ne sont pas constitués par les pierres de taille de la théorie marxiste, mais par les intérêts humains et humanitaires des masses populaires laborieuses. » Élu secrétaire du parti pour le Grand-Duché de Hesse, il se plaça dans le sillage de Bernstein au congrès de Hanovre en 1899 et défendit en 1901, à celui de Lübeck, la position des socialistes badois qui avaient voté le budget du Land. En 1903, dans son livre Socialisme et agriculture, il montrait que les thèses de Marx sur la concentration de la propriété agraire étaient erronées et que la petite propriété paysanne était la forme la plus stable de l’économie agricole. Élu en 1903 au Reichstag où il demeura jusqu’en 1918, il prit position pour une politique coloniale dans l’esprit « civilisateur » que voulait lui donner le socialisme.
Très axé sur les questions de politique extérieure — il avait participé au congrès de l’Internationale à Bâle —, il fut le premier socialiste allemand à préconiser le vote des crédits militaires en août 1914, attitude qu’il expliquera plus tard dans ses ouvrages La Social-démocratie dans la guerre (1915) et Wer trägt die Schuld am Kriege ? (Qui porte la responsabilité de la guerre ?, 1917), où il affirmait que l’Allemagne avait mené une guerre purement défensive. Il engagea de bonne heure des « conférences exceptionnelles » (Sonderkonferenzen) destinées à expliquer, principalement aux syndicalistes, la portée de l’effort de guerre. Il publia en 1915 des directives (Leitsätze) susceptibles de définir les buts de guerre de la social-démocratie, dont l’un des plus affichés était le non-retour de l’Alsace-Lorraine à la France. Il multiplia les contacts avec les bourgeois modérés, notamment la Mittwoch-Gesellschaft (Société du mercredi) et la Deutsche Gesellschaft, afin d’y maintenir l’esprit issu du vote du 4 août. Il soutint de plus en plus que l’effort de guerre devait être dirigé contre l’impérialisme maritime de l’Angleterre ; aussi s’exprima-t-il en faveur de la thèse de la guerre sous-marine. Dans la politique intérieure de l’Allemagne pendant la guerre, son influence ne fut pas moindre ; il fit peu de choses pour défendre Bethman Hollweg contre la pression des nationalistes. Malgré ses réticences, il vota l’acceptation du traité de Brest-Litovsk. Il appartenait au groupe social-démocrate qui cherchait à épargner à l’Allemagne une révolution politique et la chute du gouvernement impérial.
Secrétaire d’État des Affaires étrangères dans le cabinet de Max de Bade, il fut élu président de l’Assemblée nationale en 1919, poste qu’il dut laisser au centriste Fehrenbach. Il participa aux deux gouvernements de Scheidemann où, ministre sans portefeuille, il prit part à la conclusion du traité de paix, à la signature duquel il fut favorable, et de Gustav Bauer, où il détint le ministère de l’Intérieur. Il termina sa carrière comme représentant du Reich auprès du Land de Hesse, ce qu’il combina avec un enseignement à l’Université technique de Darmstadt. Redevenu membre du Reichstag entre 1917 et 1930, il participa à plusieurs manifestations du Reichsbanner.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216185, notice DAVID Eduard par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 26 novembre 2021.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Die Sozialdemokratie im Weltkrieg, 1915. — Die Befriedung Europas, 1926. — Aus Deutschlands schwerster Zeit. Schriften und Reden aus den Jahren 1914-1919, 1928. — Kriegstagebuch des Reichstagsabgeordneten Eduard David 1914-1918, revu par E. Matthias et Susanne Miller, éd. par la Kommission für Geschichte des Parlementarismus und der politischen Parteien, 1966.

SOURCES : G. Schwieger, Zwischenn Obstruktion und Kooperation. Eduard David und die SPD im Kriege, Diss. Kiel, 1970. — D. Groh, Negative Intégration und revolutionärer Attentismus, Francfort, 1974. — Susanne Miller, Burgfrieden oder Klassenkampf. Die deutsçhe Sozialdemokratie im ersten Weltkrieg, Düsseldorf, 1974. — E. Müller, « Zum politischen Wirken des Revisionisten Eduard David in der deutschen Sozialdemokratie 1894-1907 », in Beitrage zur Geschichte der Arbeiterbewegung, no. 4,1981. — BLDG, op. cit.

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