DIETZGEN Joseph

Par Irène Petit

Né le 9 décembre 1828 à Blankenberg, près de Cologne, mort le 15 avril 1888 à Chicago (États-Unis) ; philosophe, propagandiste marxiste.

Né d’une famille ouvrière (d’une des plus anciennes familles bourgeoises de la vallée de la Sieg, d’après une autre source) de six enfants, Joseph Dietzgen fréquenta l’école primaire, puis le collège pendant peu de temps. Il fit son apprentissage dans l’atelier de son père tanneur, apprit seul le français et s’initia à la philosophie, la littérature et l’économie. Influencé par la Neue Rheinische Zeitung, il fut un ardent partisan de la révolution de 1848-1849. En 1849, il partit pour les États-Unis où il travailla comme tanneur, peintre en bâtiment et professeur. En 1851, il revint en Rhénanie et ouvrit un commerce de produits coloniaux. De 1859 à 1861, il vécut de nouveau en Amérique. En 1861, il reprit la tannerie paternelle. De 1864 à 1868, il dirigea une tannerie d’État à Saint-Pétersbourg et travailla comme tanneur à Siegburg en Rhénanie de 1869 à 1883.
A côté de son travail professionnel, Dietzgen développa, à partir de 1861, des activités de publiciste : il écrivit des articles et des ouvrages philosophiques. Ses convictions révolutionnaires furent affermies par la lecture, en 1848, du Manifeste du Parti communiste et par celle des grands écrits économiques de Marx. On a pu dire de lui qu’il fut le premier ouvrier allemand à avoir lu Le Capital ; il en fit même dans le Demokratisches Wochenblatt de Leipzig un compte rendu très détaillé en 1868, qui lui valut les éloges de Marx. En 1869, il fut l’un des cofondateurs de la section de l’Association internationale des travailleurs (AIT) à Siegburg. Il adhéra au mouvement ouvrier allemand dès sa création et participa au congrès d’Eisenach en 1873. Marx rendit visite à Dietzgen en 1869, à Siegburg et le rencontra à nouveau en 1872, au congrès de l’AIT à La Haye où Dietzgen était délégué.
L’ouvrage principal de Dietzgen, Das Wesen der menschlichen Kopfarbeit. Von einem Handarbeiter (L’essence du travail cérébral humain. Écrit par un travailleur manuel), rédigé en Russie, parut en 1869. Ce « travailleur manuel » a écrit de nombreux livres ou articles traitant de morale, d’épistémologie, de critique de la religion, de logique etc., toujours du point de vue du matérialisme dialectique. Dans de nombreux organes de presse, Der Volksstaat, Vorwärts, Der Sozialdemokrat de Zurich, Die Neue Zeit ainsi que dans des journaux américains, Der Sozialist de New York et la Chicagoer Arbeiterzeitung, il s’est fait le propagandiste des thèses économiques de Marx et du socialisme scientifique. Dans son livre paru en 1871, Die Zukunft der Sozialdemokratie, il affirmait la puissance politique de la classe ouvrière et ses perspectives de conquête du pouvoir. Cet ouvrage lui valut une incarcération de trois mois en 1878. Marx et Engels estimaient Dietzgen, tout en critiquant certaines confusions et demi-vérités dues à sa qualité d’autodidacte.
Les lois antisocialistes de 1878, par les difficultés économiques qu’elles lui créèrent, le contraignirent à envoyer son fils Eugène en Amérique, en 1881. Candidat au Reichstag en 1881, il suivit son fils en 1884 et devint rédacteur du Sozialist à New York. En 1886, il alla à Chicago et assuma la rédaction en chef de la Chicagoer Arbeiterzeitung. Il fut inhumé aux côtés des anarchistes exécutés suite aux événements tragiques de 1886.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216190, notice DIETZGEN Joseph par Irène Petit, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 18 février 2020.

Par Irène Petit

ŒUVRE : Schriften in 3 Bänden, vol. I à III, 1961-1965. — L’Essence du travail intellectuel humain, 1973 (préf. de A. Pannekœk ; postf. de Eugen Dietzgen, son fils).

SOURCES : G. Huck, Joseph Dietzgen 1828-1888. Ein Beitrag zur Ideengeschichte des Sozialismus im 19. Jahrhundert, Stuttgart, 1979. — Osterroth, op. cit.

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