Par Serge Cosseron
Né le 6 juillet 1898 à Leipzig, mort le 6 septembre 1962 à Berlin-Est ; compositeur communiste.
Fils du professeur Rudolf Eisler, Hanns était le cadet de trois enfants. Sa sœur Elfriede, connue sous le pseudonyme de Ruth Fischer, fut l’une des fondatrices du Parti communiste autrichien, en novembre 1918. Son frère Gerhart, militant de l’Internationale communiste, chargé successivement d’une mission en Chine, du contrôle du Parti communiste américain et de la direction du bataillon Thälmann pendant la guerre d’Espagne, occupa un poste ministériel en RDA.
Élève d’Arnold Schönberg à Vienne, de 1919 à 1923, Eisler composait de la musique atonale et dodécaphonique. En septembre 1925, il s’installa à Berlin. Il entreprit alors des études marxistes. Dans un article sur Beethoven, paru dans Die Rote Fahne du 22 mars 1927, Eisler écrivit : « Ce ne fut pas un compositeur du prolétariat, et pourtant son œuvre nous appartient, appartient à la classe ouvrière montante... » Il décida alors de s’adresser à un autre public que celui des concerts. Il revint à l’écriture tonale et modale et composa pour les chorales ouvrières. Il mit aussi en musique certains poèmes de Brecht.
La rencontre Brecht-Eisler eut lieu au printemps 1928. Eisler composa la musique de La Décision et de La Mère (1931), véritable oratorio laïque et celle du film de Brecht-Dudow Kuhle Wampe ou A qui appartient le monde ?, présenté en mai 1932. La troisième partie du film fut entièrement construite à partir de la bande-son et du Chant de la solidarité. Brecht et Eisler se retrouvèrent en exil et continuèrent leur travail en commun.
Rentré en Allemagne, Eisler composa l’hymne national de la RDA, sur un poème de Johannes R. Becher (novembre 1949). Il écrivit le livret d’un opéra, Doktor Faustus, dont la représentation, sur l’ordre d’Ulbricht, ne put avoir lieu.
Par Serge Cosseron
ŒUVRE : Gesammelte Werke, Ser. 3,1973-1983. — Gespräche mit Hans Bunge -Fragen Sie mehr über Brecht, Ser. III, Bd. 7,1975.
SOURCES : F. Fischbach, Hanns Eisler -le musicien et la politique, thèse inédite. — J. Schebera, Hanns Eisler im Exil Zu den politischen, ästhetischen und kompositorischen Positionen des Komponisten 1938 bis 1948, Meisenheim a. Glan, 1978. — F. Fischbach, Lukacs, Bloch, Eisler : contribution à l’histoire d’une controverse, Villeneuve-d’Ascq, 1979. — A, Betz, Musique et politique : Hanns Eisler : la musique d’un monde en gestation, Paris, 1982.