FICKLER Josef

Par Jacques Droz

Né 6 février 1808 à Constance, mort le 25 novembre 1865 à Constance ; militant et journaliste socialiste.

Né dans une famille considérée de Constance, mais que son père Jakob Fickler avait contribué à déclasser, Josef Fickler commença une carrière de commerçant mais s’orienta rapidement vers le journalisme. Après avoir écrit dans le Konstanzer Wochenblatt, il prit en 1837 la direction des Seeblätter libérales, qui se radicalisèrent à partir de 1842, date où il se vit interdire par les libéraux de se présenter au Landtag de Bade. S’appuyant sur une clientèle de paysans et d’artisans, hostile aux privilèges de l’aristocratie et aux restes du système féodal, il fit de ce journal l’organe redouté de la démocratie badoise, pour laquelle il trouva un appui — il était lui-même franc-maçon — dans les communautés catholiques-allemandes, très influentes dans la région de Constance. Sous sa direction, le journal prit une teinte hostile au libéralisme, coupable, selon lui, d’avoir sacrifié la liberté à ses préoccupations de jouissance. Il voyait le salut dans une forte éducation politique du peuple, auquel il fallait apprendre la résistance passive et le refus de l’impôt. Les Seeblätter avaient été en rapport avec la Rheinische Zeitung, que Marx publiait à Cologne en 1842-1843. Cependant, Fickler considérait la révolution comme impensable, vu l’état de faiblesse et d’ignorance où était encore la nation. Aussi son influence, qui avait été grande pendant le Vormärz, s’affaiblit-elle au cours de la révolution : s’il crut possible, lors de la réunion d’Offenburg de mars 1848, de proclamer la république, il conseilla la prudence à la suite des révoltes paysannes de l’Odenwald et des excès qui les avaient accompagnées. Son arrestation en avril, qui devait déclencher le soulèvement de Hecker, lui retira toute activité pendant la révolution. Libéré au moment de la campagne pour la Constitution du Reich, membre du gouvernement provisoire, il ne joua qu’un rôle effacé, fut arrêté de nouveau à Stuttgart et enfermé au Hohenasperg. Il n’a pas été clarifié pourquoi il ne fut pas livré aux autorités badoises, mais libéré. Par la Suisse, il gagna l’Angleterre où, aux côtés de son ami Arnold Ruge, il tenta de réconcilier les milieux de l’émigration. En 1852, il s’embarqua pour New York où il géra l’hôtel Shakespeare, lieu de réunion des exilés allemands ; mais, contrairement à ses compatriotes, il prit pendant la guerre de Sécession parti pour les États esclavagistes. Amnistié, il revint en 1865 à Constance où il mourut obscurément.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216232, notice FICKLER Josef par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 25 février 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : In Rastatt 1849,1853.

SOURCES : A. Diesbach, « Joseph Ficklers Rolle in der badischen Volkserhebung », in Badische Heimat, II, 1974. — N. Deuchert, Vom Hambacher Fest zur badischen Revolution. Politische Presse und Anfänge deutscher Demokratie 1832-1848/49, Stuttgart, 1983.

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