HAUBACH Theodor

Par Jacques Droz

Né le 15 septembre 1896 à Francfort, assassiné le 23 janvier 1945 à Berlin-Plôtzensee ; militant social-démocrate et résistant.

Élevé avec intelligence et tendresse par sa mère qui était Israélite, Theodor Haubach fit ses études avec Carlo Mierendorff au gymnase de Darmstadt. Volontaire au cours de la Première Guerre mondiale dont il revint avec plusieurs blessures et de hautes distinctions, il fonda à Darmstadt un groupe artistique, Die Dachstube (la mansarde) où il put exprimer, comme dans la revue de Mierendorff, Das Tribunal, ses orientations pacifistes. Comme son ami, il eut à souffrir du caractère réactionnaire et antisémite du corps universitaire. Tout en poursuivant ses études àl’Institut de politique étrangère de Berlin, il entra dans la rédaction du journal socialiste Hamburger Echo, pour lequel il écrivit des chroniques diplomatiques et fréquenta les organisations ouvrières de jeunesse, adhérant au cercle de Hofgeismar et organisant le Reichsbanner (Bannière d’empire), dont il devint le leader pour la Wasserkahte. Il était convaincu de la valeur de la discipline et de l’obéissance militaire, pensant que la social-démocratie avait beaucoup à apprendre de Rome et de Moscou ; son modèle était l’Autrichien Julius Deutsch. En 1928, Severing l’attira à Berlin comme attaché de presse, fonction qu’il continua à exercer après 1930 auprès du préfet de Police de Berlin, Grzesinski. Comme directeur du journal Das Reichsbanner, il fut avec Mierendorff et Höltermann l’un des rares socialistes qui eussent songé, en organisant le corps des Schufo (formations de protection social- démocrates contre les attaques nazies) et en inventant pour l’Eiserne Front de nouvelles formes de propagande, à une résistance armée contre le nazisme. Son souci méticuleux de l’organisation le fit surnommer der General par son entourage.
Après la prise du pouvoir par Hitler, il refusa d’émigrer en Suisse pour pouvoir travailler à la libération de Mierendorff et s’engagea quelque temps dans une société d’assurances. Plusieurs fois arrêté et incarcéré, mais plusieurs fois relâché, il finit par trouver, comme expert dans une affaire de matières premières, le moyen de multiplier les contacts avec la Résistance, notamment à travers Julius Leber, et, depuis longtemps intéressé par les problèmes religieux, il entra dans le cercle de Kreisau dont il représenta les tendances de gauche, mais qu’il mit en garde contre un rapprochement avec le communisme. Après l’attentat contre Hitler, il se réfugia dans la montagne bavaroise, mais revint aussitôt à Berlin où il fut arrêté. Il avait été désigné comme ministre de l’Information dans les listes qui circulaient dans l’entourage de Gœrdeler. Cependant aucune charge ne put être retenue contre lui et ce furent ses répliques au juge Freisler qui lui valurent la peine de mort. Il fut pendu le 23 janvier 1945 à Plötzensee.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216312, notice HAUBACH Theodor par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : W. Hammer (éd.), Theodor Haubach zum Gedächtnis, Francfort, 2e éd., 1955. — G. van Roon, Neuordnung im Widerstand, Munich, 1967. — Dorothea. Beck, « Theodor Haubach, Julius Leber, Carlo Mierendorff, Kurt Schumacher. Zum Selbstverständnis der « militanten Sozialisten » in der Weimarer Republik », in Archiv für Sozialgeschichte, t. 26,1986. — Osterroth, op. cit.

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