DAVISSE Annick [née DUMONT Annick]

Par Michaël Attali

Née le 5 février 1940 à Rosendaël (Nord) ; professeur d’éducation physique, inspectrice pédagogique régionale ; militante syndicaliste de l’UNEF, du SNEP ; militante communiste, membre de la commission sportive du PCF, militante de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).

Fille d’une employée et d’un employé devenu cadre et petite-fille d’un militant communiste déporté à Auschwitz où il décéda, Annick Dumont suivit sa scolarité à l’école des filles de Malo-les-Bains, puis au lycée de Dunkerque. Elle obtint le baccalauréat A’ (latin-grec-mathématiques et philosophie) et se présenta au concours général en anglais. Elle intégra en 1957-1958 le Centre régional d’éducation physique et sportive de Poitiers (Vienne) puis l’École normale supérieure d’éducation physique et sportive (jeunes filles) à Châtenay-Malabry en 1958. Elle y demeura jusqu’en 1961 et obtint la même année le certificat d’aptitude au professorat d’EPS.

Parallèlement, elle suivit des études de psychologie à la Sorbonne entre 1959 et 1961, et obtint un certificat de psychologie de l’enfant en 1960. Elle prit son premier poste d’enseignante à la rentrée de 1961 au lycée Camille Saint-Saëns de jeunes filles de Rouen (Seine-Maritime). Elle obtint en 1963 sa mutation au collège d’enseignement technique de jeunes filles de Vitry-sur-Seine. Puis en 1968, elle fut nommée, à sa demande, au collège d’enseignement secondaire de Vitry jusqu’en 1975. A partir de cette date, elle milita activement comme responsable nationale au Syndicat national d’éducation physique, déchargée de service à temps complet. Après avoir été inspectrice pédagogique régionale dans l’académie de Créteil, de la rentrée de 1983 jusqu’en 1993, elle fut affectée à l’Institut universitaire de formation des maîtres de l’académie de Créteil, jusqu’à sa retraite en 1998.

Annick Dumont se maria en août 1961 à Paris (XVe arr.) avec Daniel Davisse, alors étudiant, militant communiste, membre du comité de rédaction de L’École et la Nation à partir d’octobre 1970, futur maire de Choisy-le-Roi. Le couple eut deux enfants.

Annick Davisse vint à l’EPS par intérêt pour l’enseignement et goût des activités sportives, sans être une pratiquante de haut niveau. Dans son CET, elle adopta une position de compromis entre enseignement sportif et gymnastique traditionnelle féminine. Insatisfaite de la situation, sa demande de mutation en CES s’inscrivait dans une volonté de mise en place d’un enseignement mixte, dans une discipline encore très réticente sur la question de la mixité. Tout en réclamant la mixité en EPS dès 1965 dans le cadre de la formation continue, elle constata que beaucoup de filles étaient en échec, en particulier en sports collectifs. Elle perçut un décalage entre les innovations pédagogiques des années 1960 et les besoins exprimés par les filles. L’ensemble de sa carrière fut ainsi dominée par cette attention portée sur l’expression des différences sexuées et les stratégies à adopter pour développer un enseignement mixte. L’école devait, selon elle, assurer l’initiation de tous les élèves aux pratiques culturelles, pour échapper aux déterminismes sociaux et de sexe. Au cours des années 1980-1990, elle initia au sein de l’académie de Créteil, un mouvement de réflexion pédagogique centrée sur les élèves en échec et l’importance du sens des apprentissages.

Annick Davisse adhéra au Syndicat national de l’éducation physique dès son entrée à l’ENSEP en 1958. Élue SNEP/UNEF dès 1959, elle devint secrétaire générale du cartel des écoles normales supérieures de l’Union nationale des étudiants de France en 1960. Elle participa au Festival mondial de la jeunesse à Vienne en 1960, au titre de l’UNEF et à un voyage d’étude en République démocratique allemande sur le sport féminin.

