GRZESINSKI Albert

Par Jacques Droz

Né le 28 juillet 1879 à Treptow (Poméranie), mort le 31 décembre 1947 à New York (États-Unis) ; ministre social-démocrate de Prusse.

Fils d’une domestique, Albert Grzesinski fit ses études primaires à Spandau et son apprentissage de métallurgiste à Berlin. Il se syndiqua dans la métallurgie à Offenbach où il entra au SPD (1898), puis à Kassel où, conseiller municipal, il se convertit à la politique de l’Union sacrée pendant la guerre. Membre du conseil des travailleurs et des soldats en 1918, élu en 1919 à l’Assemblé prussienne, il fit sa carrière de fonctionnaire d’abord au ministère prussien de la Guerre, puis dans les services de la police et devint successivement préfet de Police de Berlin en 1925, ministre de l’Intérieur de Prusse en 1926, succédant à Severing, pour revenir en 1930 à la préfecture de Police. Au cours de cette brillante carrière politique, il lui fut reproché par les communistes d’avoir, en septembre 1927, levé l’interdiction de parole contre Hitler et d’avoir en mai 1929, avec la collaboration de son adjoint, Cari Zorgiebel (1878-1961) noyé dans le sang la manifestation ouvrière du 3 mai 1929. Par contre, Grzesinski s’occupa activement de la démocratisation de l’administration prussienne, n’hésitant pas à révoquer les personnalités réactionnaires et élevant aux plus hauts postes des républicains, même s’ils n’avaient pas un cursus complet dans leur carrière de fonctionnaires. Il contribua donc à la républicanisation de l’État prussien, notamment dans la Police et l’administration, où soixante-deux sur quatre-vingt-dix Regierungspräsidenten se disaient ouvertement « républicains », moins profondément dans la Justice. Du moins a-t-on pu dire que de tous les hauts fonctionnaires de la République de Weimar, il fut celui qui eut au plus haut degré le sens de l’État.
Après la prise de pouvoir par Hitler, il émigra en Suisse puis en France. Conscient de l’ampleur de la défaite subie, il se montra très sévère à l’égard de son parti, tant dans sa déposition à Londres, lors du procès sur l’incendie du Reichstag, que dans les livres qu’il publia dans l’émigration : la tragi-comédie de la République allemande à Paris, et Inside Germany (1939) à New York. A Paris, il soutint énergiquement la tentative de Front populaire qui aboutit à la création du comité de l’hôtel Lutetia et signa l’appel commun du SPD et du KPD en faveur des républicains espagnols. L’autorité dont il jouissait dans les milieux de l’émigration lui valut d’appartenir au comité consultatif qui les représentait au ministère de l’Intérieur. Installé dès 1937 à New York, il s’inscrivit à la German Labour Fédération, dont il devint président, mais dont il n’apprécia pas les tendances conservatrices. Il contribua à fonder l’Association of free Germans et entra, en mai 1944, dans le Council for a Democratie Germany fondé par Tillich et qui collaborait avec les communistes, ce qui lui valut de vifs reproches de ses anciens amis. Aux États-Unis, il avait repris son ancien métier. Il allait rentrer en Allemagne quand il fut terrassé par une pneumonie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216270, notice GRZESINSKI Albert par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 27 février 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : F. Stampfer, Mit dem Gesicht nach Deutschland, Düsseldorf, 1968. — J. Radkau, Die deutsche Emigration in den USA, Düsseldorf, 1971. — A. Glees, « Albert C. Grzesinski and the Politics of Prussia 1926-1930 », in English Historical Review, t. 89, 1974. — J. Wetzei, « Monarchie gegen Hitler. Aus der Korrespondenz Otto Brauns mit Albert Grzesinski 1934-1936 », in Bär Berlin, Berlin, Bonn, 26,1977. — Osterroth, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.

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