Par Jacques Droz
Né en 1823, mort le 15 mai 1859 aux États-Unis ; militant et journaliste socialiste en 1848.
Venu de Paderbom, Christian Esselen fît ses études de droit à Fribourg, Heidelberg et Berlin et un an de service comme officier. Il contribua à créer l’Arbeiterverein de Hamm dont il fit, aux côtés de Weydemeyer et de Friedrich Kapp, l’un des centres les plus actifs du socialisme westphalien. Au début de la révolution de 1848, après avoir été quelque temps collaborateur de Struve à la Sozialistische Volkszeitung de Mannheim, il s’établit à Francfort où il prit la tête du puissant Arbeiterverein qui comptait près de 2 000 membres et dont l’organe était la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Bien que les jugements de ses contemporains, ainsi que des historiens, soient fort divergents sur son compte, il reste incontestable que Esselen ait fourni à la classe ouvrière francfortoise, pour la protéger de tout abus du capital, un programme de revendications concrètes, notamment que le salaire minimum dût être obligatoirement le double de ce qui était nécessaire à l’ouvrier et à sa famille pour subsister. L’organisation du travail fut présentée comme « la principale tâche du siècle à venir » et la république comme la condition de la réforme sociale. La formulation de telles revendications devait évidemment provoquer un conflit avec le Sénat et il ne fut pas possible à Schlöffel d’obtenir du Parlement qu’il prît les choses en main ; la pression exercée par d’autres Arbeitervereine, comme celui que dirigeait Marx à Cologne, furent également sans résultat. Le journal d’Esselen disparut en juin 1848 ; lui-même, peu favorable à la construction de barricades, ne tenta pas d’utiliser l’insurrection de septembre. Poursuivi par la police, il s’enfuit à Genève, puis en 1852 aux États-Unis où il s’inscrivit au Parti républicain. Il fonda à Détroit la revue Atlantis dans laquelle il fit une analyse matérialiste et pessimiste des événements du monde. L’échec de sa revue lui coûta santé et fortune, si bien qu’il mourut miné en 1859, peut-être dans un asile d’aliénés.
Par Jacques Droz
SOURCES : M. Quarck, Die erste deutsche Arbeiterbewegung. Geschichte der Arbeiterverbrüderung 1848/49, Leipzig, 1924. — W. Schulte, Volk und Staat. Westfalen im Vormarzund in der Revolution 1848/49, Münster, 1954. — J. Droz, Les révolutions allemandes de 1848, Paris, 1957.