EWERBECK Hermann, August

Par Jacques Grandjonc

Né le 12 novembre 1816 à Dantzig, mort le 4 novembre 1860 à Paris (France) ; médecin ; propagandiste communiste.

Fils d’un professeur au lycée de Dantzig, Hermann Ewerbeck fît des études de médecine à Berlin où il fut reçu docteur en 1839. Il vécut cependant d’un petit héritage et semble n’avoir jamais exercé, si ce n’est au service de l’armée hollandaise. Après un détour par les Pays-Bas, peut-être même parles Indes néerlandaises, il arriva vers 1841 à Paris où il fut bientôt membre de la Ligue des justes. Il fit rapidement partie de son Comité directeur, affaibli par l’expulsion de Schapper vers l’Angleterre en 1839 et par le départ de Weitling pour la Suisse en 1841. Afin de faire connaissance avec le premier organisateur et le principal propagandiste de la Ligue, Ewerbeck se rendit en Suisse (1841) et à Londres (1842). Jusqu’en 1847, il fut le principal responsable de la Ligue à Paris (où elle avait conservé son siège clandestin), soumis à presque toutes les influences idéologiques du socialisme et du communisme français (Cabet), du communisme allemand des artisans (Weitling), du « socialisme vrai » (Hess*, Grün*), du marxisme naissant (Marx en 1844, Engels en 1846-1847). En 1844, il adhéra à l’Association des médecins allemands de Paris. Il participa à diverses publications dans la presse de l’opposition allemande et collabora à deux périodiques allemands à Paris avec Friedrich Mäurer, Blätter der Zukunft (1845-1846) et Pariser Horen (1847). Ayant pris position, en 1846, contre les socialistes vrais et étant lié au Comité de correspondance communiste, fondé par Marx et Engels à Bruxelles, il fut membre de la Ligue des communistes lors de la création de cette dernière à Londres, en juin 1847.11 publia cependant à la même époque une traduction allemande du Voyage en Icarie de Cabet, sous le pseudonyme de Wendel-Hippler.
Pendant la révolution de 1848, il fut secrétaire de l’Association allemande à Paris et collabora à la Neue Rheinische Zeitung de Marx ainsi qu’au Peuple de Proudhon. Délégué de l’Association parisienne, il participa au IIe congrès démocratique tenu à Berlin à la fin octobre 1848. En 1850, Ewerbeck se retira de la Ligue des communistes. Il fit paraître successivement, en français, trois ouvrages auxquels il travaillait depuis 1845 environ : des traductions de L’Essence du christianisme de Ludwig Feuerbach et autres écrits de l’école anthropologique allemande sous les titres Qu’est-ce que la Bible d’après la nouvelle philosophie allemande ? (Paris, 1850) et Qu’est-ce que la religion d’après la nouvelle philosophie allemande ? (Paris, 1850) ; puis L’Allemagne et les Allemands (Paris, 1851). Dans les deux premiers, il essayait de mettre à la portée du public français l’athéisme et le matérialisme issus de Feuerbach, dans le dernier, il présentait entre autres le communisme allemand comme initié par Cabet.
En 1853, Ewerbeck entreprit un voyage aux États-Unis, pour rendre visite à Étienne Cabet à Nauvoo. Il était de retour l’année suivante à Paris, apparemment ruiné, car il dut alors vivre de leçons de langue ; il fut un temps employé subalterne à la Bibliothèque nationale. Il paraît enfin avoir été tenté par le bonapartisme, sous l’influence de Moses Hess, vers 1859. II mourut à l’hôpital protestant allemand de Paris, totalement isolé, semble-t-il. Il était citoyen français depuis le 19 avril 1848.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216226, notice EWERBECK Hermann, August par Jacques Grandjonc, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 21 mai 2022.

Par Jacques Grandjonc

SOURCES : Der Bund der Kommunisten. Dokumente und Materialien (ouvrage collectif), 3 vol., Berlin, 1970-1984. — J. Grandjonc, Vorwärts 1844, Paris, 1974. — Lexikon, op. cit.

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