Membre de la commission administrative nationale du SNEP jusqu’en 1982 sur la liste « Unité et Action », elle fut secrétaire adjointe de la section régionale de Paris en 1968 puis membre de la nouvelle direction nationale du SNEP à partir de 1969. Elle occupa successivement les fonctions de trésorière adjointe, entre avril 1971 et mai 1975, de responsable corporative, entre mai 1975 et 1979, et de responsable de la vie syndicale entre mai 1979 et mai 1981. Elle bénéficia d’une décharge complète de service entre 1975 et février 1982, et fut membre de la commission administrative nationale de la Fédération de l’Éducation nationale. Son engagement sur la liste "Unité et Action" s’inscrivit dans la perspective d’une défense professionnelle, à la fois sur une ligne politique et disciplinaire. Elle mena une réflexion approfondie sur les liens à établir entre action syndicale et analyse politique, en vue de proposer des alternatives en termes de transformations sociales. Elle intervint régulièrement lors des congrès nationaux du SNEP sur les difficultés particulières des femmes dans le métier de professeur d’EPS. Elle avait introduit alors les problématiques liées par exemple à la maternité jusque-là absentes. Elle incita par ailleurs le collectif Unité et Action au sein de la FEN, de porter une attention accrue sur le métier d’enseignant et les inégalités scolaires.

À son arrivée à l’ENSEP en 1958-1959, elle adhéra au Parti communiste français à Châtenay-Malabry. Puis elle fut membre du comité de la section communiste de Vitry-sur-Seine, du comité de la fédération communiste du Val-de-Marne entre 1980 et 1985 et au conseil national du PCF en 2002-2003. Elle fut candidate lors des élections législatives de 1981 dans la circonscription Saint-Maur-Créteil en 1981, et lors des élections européennes en 1999. Elle fut membre de la commission sportive du PCF depuis le milieu des années 1960 et de la commission de l’enseignement. En 2000, elle fut désignée comme co-animatrice du « réseau école » du PCF. Elle fit partie du groupe appelant à la refondation du PCF en 1991 et fut une des 73 communistes signataires, en novembre 1991, du manifeste signé notamment par Charles Fiterman et Guy Hermier, « Urgence du futur ». Elle était en 2008 adhérente au PCF.

Annick Davisse, chargée d’une mission sur les femmes et la fonction publique entre février 1982 et mai 1983, rédigea un rapport sur le sujet. Elle participa également au groupe « didactique » de l’inspection générale entre 1988 et 1991, puis au groupe de travail disciplinaire jusqu’en 1996 aboutissant à la rédaction des programmes en EPS.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21620, notice DAVISSE Annick [née DUMONT Annick] par Michaël Attali, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Michaël Attali

ŒUVRE : Olympie. La course des femmes, Paris, La Courtille, 1980, 219 p. (avec L. Lorenzi et J. Renoux). — Les femmes dans la fonction publique, Rapport au ministre de la Fonction publique et des réformes administratives, Paris, La documentation française, 1983, 190 p. — Sport, école, société : la part des femmes, Joinville-le-Pont, Actio, 1991, 288 p. (avec C. Louveau). — Pourvu qu’ils m’écoutent : discipline et autorité dans la classe, Créteil, CRDP, 1995, 239 p. (avec J.-Y. Rochex et les stagiaires de l’IUFM de Créteil). — Lettres à nos remplaçants. ZEP et établissements sensibles, textes réunis par AD, Dossier EPS n°31, 1996, 75 p. — Pourvu qu’ils apprennent : face à la diversité des élèves, Créteil, CRDP, 1998 (avec J.Y. Rochex et les stagiaires de l’IUFM de Créteil), 1998, 252 p. — Sport, école, société : la différence des sexes : féminin, masculin et activités sportives, L’Harmattan, 1998, 342 p. (avec C. Louveau).

SOURCES : Presse syndicale et nationale. — Entretien dans L’EPS face au sport. 15 acteurs témoignent, 1999. — Documentation et témoignage de l’intéressée. — Notes de Jacques Girault.

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