Par Jacques Droz
Né le 16 mars 1894 à Cologne, mort le 5 juin 1944 à Moscou ; militant communiste.
Fils d’ouvrier, riveur de formation, intégré d’abord dans des formations de jeunesse catholiques d’où il fut exclu, Wilhelm Florin entra en 1908 dans la SJB. Bien que blessé pendant la guerre, il fut intégré dans une compagnie disciplinaire. Membre de l’USPD en 1917, il passa en 1920 au KPD, suivi par beaucoup de ses camarades colonais. Membre du syndicat des métallurgistes (DMV), il fut expulsé, en 1923, par les autorités françaises d’occupation. Il n’en poursuivit pas moins sa carrière de militant du KPD, entra au Comité central dès 1924, au moment même où il était élu au Reichstag. Il appartint successivement à la tendance ultra-gauche de Ruth Fischer puis, après la « lettre ouverte », à la fraction Thälmann, dont il fut l’homme de confiance et qu’il appuya dans sa politique de bolchevisation du parti, tant contre la droite que contre les conciliateurs. Il exerça ses fonctions de Polleiter (leader politique), de 1925 à 1932 dans la Ruhr, puis dans la région Berlin-Brandebourg, où il succéda à Ulbricht. Depuis 1929, il était membre du Bureau politique du Comité central du KPD.
Après une courte période d’illégalité, Florin émigra à Paris en 1933, où il fut quelque temps chargé des affaires Scandinaves. Politiquement, il suivit d’abord la ligne gauche de Dahlem et Schubert puis, en 1935, lorsque le Komintern modifia son attitude lors du VIIe Congrès, se rallia à la politique du Front populaire, signant à côté d’Ulbricht et de Pieck la déclaration de l’hôtel Lutetia : évolution qui lui conféra une situation dominante dans l’Internationale communiste à la présidence de laquelle il siégea de 1935 à 1943, ainsi qu’à celle de la commission internationale de contrôle. En octobre 1939, dans le journal Die Kommunistische Internationale, il écrivit une apologie du Pacte germano-russe contre les démocraties capitalistes. Pendant la guerre, il participa à Moscou, dans le journal Freies Deutschland, à la propagande parmi les prisonniers allemands.
L’homme d’appareil qu’il avait été fut récompensé, lors de sa mort brutale en 1944, par l’ensevelissement de son corps dans le mur du Kremlin. Sa femme reçut en RDA des témoignages exceptionnels de reconnaissance et son fils Peter occupa de hautes fonctions à Berlin, au ministère des Affaires étrangères.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Wie stürzen wir Hitler ?, 1935. — Gegen den Faschismus. Reden und Aufsätze, 1986.
SOURCES : E. Trümpler, « " Die Sache der Arbeiter war seine Sache ". Wilhelm Florin », in Beiträge zur Geschichte der Arbeiterbewegung, 14, 1972. — Duhnke, KPD, op. cit. — Lexikon, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit. — Weber, Wandlung, op. cit.