FRITZSCHE Friedrich, Wilhelm

Par Jacques Droz

Né le 25 mars 1825 à Leipzig, mort le 5 février 1905 à Philadelphie (États-Unis) ; militant ouvrier proche de Lassalle.

Fils d’ouvrier, élevé dans la secte des « catholiques-allemands », Friedrich Fritzsche travaillait déjà à l’âge de neuf ans comme cigarier à Leipzig. Malgré une santé médiocre, il dut voyager pour gagner sa vie et après de dures épreuves fut recueilli par J.Ph. Becker et trouva du travail dans une usine de cigares à Bienne. En 1848, il combattit dans les corps francs en Schleswig-Holstein, puis sur les barricades de Dresde où il tomba entre les mains des Prussiens, mais une amnistie lui épargna la détention en forteresse. Il avait fait connaissance, pendant la révolution, de l’Arbeiterverbrüderung de Born. Établi à Leipzig comme cigarier, disposant d’un grand prestige à cause de sa participation aux événements de 1848 et de la publication du journal de sa corporation, Der Wanderer, il anima l’Arbeiterbildungsverein dont il voulait faire, comme Vahlteich, un organe politique indépendant de la bourgeoisie et dont il détacha la branche Vorwärts, qui demanda à Lassalle un programme politique. Fondateur de l’ADAV en mai 1863, membre de son Comité directeur durant plusieurs années, il se montra particulièrement intéressé par les questions syndicales et, hostile à la notion lassallienne de la loi d’airain des salaires, il s’occupa d’abord de l’organisation professionnelle des cigariers. Elle fut la première depuis la révolution de 1848 s’étendant à toute l’Allemagne et ce fut pour elle que Fritzsche créa le journal Der Botschafter (L’ambassadeur), la mettant en rapport avec l’ADAV. Puis, avec Schweitzer il réunit, en septembre 1868, un congrès syndical de l’ADAV à Berlin, qui divisa l’Allemagne en dix associations professionnelles (Fachschaften) dont il prit la présidence. Ses relations avec Schweitzer s’étant aigries, il se rapprocha en 1869 du camp des eisenachiens, sans toutefois entrer dans le parti. L’année précédente, la circonscription de Lennep l’avait envoyé au Reichstag de l’Allemagne du Nord, où il vota avec les lassalliens les crédits militaires en vue de la guerre contre la France, mais deux mois plus tard, devant le refus du gouvernement d’organiser un plébiscite en Alsace-Lorraine, il adopta la position inverse. Lors du congrès unificateur de Gotha (1875) où il joua un rôle important, il soutint la thèse d’une action syndicale nécessaire et à la suite de ce congrès, il présida la conférence des syndicats où il intervint en faveur de leur unification.
Élu triomphalement au Reichstag à Berlin, en 1877, il s’avéra un remarquable débatteur et s’intéressa essentiellement à la législation protectrice du travail. Lors du Sozialistengesetz, il fut expulsé de Berlin avec soixante-sept membres du parti ; il vint cependant siéger au Reichstag, Bismarck n’ayant pu obtenir des tribunaux sa condamnation pour « rupture de ban » (Bannbruck). Après le congrès du parti à Wyden, il partit avec L. Viereck pour les États-Unis, afin de recueillir de l’argent pour le soutien du mouvement ouvrier et en ramena treize mille marks. Lui-même émigra en 1881 et s’établit à Philadelphie où il mourut aveugle en 1905, non sans avoir rappelé dans un recueil de vers, Blutrosen, son itinéraire intellectuel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216242, notice FRITZSCHE Friedrich, Wilhelm par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 25 février 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : W. Conze, D. Groh, Die Arbeiterbewegung in der nationalen Bewegung, Stuttgart, 1966. — S. Na’aman, Die Konstituierung der deutschen Arbeiterbewegung 1862/63, Assen, 1975. — Osterroth, op. cit. — BLDG, op. cit. — Lexikon, op. cit.

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