Par Jacques Droz
Né le 14 mars 1876 à Grifswald, mort le 28 avril 1925 à Wiesbaden ; militant social-démocrate de gauche, puis de droite ; ministre de Prusse.
Né d’un médecin de la Marine dans une famille conservatrice, Konrad Haenisch eut une enfance difficile ; considéré comme fou au lycée de Greifswald parce qu’il partageait des idées socialistes, il fut gardé à vue puis enfermé dans des maisons de correction jusqu’au jour où il put s’enfuir de l’Institut Bethel à Bielefeld. Ce ne fut qu’à sa majorité, après avoir été commis de librairie à Leipzig, qu’il put bénéficier de la fortune paternelle, poursuivre des études à l’Université et collaborer à la Leipziger Volkszeitung. Très apprécié comme journaliste, il travailla à la Sächsische Arbeiterzeitung à Dresde où il connut Rosa Luxemburg et Karl Radek, à la Dortmunder Arbeiterzeitung qui soutint en 1905 la grève des mineurs dans la Ruhr. Il fut plusieurs fois arrêté, notamment à l’occasion d’un article injurieux, Ave, César, par lequel il avait en 1905 salué la visite de Guillaume II à Dortraund. En 1911, il fut appelé à la direction de la presse de propagande à Berlin, s’inscrivit à l’École du parti et fut en 1913 l’un des dix élus social-démocrates qui entrèrent au Landtag de Prusse alors présidé par son oncle, le comte Schwerin-Löwitz.
La guerre de 1914 devait faire de ce socialiste de gauche un partisan enthousiaste de la défense nationale. Arrivé à Berlin, le 2 août, dans la pensée de combattre la mobilisation, il fut entièrement retourné par la menace de l’invasion russe qui pesait sur la Prusse orientale. Auteur de divers ouvrages de propagande, Deutschland, Deutschland über alles et Die deutsche Sozialdemokratie in und nach dem Weltkriege (1916), il reconnut que l’économie étatique de guerre était le point de départ d’un socialisme égalitaire. Lorsque le docteur Helphand, avec lequel il était lié depuis longtemps, fonda Die Glocke, il y représenta la social-démocratie majoritaire.
Après la révolution de 1918, il fut désigné par le SPD comme ministre des Cultes en Prusse, mais l’USPD ayant adjoint à ce poste Adolf Hoffmann, des conflits surgirent entre les deux hommes. Haenisch conserva cependant ce poste dans les cabinets Hirsch et Braun. Son œuvre ne porta pas seulement sur l’éducation de la classe ouvrière, pour laquelle il créa une Académie du travail et des cours de formation syndicale à l’Université de Munster ; elle porta sur l’enseignement scolaire tout entier, disloquant le caractère autoritaire de la discipline, ramenant la religion à une matière facultative, associant les parents d’élèves à l’administration, développant le droit des écoles de se gouverner et de se discipliner elles-mêmes. Lorsqu’en 1922 il dut quitter le ministère, Severing le nomma président de la Régence de Wiesbaden, poste dont il fut démis par les autorités françaises lors de l’occupation de la Ruhr.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Staat und Hochschule, 1920. — Gerhart Hauptmann und das deutsche Volk, 1922. — Lassalle - Mensch und Politiker, 1923.
SOURCES : R. Sigel, Die Lensch-Cunow-Haenisch-Gruppe. Eine Studiezum rechten Fiügel der SPD im Ersten Weltkrieg, Berlin, 1976. — Lexikon, op. cit. — Osterroth, op. cit.